31 mars 2012

Vrac 33 - 1982


Un puerh brut de 1982, le vrac 33 de la Maison des Trois Thés, merci encore pour cet échantillon, Julien :)
Ces petites feuilles trentenaires ne dégagent pas un parfum extrêmement puissant, mais laissent tout de même échapper une fragrance de vieux bois à priori plutôt prometteuse.

Une fois plongées dans ma théière préchauffée, les feuilles révèlent un peu plus de détails dans la mesure où les notes vieillies, très dessinées, laissent tout de même transparaître d'autres choses, plus épicées, presque juvéniles.


Après deux rinçages express, la première liqueur est d'un acajou superbe, absolument translucide. En bouche, c'est moelleux grâce aux notes vieillies - gouleyant à souhait et presque onctueux - mais il y a aussi une attaque franche, directe, droite, peut-être due à un reste de verdeur mais en tout cas c'est loin d'être plat.


Ce n'est sans doute pas le plus complexe ni le plus raffiné des vénérables puerh que j'ai eu l'occasion de goûter mais cette dégustation s'est révélée très satisfaisante : c'est assurément un bon vieux puerh. D'autre part, j'ai été agréablement surpris de constater que cette "antiquité" m'a un peu fait oublier ma simili-désaffection des "vieux" puerh au profit des (très) jeunes.


Bref, un puerh que j'ai trouvé relativement simple dans le bon sens du terme, et que j'ai pris plaisir à boire sans chercher à le disséquer. De toute façon je ne suis pas qualifié pour cet exercice, qui d'ailleurs ne m'amuse plus vraiment.


Prendre le temps de déguster un bon thé, consciemment, sans rien faire d'autre ni de ses mains ni de son esprit, c'est déjà énorme et très difficile à réussir.

26 mars 2012

Mei Lan

Un échantillon de puerh from A. Hojo, qui sera tout indiqué pour accompagner la lecture du dernier article de David (lavoieduthé), mais également pour digérer (ou plutôt diluer) les doutes qui m'assaillent depuis quelques temps au sujet des puerh.
Ces quelques grammes de thé viennent donc de la boutique d'Akira Hojo, c'est un puerh brut de 2007. Je n'ai vraiment rien trouvé sur le net à propos de "Mei Lan" (ou plutôt si, mais rien qui ne me paraisse avoir un rapport direct avec le thé).

Les feuilles sèches ne m'apprennent pas grand chose : c'est à la fois une odeur de puerh "classique" et en même temps elle ne m'est pas particulièrement familière. Cela signifie peut-être qu'il ne vient pas du Lincang :)


Confirmation : une fois dans le zhong bouillant, ces 5,5g de puerh ne me rappellent rien de connu. L'odeur est intense, très évocatrice, les parfums sont très riches, mais c'est plutôt nouveau en ce qui me concerne. Bon, c'est bien un puerh, ça j'en suis sûr, mais c'est à peu près tout :)


Double rinçage express, première liqueur, première gorgée.
J'ai une insolite sensation de picotement, presque d'effervescence sur le bout de la langue à la toute première gorgée. La prise en bouche est rapide, agréable, douce mais avec juste ce qu'il faut de pêche pour ne pas rester sur une sensation trop onctueuse. C'est bien un bon puerh, brut dans les 2 sens du terme, mais remarquablement équilibré, homogène.


Au nez, que ce soit par rétro-olfaction ou dans le couvercle du gaiwan, il y a un gros quelque chose de fumé.  Il est fréquent que j'identifie une composante fumée dans les puerh, mais j'ai 2 fois sur 3 des gros doutes quant à la pertinence de mon analyse : il est très facile, surtout pour un amateur avec peu d'expérience, de confondre une fumée réelle avec un bouquet de parfums bois/camphre/épices ou je-ne-sais-quoi. Cette fois-ci, aucun doute pour moi il s'agit bien de fumée mais pas de celles qui pénalisent le rendu global. De toute façon, j'ai l'impression que je suis en train de déguster un puerh dont les points forts sont la présence, le dynamise en bouche, l'énergie dégagée par la liqueur, l'arrière-goût, mais beaucoup moins la densité et le raffinement des parfums.


La suite confirmera mes premières impressions (qui sont évidemment toutes personnelles) : un puerh étonnamment puissant en bouche (mais pas sur l'amertume), extrêmement vif et très très réussi de ce côté-là. Côté longueur en bouche, c'est long, c'est précis (en même temps c'est un peu le cheval de bataille de la maison), mais la fumée ressort un tout petit peu trop pour moi, au détriment des autres parfums "puerh", relativement absents ici.

Question à 2 yens : est-ce ce puerh a été stocké "sous vide" et si oui est-ce pour cette raison que malgré ses 5 années de vieillissement il n'a pas réussi à perdre cette composante fumée ? Troisième possibilité : ce n'est pas du tout, du tout de la fumée, et j'ai tout faux, sur toute la ligne. Au point où j'en suis, ce n'est pas du tout à exclure :)

24 mars 2012

Yama no Hibuki


Echantillon d'un futsumushi sencha 2011 de Fuji (préf. de Shizuoka), cultivar Yama no Ibuki, boutique Thés du Japon.


Sans doute le sencha de la sélection de Florent qui m'aura la moins convaincu. Ne ressemble pas vraiment à un futsumushi sencha (à relativiser tout de même : je n'en ai pas goûté des masses non plus).


Un sencha qui se boit tout seul mais qui ne m'a pas inspiré grand chose... J'ai bu beaucoup, beaucoup de futsumushi ces derniers temps. C'est peut-être l'overdose ?


Je lui ai trouvé tout au long de la dégustation un petit mais tenace arôme de riz blanc cuit. Ou une céréale cuite qui aurait des caractéristiques proches. Impossible de me défaire de cette sensation. 


C'est d'autant plus étrange que jusqu'à présent, tous les sencha de cette boutique étaient tout à fait à mon goût et me semblaient joliment homogène (comme s'ils avaient été sélectionnés en fonction de mes goûts personnels :).

Celui-ci m'apparaît comme un intrus. Je suis peut-être tombé sur un fond de sac (j'avais pas mal de miettes pour un futsumushi...) ou sur un mauvais jour pour moi.

Qu'à cela ne tienne, les premières récoltes 2012 se profilent, et j'ai encore de quoi tenir un bon gros mois. 

23 mars 2012

Kucong 2009

Kucong, 2009. C'est tout ce que je sais du puerh brut que je vais déguster : un nom et un millésime. La dénomination a peut-être un rapport avec la minorité chinoise du même nom, peut-être pas.


Je sais aussi que ce thé a été vendu par Olivier de puerh.fr, et que cet échantillon est arrivé chez moi récemment par les bons soins d'un amateur de thé très généreux que je remercie encore une fois :)
Bref, je ne sais pas grand chose de ce puerh, mais cela ne m'empêchera pas de le boire !

Les feuilles sèches - certaines à priori d'une taille assez respectable - offrent un parfum assez mordant, dans le bois et les épices, avec une touche de fumée.


Les premières liqueurs sont translucides, très pures, la présence en bouche immédiate grâce à une amertume bien présente. Ça me fait furieusement penser à un puerh de Bulang : des parfums assez peu prononcés, comme renfermés sur eux-même, limitant leur présence au strict minimum pour laisser toute la place à l'amertume et à la pureté de la liqueur.


La suite confirme plus ou moins les premières infusions : la liqueur fonce un peu et tend maintenant sur l'orangé ; tout en conservant un certain côté tranchant, on gagne un peu en moelleux (sans doute que le palais s'habitue) et du coup les parfums ressortent davantage mais pour moi ça sonne toujours clair et haut perché comme un jeune Bulang. Presque un petit côté métallique...

Honnêtement, je n'ai pas été ultra fan du début de cette dégustation, mais par la suite ce puerh a réussi à me ravir, pas au plus haut point mais suffisamment pour passer un bon moment en sa compagnie.

15 mars 2012

Yame Sencha


Voici la version printemps 2011 du Sencha de Yame sélectionné par Florent pour Thés du Japon. J'avais déjà présenté ici celui de l'année précédente, c'était d'ailleurs l'un de mes tout premiers thés japonais (^-^)


C'est toujours un futsumushi sencha (étuvage standard), c'est toujours un cultivar Yabukita (le cultivar ultra majoritaire au Japon : 80% de la surface cultivée), et il vient toujours de la préfecture de Fukuoka, sur l'île de Kyûshû.


Des très fines feuilles roulées en aiguilles, dans diverses tonalités de verts lustrés, dégagent un vif parfum de fraîcheur végétale, ainsi qu'une douce mais appuyée note de torréfaction.


Paramètres d'infusion : ~4g pour 80ml, 4 infusions (1min, une quinzaine de secondes, 30 secondes, 2 minutes) avec de l'eau de plus en plus chaude.

Je me suis vraiment senti "comme chez moi" lors de cette dégustation : tous mes repères sont intacts, je suis en terrain connu et à l'instant même où j'ai versé la première liqueur, je savais que je n'aurai pas de surprise, ni mauvaise ni bonne, d'ailleurs.


Liqueur limpide à la première infusion, puis chargée, trouble, à la seconde, puis s'éclaircissant à nouveau. Présence en bouche très ronde, douce et végétale à la première infusion, presque sucrée, puis s'aiguisant grâce à l'amertume lors de la seconde, pour finir par s'arrondir de nouveau. Parfums végétaux tout au long de la dégustations, notes de légumes, notes iodées.


Encore une fois dans la sélection de Florent, rien à redire sur la qualité de ce thé qui se révèle être une valeur sûre. Après plusieurs dégustations, il s'avère être relativement souple quant au mode d'infusion : son amertume me plaît lorsque j'infuse un peu plus (ou un peu plus chaud), et sa douceur me ravit dans le cas contraire.


Je n'ai que très rarement réussi à rater l'infusion de ce sencha de Yame, ce qui n'est pas forcément le cas avec tous les sencha. Cela dit, j'ai l'impression (peut-être à tort) que les fukamushi sencha sont un peu plus sensibles aux erreurs de préparation que les asmushi / futsumushi...

14 mars 2012

Tsukigase Zairai

Un échantillon du sencha "Tsukigase Zairai" de chez Hojotea (merci :)
Ce qui le démarque immédiatement des autres sencha que j'ai pu observer depuis que je suis tombé dans les thés japonais, c'est la forme des feuilles. Aucune commune mesure entre les fines aiguilles typiques des sencha et les grosses feuilles irrégulières de ce Tsukigase Zairai, jugez par vous-même :


Des feuilles imposantes, de formes variées, mais aussi des plus petites, mêlées à des brisures. Pas de lustre, couleur relativement claire. Cela ne ressemble définitivement pas à un sencha. Cela dit, mon expérience en thés japonais est très limitée donc cette apparence n'est peut-être pas si extra-ordinaire que ça.

L'odeur des feuilles, elle, est plus "classique" : un hi-ire très doux, une "végétalité" harmonieuse, ça sent le bon sencha. J'imagine que c'est un sencha faiblement étuvé (asamuchi) ?


Infusion 1 (~80°C/1min) : j'obtiens une liqueur d'un beau jaune/vert clair et translucide. La présence en bouche et le goût de ce thé sont surprenants : la texture est à la fois très douce et très grasse, presque pesante dans la mesure où j'ai presque le réflexe de mâcher cette liqueur avant de l'avaler. Paradoxalement, se mêle à ces sensations un sentiment d'onctuosité extrême. C'est vraiment épais en bouche, très arrondi, ça prend vraiment le palais de façon surprenante. Pour ce qui est des arômes, c'est évidemment très vert, mais c'est surtout une composante maritime assez poussée que je remarque. A vrai dire, cette première liqueur n'est pas impressionnante par ses arômes/saveurs, mais vraiment par sa présence en bouche, très inhabituelle.


Infusion 2 (~85°C/10sec), la liqueur s'assombrit légèrement et je retrouve quelque chose d'un peu plus "classique" en bouche : ça s'affine, s'aiguise, je peux presque commencer à deviner un début de pré-existence d'embryon d'amertume/astringence dans cette deuxième liqueur, ce qui était absolument in-envisageable à la première infusion. La présence en bouche et l'arrière-goût sont cependant toujours aussi superbes, et les arômes, les parfums de ce Tsukigase Zairai sont toujours relativement peu puissants mais cela ne nuit pas du tout (au contraire semble-t-il) à l'harmonie et à la perfection du rendu global. Miam, quoi.



Infusion 3 (~85°C/30sec) : ce Tsukigase Zairai Sencha poursuit sa mutation et une très fine amertume extrêmement appréciable se profile désormais nettement dans ma tasse. Cette évolution est vraiment enthousiasmante, c'est très réussi, j'aime beaucoup.


J'ai fait 3 autres infusions, longues (>2min), et avec de l'eau très chaude, pour épuiser définitivement ces feuilles qui, là encore de façon plutôt singulière pour un sencha, se sont déployées de manière volumineuse dans la théière, pour donner une masse de feuilles impressionnante.


Bilan très conluant, un superbe sencha, atypique, mais attention, la première infusion est pour le moins déroutante !