22 juin 2013

Manma 2013


J'ai le plaisir de retrouver le Manma, un thé vert japonais de Yoshiaki Hiruma. Tout comme celui de l'année dernière, ce Manma se présente sous la forme de brisures, de feuilles plus grandes, de bouts de tiges, le tout dégageant une odeur très, très fraîche.


Dosage et infusion plutôt au feeling, je fais comme pour un sencha "normal", à vrai dire je me préoccupe de moins en moins des paramètres d'infusion. Quitte à me rater de temps en temps, je préfère me débarrasser de ces contraintes et faire confiance aux repères emmagasinés au cours de ma maigre expérience.


Première infusion, très trouble, d'une couleur indéfinissable, laisse plutôt songeur. Heureusement, je sais que pour ce Manma les sensations en bouche ne sont pas en rapport avec l'aspect visuel.


Étonnamment frais et léger en bouche, ce sencha tient toutes ses promesses. Consistant et très vert, frais et rond, j'aime beaucoup ce thé simple, mais redoutablement efficace.


Ci-dessus, la seconde infusion. On ne distingue plus du tout le fond de la tasse.


Rapport qualité / prix absolument imbattable pour ce thé singulier et attachant, un peu brut de décoffrage mais mais d'une fraîcheur incomparable : je crois que l'on est aux alentours de 5€/100g !

19 juin 2013

Ming Qian Cui Jian


Encore un autre thé vert sélectionné par Charlotte, il s'agit de nouveau d'un thé Ming Qian du Zheijiang, un certain Cui Jian (翠剑, épée de Jade). Regardez les feuilles de ce thé, leur petit nom est bien trouvé je trouve (et il aurait également tout à fait convenu au Kai Hua Long Ding).


Ces belles petites épées vert foncé, fines et précautionneusement travaillées, dégagent un parfum très frais, finement fleuri et auréolé d'une note de torréfaction douce, diffuse et chaleureuse. Infusion en gaiwan préchauffé, avec dosage au feeling et eau bien chaude mais pas bouillante. Dans l'ustensile de porcelaine préchauffé, c'est la fraîcheur du thé qui ressort, des notes végétales vivifiantes très agréables.


Comme j'en ai pris l'habitude avec les thés verts chinois depuis que je m'adonne à la sélection de Charlotte, je donne un premier bain aux feuilles avec juste assez d'eau chaude pour les recouvrir, puis je fais doucement tournoyer ces feuilles dans le gaiwan pour bien les imbiber, avant de compléter avec de l'eau chaude, et de laisse infuser sans couvercle.


La première liqueur, d'une pureté irréprochable, tient toutes ses promesses : beaucoup de fraîcheur, une belle fraîcheur végétale printanière, qui envahit la bouche avant de propager ses bienfaits au reste du corps.


Les fines notes florales me font penser à celles du Long Jing, et j'apprécie tout particulièrement les sensations qui surgissent sur le devant de la langue : une sensation dynamique, de renouveau, comme si les bourgeons constitutifs de ce Cui Jian avaient transmis leur énergie vitale à ma langue.


La seconde infusion est du même tonneau, un modèle d'équilibre entre la douceur apaisante, veloutée, feutrée et délicate d'un bon thé vert chinois et le côté vif, énergique, dynamisant d'un thé de printemps ultra-frais.


Rien à redire, j'aime beaucoup ce Cui Jian, et j'ai définitivement adopté ce mode d'infusion pour les thés verts chinois.


Troisième infusion, les bourgeons sont désormais bien gonflés, ils ont maintenant donné tout ce qu'ils avaient dans le ventre, et cette dernière liqueur, qui commence à tirer franchement sur le jaune, a un peu perdu de sa superbe. Les sensations en bouche sont différentes, le résultat est plus fondu, plus moelleux, mais toujours étonnamment frais et agréable à déguster.


Encore un thé vert chinois qui m'était totalement inconnu, encore une belle découverte, encore merci !

18 juin 2013

M. Feng 2013


Version 2013 (très attendue en ce qui me concerne) du maocha de Shuangjiang, produit par M. Feng. J'avais déjà parlé (avec enthousiasme) des millésimes 2010 et 2012 de ce même puerh en provenance du fin fond des montagnes du xian de Shuangjiang, et je suis ravi de goûter aujourd'hui ce puerh fraîchement produit.


Ce cru 2013 est visuellement tout aussi alléchant que ses aînés, et l'odeur des feuilles est déjà tout un spectacle : j'y retrouve le fruité que j'avais adoré dans les 2010 et 2012, mais sensiblement moins présent. Ici le fuit est partiellement remplacé par des notes épicées du registre animal : du cuir frais (neuf), du musc, et bien d'autres composantes que je suis bien incapable de détailler.


Quoi qu'il en soit, ça sent rudement bon. Je remplis généreusement - mais sans excès - un petit gaiwan, et je rince vigoureusement ces longues feuilles sombres mêlées à ces petits bourgeons blanchâtres finement torsadés. L'écume produite lors des deux rinçages est - d'après ce que j'ai compris - le signe distinctif d'une récolte de printemps.


Que vont donner, une fois humidifiées, ces très belles feuilles de maocha ? Sèches, elles offrent des parfums très complexes (en tout cas pour moi) : du cuir frais, du végétal, du bois épicé (santal ?), des fruits sucrés...


Dès que l'eau entre en jeu, les arômes évoluent vers quelque chose de beaucoup plus végétal genre légumes cuits, avec beaucoup de relief, une belle amertume, et l'équilibre se fait sur une base fraîche et verte.


Les liqueurs sont éclatantes, pures et brillantes, les feuilles redeviennent d'un vert très vif qui témoigne qu'il n'y a pas si longtemps, elles étaient encore sur l'arbre. Belle texture aux accents doux et sucrés mais néanmoins dotée d'une fine astringence dynamique et énergisante.


Dans le couvercle du gaiwan, les accents de torréfaction et les notes boisées se disputent le devant de la scène tandis qu'en coulisses opère la troupe des arômes verts et végétaux.


Belle longueur en bouche, forte présence et surtout cette personnalité très affirmée que je retrouve intacte dans ce millésime 2013 du maocha de Shuangjiang de M. Feng.


Certes, il gagnera sans doute à reposer un peu, quelques semaines voire un peu davantage, pour perdre un tout petit peu de sa verdure et gagner en maturité, mais je l'aime beaucoup tel quel. C'est rien de le dire !

17 juin 2013

Mei Jia Wu Long Jing


Ming Qian Mei Jia Wu Long Jing (Zheijiang, 2013)
"Théiers anciens"


Encore un thé vert chinois millésime 2013 en provenance de Charlotte, je vous conseille la lecture de son article à propos de ce même thé (mais de l'année dernière) : provenance, fabrication, le tout en photos.


Que dire de ce Long Jing ? Une bien belle cueillette tout d'abord, doublée d'un magnifique travail de torréfaction et de façonnage. Un modèle du genre, une qualité que l'on retrouve également au niveau de la couleur des feuilles et du parfum qu'elles dégagent. Dans le zhong chaud, c'est un vrai régal.


Dès la première liqueur, je me retrouve plongé dans l'univers du Long Jing. C'est un des thés verts chinois qui, je trouve, est le plus facilement identifiable (toujours d'après mes maigres connaissances sur le sujet).
Frais, léger, délicat, avec des notes de torréfaction très typées et une surcouche florale qui me fait systématiquement penser à la rose.


D'ailleurs je ne m'explique pas cette association d'idée avec la rose. Serait-ce le cas depuis que j'ai goûté le Long Jing à la rose de PostcardTea ? Quoi qu'il en soit je retrouve cette note florale dans l'intégralité des Long Jing que j'ai pu boire depuis. Encore une fois, difficile de faire la part des choses entre le ressenti, le souvenir du ressenti, le subjectif et l'objectif en terme de dégustation de thé.


Très bonne seconde infusion, l'amertume est bien présente sans trop dénaturer la finesse de ce thé. Les parfums s'expriment bien, c'est très frais en bouche, le côté bienfaisant du thé vert est ici vraiment palpable.


Pureté des liqueurs,
simplicité et bonheur de l'instant,
du thé, de l'eau chaude,
que demander de plus ?


Difficile de me prononcer sur ce Long Jing. Il est très bon certes, mais je suis bien incapable de me départir du souvenir du LJ#1 de Maître Luo (PostcardTeas, 2012). Un souvenir impérissable, qui s'est peut-être auto-alimenté au fil des mois pour devenir légendaire dans ma mémoire théistique, mais quand je me relis, je crois bien que non.


Je ne boude pas pour autant mon plaisir, et j'apprécie - en tout cas j'en ai le sentiment - ce Mei Jia Wu Long Jing 2013 à sa juste valeur, c'est-à-dire comme un petit trésor de verdure dont je salue la fraîcheur, et par lequel je rends hommage aux personnes qui l'ont fabriqué, et bien sûr à la nature qui l'a offert aux hommes.

14 juin 2013

Bi Luo Chun n°2


Encore un thé vert chinois de la sélection de Charlotte, cette fois-ci du Jiangsu. Ce Bi Luo Chun n°2 est - tout comme les 3 verts chinois précédents - issu d'une récolte Ming Qian. La cueillette est très belle, très fine : de minuscules bourgeons vert foncé entortillés, baignant dans leur duvet abondant.


Le parfum dégagé par les feuilles sèches est très fin, et offre comme ses congénères un subtil mélange de verdure, de floral, de torréfaction et de fruit.


Pour ce thé, Charlotte m'a conseillé de verser d'abord toute l'eau, puis seulement après, les feuilles. J'ai suivi ce conseil, mais je ne sais pas vraiment pourquoi le Bi Luo Chun a un traitement de faveur :)


Comme pour le Yun Wu, la première liqueur est troublée par le duvet des bourgeons, mais beaucoup plus intensément. Cette liqueur m'apparaît en bouche un peu surréaliste : elle laisse en effet une très nette sensation d'énergie tout le long de l'œsophage, ça résonne sur le palais et sur la langue, mais j'ai pourtant presque l'impression de ne pas avoir avalé de thé. Je n'ai qu'une infime amertume résiduelle, quelques notes végétales bien fondues, mais rien de vraiment tangible. C'est assez troublant.


La seconde infusion, débarrassée de la plus grosse partie des duvets, est beaucoup plus limpide dans ma tasse. En bouche, ce qui me marque c'est un mélange de fine astringence et d'amertume, une combinaison assez unique et réussie des deux. Je retrouve la belle énergie de la première liqueur, et j'ai là aussi toujours autant de difficultés pour identifier les parfums offerts par ce Bi Luo Chun.


 Encore une fois c'est paradoxal : la liqueur m'apparaît assez dense en notes aromatiques, mais je suis incapable d'en discerner ne serait-ce que les grandes orientations. Je reste un peu subjugué par le trio énergie/amertume/astringence, et je ne parviens pas à deviner le reste.


A côté de cet état un peu paradoxal, la liqueur est moelleuse, un poil sucrée surtout en fin de bouche, à dominante verte, c'est très rafraîchissant.


Lors de la seconde dégustation de ce thé (celle dont sont issues les photos de ce billet), je n'ai pas eu les mêmes sensations. J'avais utilisé pour cette deuxième rencontre bien davantage de feuilles et si j'ai gagné en puissance au niveau des arômes, en densité et en mâche, j'ai totalement perdu le côté un peu magique, presque irréel de la première dégustation.


Ce Bi Luo Chun n°2 est vraiment singulier : au regard des thés verts chinois précédemment testés, il fait un peu bande à part, insaisissable et quelque peu mystérieux. Tout va bien, j'ai encore de quoi faire plusieurs dégustations pour le tenter de cerner un peu mieux.

13 juin 2013

Kyusu





Tiantai Shan Yun Wu


Troisième thé vert chinois à faire les frais de mon insatiable curiosité et de mon inextinguible soif de verdure, encore un thé Ming Qian 2013, le Tiantai Shan Yun Wu, en provenance comme son nom l'indique de la montagne Tiantai (province du Zheijiang).


Yun Wu signifie nuages et brume, ce sont de bonnes conditions pour la culture du thé. Associé à un superbe terroir (au moins visuellement : regardez à quoi ressemble la montagne Tiantai), cela ne peut donner qu'un très bon thé vert à l'arrivée !


En tout cas, les fines feuilles d'un vert sombre et les bourgeons argentés et duveteux que j'ai sous les yeux sont très engageants. Le parfum qui s'en dégage également : une fraîcheur verte, des accents floraux, une torréfaction gourmande et pâtissière, et pas mal d'autres choses en filigrane, de subtiles fragrances que je n'arrive pas à cerner, mais ça fait partie du charme des thés verts chinois !


Infusion. Les feuilles, immergées dans le gaiwan non recouvert, dégagent un parfum de verdure sucrée comparable à certains sencha peu étuvés !


La première liqueur, très pure, d'un vert pâle, n'est troublée que par le fin duvet des bourgeons. Comme pour les deux thés verts précédents (Kai Hua Long Ding et Wu Yuan Ming Mei), je suis face à un océan de douceur et de fraîcheur, un petit concentré de printemps chinois.


C'est toujours aussi subtil dans le fleuri, à peine sucré, tout n'est que suggéré. Je ne peux m'empêcher de trouver des points communs avec les impressions que l'on peut ressentir à la dégustation de certains futsumushi sencha !


La seconde infusion est à l'avenant, si ce n'est qu'elle me semble plus incisive : l'énergie délivrée en bouche est bien plus marquée, la langue et l'avant du palais sont comme avivés par une énergie communicative et bienfaisante. La liqueur est cette fois d'une pureté sans faille, c'est vraiment beau. Il y a chez ce Tiantai Shan Yun Wu un petit quelque chose que je n'arrive pas à cerner et qui est surtout sensible dans l'arrière-goût. J'associe cette note inconnue à quelque chose d'animal, mais je ne parviens pas à en dire davantage.


Encore un thé vert chinois dont je n'avais jamais entendu parler, une petite pépite verte très gourmande, je remercie Charlotte de m'avoir permis de découvrir tout ça.


Et ce n'est pas fini !