5 sept. 2012

à La Borne

J'ai eu l'occasion d'aller à La Borne cet été.
Je vous engage à faire de même si vous passez dans le centre de la France.


On y arrive par une très belle forêt, qui fait du bien au moral après la traversée des immenses étendues de céréales cultivées du Berry.

Contrairement à l'année passée, j'ai pris le temps de m'arrêter au centre de céramique contemporaine de La Borne. Un grand nombre d'artistes y exposent une multitude de céramiques, allant de la tasse à café la plus simple à la sculpture la plus abstraite. Prévoir au moins une bonne heure pour avoir le temps d'en faire le tour. Je n'ai pas osé y faire de photos, d'ailleurs je ne sais pas si c'est autorisé. Pour la peine, une autre photo de la forêt :)


Ensuite, j'ai rendu visite à David Louveau de La Guigneraye, le potier des potiers comme l'avait baptisé Michel François. Quel personnage ! Je me permets de citer Michel François qui lui-même citait Jacob Bodilly : "Cet homme a la Foi. La Foi est le mariage de la Joie et de la Force." 

La formule est vraiment excellente. De la Force, oui il en a à revendre. Le jour où je suis passé le voir, il s'apprêtait à passer sa deuxième nuit blanche. Entre la préparation du bois, l'extraction de la terre pour le tournage de la fournée suivante, la cuisson au gaz de la nuit précédente et l'enfournement à venir, les modifications de ses fours, ses nouveaux projets, il semble infatigable. Il m'avait tout de même concédé qu'il s’octroierait des micro sommeils lors de la cuisson nocturne à venir.

De la Joie, idem : quel enthousiasme ! Avec lui le thé est palpable, l'esprit du thé se matérialise dans ses pièces car lui-même vit le thé à l'état brut. Ce n'est pas un buveur de thé de salon qui déguste son breuvage préféré confortablement installé dans un fauteuil et qui l'accompagne, petit doigt levé, de savoureuses pâtisseries. Dans son atelier, le thé est plus spartiate, mais tellement vrai et authentique ! Il est support à la méditation, à l'échange, au partage, mais parfois aussi simplement à l'hydratation et au repos car son travail de potier est très physique (pour ceux qui ne l'ont pas vu, regardez-le préparer sa terre ici *, on est bien loin du pain de faïence vendu prêt à l'usage).

* Edit : la vidéo a malheureusement été supprimée depuis. 
Si jamais vous la retrouvez ailleurs, merci de me donner le nouveau lien :)

Tout comme l'année dernière, je n'ai pas osé faire de photos sur place, par contre j'ai fait des photos des quelques "souvenirs" que j'ai rapportés de son atelier :


Une grande tasse d'inspiration plutôt coréenne si j'ai bien compris, parfaite pour du thé vert. D'ailleurs les coulures à l'intérieur prennent tout leur éclat avec une liqueur verte, c'est sublime.


Ci-dessous, un chawan "nanban".



Une petite tasse avec beaucoup de détails, de couleurs et de craquelures.




Et, last but not least, une superbe petite théière (9cl) qui fait également des merveilles avec le thé vert. J'ai essayé de m'appliquer pour les photos mais elles sont encore loin de rentre justice à ces pièces. Mais bon, j'aurai sans doute l'occasion de les photographier à nouveau. ^^


Merci encore à David d'avoir pris le temps de me recevoir - avec autant d'égards, d'enthousiasme et de gentillesse - entre le déchargement du bois et l'opération d'extraction de la terre en forêt !

4 sept. 2012

Taishou 2012

Il y a un an et demi, je buvais mon tout premier "vrai" thé japonais, le Taishou de Yoshiaki Hiruma. Ce premier contact avait été pour le moins déroutant car non seulement je n'avais jamais goûté de "vrai" sencha auparavant, mais en plus mon baptême s'était fait avec un dosage "gyokuresque" : 4g pour 40ml, 50°C et 1'30.


Depuis ce premier contact avec les sencha, j'ai bien dû engloutir plus de 2 kilos de de thés verts japonais mais je dois dire que je n'ai jamais réitéré ce type de dosages un peu "extrêmes". Ayant un sachet de ce Taishou - version 2012 - sous la main, je vais donc me replonger dans le passé en infusant longuement ce Taishou bien dosé, avec peu d'eau et une température tiède.


C'est parti : préchauffage de la théière, 4g de thé 40ml d'eau à 50°C et 1'30" d'infusion.
Les quelques gouttes d'eau n'ayant pas été absorbées par les feuilles forment, une fois versées dans ma tasse, quelques centilitres d'une liqueur relativement claire mais loin d'être limpide. En bouche, je retrouve immédiatement les sensations éprouvées il y a plus d'un an : c'est très amer et très doux à la fois. Beaucoup de verdure dans ce concentré de sencha, beaucoup de parfums également. Très forte présence en bouche et un trop-plein de sensations pour moi.

Cette juxtaposition d'une forte amertume et d'une grande douceur me laisse perplexe. Il me faut garder la liqueur longtemps en bouche avant de l'avaler pour y trouver un peu de plaisir, je ne suis pas habitué à ce genre d'infusions et je dois dire qu'à priori je ne suis pas fan.


La seconde infusion, (50ml, 70°C, 30") est à peu près du même tonneau. Il y en a un peu plus à boire, mais de toute façon avec de tels expresso de thé, difficile d'en ingurgiter des litres.

J'en ai fait une troisième, plus courte, plus chaude et avec davantage d'eau, je me suis retrouvé avec des sensations un peu plus habituelles. Cela dit ce thé me semble avoir une forte personnalité : je l'ai testé avec plusieurs styles de paramètres et je n'ai pas encore trouvé la bonne manière de le préparer pour y trouver réellement mon compte. Manque d'expérience ? Thé atypique ? Sans doute les deux. Il est certain que c'est un Asamushi sencha qui sort de l'ordinaire. Son amertume est très rapidement mise en avant, quel que soit le mode de préparation, et ses parfums ne me sont pas familiers.


A vrai dire ce Taishou me laisse un peu perplexe. Comme quoi, une année et demi de consommation quotidienne de sencha ne m'a donné aucune clé pour comprendre celui-ci en particulier. Je n'aime pas vraiment le mode de préparation préconisé par son créateur, je ne suis pas non plus convaincu par les autres tentatives que j'ai faites. Un drôle de sencha...

2 sept. 2012

Master Luo's Long Jing #3


Troisième et dernier Long Jing de Master Luo, fabriqué le 10/04/2012. 
Les feuilles semblent plus imposantes que pour les 2 lots précédents. Leur parfum est superbe : moins fin que le #1, moins dense que le #3, une moyenne des deux en quelque sorte, en tout cas c'est très réussi.


Préparation rigoureusement identique aux deux précédents lots (même matériel, même eau, infusions identiques en température et en durée).


A vrai dire ces photos datent un peu et j'ai vraiment tardé à écrire ce petit billet... 
A matériel égal, ce Long Jing est vraiment très inférieur aux 2 précédents : présence et tenue en bouche moindres, il n'a ni la puissance subtile du premier ni la densité parfumée du deuxième. 


Ça reste évidemment un très bon Long Jing, bien meilleur que beaucoup de Long Jing "du commerce", mais il ne tient pas la route face à ses 2 aînés. Sauf que...
... sauf que je l'ai re-goûté avec une autre théière, acquise très récemment auprès d'un certain potier de La Borne, et que cette petite nouvelle a littéralement révolutionné les propriétés de cette liqueur de Long Jing (autres paramètres identiques). 

Il y a gagné en présence, en clarté, en luminosité. Les notes aiguës, auparavant un peu perdues au fond de la tasse, ont gagné en précision, et le rendu global s'en est trouvé grandement amélioré, y compris en longueur. 

J'aurais sans doute l'occasion de vous présenter prochainement cette petite nouvelle :)