23 juil. 2010

Or violet, Wang Bing 2009

Voici une galette de pu erh provenant de curieux théiers violets. Ce sont des théiers issus d'une mutation naturelle et assez rare du Camelia Sinensis, qui produisent des feuilles aux reflets violets très prononcés. Le Zi Cha (thé violet) m'était totalement inconnu jusqu'à la lecture de plusieurs articles d'Olivier Schneider traitant de ce sujet.

Voici une de ses photos d'un théier violet (avec son aimable autorisation) :


La famille Wang qui produit ce thé est basée dans le village de YiWu (situé dans la montagne du même nom), au sud de la province du Yunnan. J'espère bien avoir un jour l'occasion de visiter cette région du monde, et pas seulement pour le thé...
Les galettes "Or violet" sont produites artisanalement et en petites quantités. J'en ai acheté un tong (7 galettes ficelées dans du bambou) pour la naissance de mon premier enfant afin de faire vieillir ce thé une vingtaine d'année à son attention. Pour pouvoir le goûter sans attendre, j'ai pris une galette supplémentaire, que voici.


Tiens tiens, je remarque un p'tit bout qui semble avoir compris que cette galette lui était destinée... Hep hep hep, un peu trop jeune pour l'instant !



D'ailleurs, je me pose la question, à partir de quel âge peut-on faire goûter du thé à un enfant ??



C'est une galette qui sort de l'ordinaire de par sa couleur assez sombre, presque noire. Les feuilles et les tiges ont, en fonction de la lumière, des reflets violets, argentés, presque rouges... Très parfumée, cette galette est faiblement compressée (le pressage est réalisé à la main). Les feuilles, très fines et habilement travaillées, se détachent facilement, même à la main : inutile de "casser" un morceau de galette pour préparer son infusion.

Petit aparté : c'est la première fois que je vois une galette de pu erh sans Nei Fei.


Les feuilles sèches dégagent une bonne odeur de bois (qui me rappelle l'odeur du bois des crayons de papier) , d'épices, et de quelque chose difficile à définir, une odeur presque "humaine", comme musquée, une odeur de peau. Cela m'est confirmé lorsque je place les feuilles dans la théière préchauffée, à ceci près qu'une composante plus "animale" ressort davantage (quelqu'un qui se reconnaîtra dirait que ça sent le cheval :).

Je dose généreusement dans ma petite théière à sheng (je suis obligé de casser volontairement certaines feuilles et tiges pour pouvoir les rentrer dans ma théière), rince une fois, et hop, première infusion.

Cette première infusion a un rendu très fin en bouche, pas très puissant mais d'une grande pureté. Translucide avec des reflets dorés, la liqueur laisse dans le nez une sensation épicée, le tout est vraiment gourmand.

Une très légère amertume arrive avec la deuxième infusion pour accompagner la montée en puissance des arômes. Tout le palais ainsi que la gorge sont enveloppés par cette liqueur très douce et qui, bien que très typée jeune pu erh cru, a quelque chose de vraiment personnel. L'odeur résiduelle dans la tasse vidée encore chaude est presque envoutante.

Lors des infusions suivantes, la liqueur fonce et les arômes continuent de gagner en force et en précision, l'arrière goût est de plus en plus prenant. C'est puissant, équilibré et réellement agréable en bouche. Bref, j'aime.

J'ai fait une petite dizaine d'infusions, il faudra là encore que je fasse d'autres essais avec ce thé mais je suis conquis, et impatient de voir comment ce thé aura évolué d'ici une petite vingtaine d'années.

Dans la théière, les feuilles sont magnifiques. Certes, il y a pas mal de tiges, mais on retrouve de grandes feuilles intactes qui gardent ici et là quelques traces des reflets violets qui ornaient les théiers lors de la récolte.

14 juil. 2010

Tai Ping Hou Kui 2010



Prononcez "taille ping rou coui" ou quelque chose comme ça pour ce thé vert dont le nom signifie "Roi des singes de Taiping". Ce thé a été martelé, ce qui lui donne cet aspect gauffré qui m'intriguait depuis un bon moment.

Celui-ci vient du Palais des Thés, j'ai eu de bons échos sur ce cru 2010 qui est arrivé il y a peu dans les boutiques de cette chaîne de magasins qui propose des "Thés rares et éphémères" parfois intéressants.

Le contenu du sachet n'est pas vraiment homogène : des feuilles immenses, des miettes, des feuilles non travaillées, d'autres sont pliées et martelées, le tout dans des couleurs allant du vert bouteille au jaune doré.

Au nez, ça ressemble beaucoup à un Long Jing, ce qui est certain c'est que ce thé vert sent très bon et me semble plutôt prometteur.

Je le dose très largement dans mon zhong.

Sous vos yeux esbaudis, un embryon de magnifique Cha Xi, mêlant au petit bonheur la chance harmonieusement un Cha Bu essuie-main Ikéa précieux en soie sauvage et une orchidée banale qui a bien souffert de la chaleur rarissime prélevée dans une jungle sauvage et inexplorée.
Que de chemin il me reste à parcourir pour prétendre approcher les magnifiques Cha Xi que l'on peut voir sur certains blogs...



Les trois infusions réalisées m'ont offert une belle liqueur vert clair tirant beaucoup sur le jaune, le bouquet aromatique est harmonieux et complexe : notes légères de torréfaction (pyrogéné), végétal et marin à la fois, avec aussi des notes fleuries et parfois presque fruitées. Bonne longueur en bouche et très belle présence dans le nez.

Très souple et vraiment un plaisir à boire, ce thé m'a procuré un moment de calme et de douceur en cette matinée pluvieuse.

Conclusion : un très bon thé vert tout à fait à mon goût, qui rejoint le Long Jing dans la liste de mes thés vert favoris.



13 juil. 2010

Blind test #3

Le troisième des échantillons "mystère" glissés par Olivier dans ma dernière commande est vraisemblablement un pu erh cru en vrac. Autre possibilité : un pu erh cru compressé qui a été soigneusement émietté car de nombreuses feuilles sont intactes.
Ces dernières sont joliment travaillées, d'un beau vert foncé (sur les photos, les couleurs sont faussées par la lumière du soleil couchant), et contiennent bon nombre de bourgeons.



Du fait de leur séjour dans un sachet plastique, les feuilles sèches n'ont pas une odeur très forte. En revanche, placées dans la théière préchauffée, je distingue de belles notes boisées qui sont mêlées à des notes presque animales, ainsi qu'à autre chose que je ne saurais pas vraiment définir, mais qui est inhabituel dans un pu erh sheng. Le tout est assez doux, très parfumé.



Rinçage, et première infusion assez courte : la liqueur, d'un jaune doré assez pâle, tire un peu sur le orange. Au goût, je retrouve des notes de légumes cuits assez proches de celles qu'on peut retrouver dans certains thés verts, mais ça tire aussi et surtout vers le bois, les épices, et toujours ce petit quelque chose d'indéfinissable... Le tout est bien équilibré, mais pas très puissant en bouche.

La deuxième infusion vire davantage sur le orange et affirme nettement le goût de ce thé : les arômes enveloppent la langue, le nez et descendent dans la gorge accompagnés d'un astringence discrète qui participe à laisser une impression de fraîcheur bien agréable.

La troisième infusion est un peu faible, j'augmente sensiblement la durée pour la numéro quatre.
Cette fois, je dois dire que ça se boit vraiment tout seul : c'est parfait. A la fois léger, vert, aérien, avec un arrière-goût bien présent et assez long, tout à fait à mon goût ! J'imagine qu'avec quelques années d'expérience en plus, j'aurais pu obtenir ce résultat (voire mieux) dès la première infusion...

Cinq et six (toujours en augmentant les durées) : c'est toujours très très bon. C'est un remarquable jeune pu erh (peut-être pas si jeune que ça d'ailleurs, difficile à dire). C'est assez délicat pour moi de comparer avec d'autres sheng vu ma maigre expérience, mais il est - par exemple - sans aucun doute bien meilleur que la brique d'hier, et peut-être bien également que ma galette de Yong De 2006 qui me sert plus ou moins de référence : plus sage, plus précis et plus élégant.

Septième : toujours très agréable même si un légère baisse des arômes commence à se faire sentir.

Huitième infusion (on arrive à la dizaine de minutes) : ça devient moelleux, presque sucré. Moins épicé que les précédentes, mais toujours aussi frais, un peu liquoreux. Miam.

Neuvième infusion (un bon quart d'heure) : un peu douceâtre, plus vraiment d'arômes, c'est terminé. Je reste néanmoins sur une très bonne impression avec ce thé, qu'il va falloir que je re-goûte prochainement en le dosant peut-être un peu plus largement pour me faire une deuxième idée.

Dans la théière, j'ai retrouvé un peu de tout : de superbes bourgeons intacts, des brisures, des grosses tiges, de beaux morceaux de grandes feuilles ainsi que des feuilles entières. Pas de photo, il fait nuit, et je vais maintenant passer à la partie la moins agréable de la dégustation : la "vaisselle".

12 juil. 2010

Ming Qian Chun Cha 2008



Voici une petite brique de pu erh cru que j'ai déjà goûtée des dizaines de fois en set à déguster sur mon lieu de travail.
Je l'apprécie beaucoup en tant que pu erh de consommation quotidienne : arômes plaisants, liqueur agréable en bouche et très bon rendu en rétro-olfaction. Je le trouve cependant un peu limite au niveau de la longueur en bouche : l'arrière goût est un peu léger et s'estompe rapidement.
Un petit test en théière va peut-être me permettre de réviser mon jugement.



La brique est assez peu compressée et il est très facile d'en extraire un morceau sans trop casser de feuilles. Celles-ci, finement entremêlées, se déclinent en plusieurs couleurs, et accompagnent de nombreux bourgeons duveteux. Le parfum exhalé par les feuilles sèches est assez ténu comparé à d'autres pu erh crus, y compris lorsqu'un bloc de thé est placé dans la théière préchauffée. C'est un peu épicé, légèrement boisé et assez végétal (genre odeurs de moisson, de foins fraîchement coupés).



Une fois rincée et infusée en théière, cette brique Ming Qian Chun est finalement assez proche du rendu en set à déguster, si ce n'est que les arômes sont un peu plus concentrés, sans pour autant générer plus d'amertume. Cette dernière est omniprésente au fil des infusions, mais pas désagréable. Elle accompagne les arômes du thé et permet à l'arrière goût de descendre dans la gorge au fil des infusions.
Cet arrière goût est cependant assez peu persistant, et le tout manque quand même un peu de relief. C'est un peu plus monotone que d'autres pu erh jeunes que j'ai eu l'occasion de goûter précédemment (ceci dit, ils ne sont pas si nombreux que ça...)

Au fil des infusions, la liqueur fonce et passe du jaune doré à l'orangé, et reste très limpide, très souple en bouche.



J'ai acheté cette brique en 2 exemplaires : la première, déjà bien entamée, va être consommée dans les prochains mois et je compte faire vieillir sa petite sœur quelques années pour voir ce qu'elle donnera dans le futur.

C'est un thé que je bois très régulièrement avec beaucoup de plaisir, et compte tenu de son prix très raisonnable, je dois dire que c'est un bon plan pour disposer d'un thé à boire quotidiennement.