30 sept. 2010

Maocha de Lincang

C'est le tout premier Maocha que je bois. Celui-ci a été ramené de Lincang par Olivier qui m'en a glissé un échantillon dans ma dernière commande.
C'est un Maocha "surprise", autant dire que je ne sais pas grand chose à son sujet.


Il sent extrêmement bon. Que ce soit dans la jarre, dans le zhong préchauffé ou encore dans le couvercle du zhong au fil des infusions, les parfums sont prometteurs et aiguisent les sens, me font presque saliver !

Je ne sais pas vraiment comment doser ce thé. J'utilise mon zhong que je remplis un peu au pif. C'est un thé très volumineux donc je remplis le zhong au maximum sachant que cela représentera peut-être au maximum un tiers de mes dosages habituels de puerh crus (en poids).

Je vous laisse admirer les feuilles :


Rinçage express pour réveiller les feuilles et profiter encore une fois de leurs parfums, puis première infusion.
J'infuse une bonne trentaine de secondes, mais ce n'est pas suffisant : la liqueur est très peu colorée, et les arômes, bien que très subtils, ne s'expriment pas vraiment en bouche. Cela ne ressemble presque plus à du puerh. Il faut infuser davantage !

Du coup, la deuxième infusion, qui sera la meilleure, dure 2 ou 3 minutes (au pifomètre). Une belle amertume saisit la bouche, un peu style Bulang mais en moins traumatisant, les parfums sont bien là cette fois-ci.
Ce thé a un pouvoir de diffusion exceptionnel : langue, palais, gorge, fosses nasales, sinus, œsophage, poumons, arrière du crâne... l'ensemble du corps est parcouru par une vague de chaleur bienfaisante. Cette faculté est sans l'ombre d'un doute rendue possible par l'amertume, quand même assez présente sur cette infusion. Je vais finir par aimer les thés amers :)


Troisième et quatrième infusions : plus mitigées, avec des arômes en baisse et une liqueur qui faiblit dramatiquement malgré l'augmentation des temps d'infusion.

Je me demande si j'ai procédé comme il faut avec ce maocha.
Faut-il doser davantage ? Si oui, alors il va falloir tasser (et casser) les feuilles !
Peut-être faut-il le boire "à la paysanne" dans un verre ?
Faut-il (peut-on) infuser ce thé plusieurs fois ?
Finalement, peut-on faire un gong fu cha avec du maocha ? Pas sûr.

Je suis preneur de toute information susceptible de m'aide à tirer le meilleur parti de ce maocha très prometteur.

Les feuilles... sublimes. Intactes. Pour le coup on voit bien qu'elles n'ont pas été abîmées par la compression !


21 sept. 2010

Mansai 2010 - Essence Of Tea


Encore un puerh 2010 d'Essence Of Tea, encore un thé issu de théiers multi-centenaires.
Il fallait être motivé pour aller acheter du thé dans ce village de Mansai, perdu au sud de la région de Bulang : il est entouré de montagnes infranchissables d'un côté et d'une rivière qu'il faut traverser sur un pont en cordes de l'autre.

Cette situation géographique un peu extrême explique que les feuilles soient un peu brisées à l'arrivée : << The maocha for this cake is a little more broken than is ideal, due to the 4km carried by hand and 7km by motorcycle before it could be loaded into a 4x4. >>

Encore une fois, des infos et des photos sur le site d'Essence Of Tea.


Cette galette dégage un très bonne odeur fraîche mais bizarrement les parfums ne sont pas très puissants (cette impression ne se vérifiera pas une fois les feuilles mouillées). Belle proportion de bourgeons, et surtout (ce qui est plutôt inhabituel), la gamme de couleur des feuilles est assez vaste.


Lorsqu'on la manipule, cette galette donne vraiment une impression de qualité. Je ne sais pas si le pressage a été manuel mais elle est plutôt facile à "dépiauter".

Dans le zhong chaud, c'est très très parfumé, vraiment agréable. J'ai beaucoup de mal à comparer avec la Bangwai (il faudrait avoir les deux à portée de nez en même temps pour se faire une idée plus précise), mon odorat trouve rapidement ses limites.

J'ai infusé ce thé un grand nombre de fois (peut-être une douzaine) ; il est assurément très endurant. Pas d'astringence, une bonne amertume (ni trop ni pas assez, de celles qui font que les arômes du thé sont magnifiés et se prolongent en bouche), et une belle complexité en bouche et surtout au nez : j'ai trouvé ce puerh beaucoup plus spectaculaire en rétro qu'en bouche : des parfums exceptionnels.


En fonction des durées d'infusion, il peut devenir un peu "râpeux" sur la langue, c'est sans doute la contrepartie d'un thé plutôt "costaud", avec beaucoup de matière.

L'arrière-goût est long et puissant mais reste assez doux dans la bouche et dans la gorge. Une belle structure en bouche, un rendu homogène et toujours plaisant, c'est assurément une galette qui me plaît beaucoup.

La note de fumé, mentionnée sur le site, est à vrai dire très très légère (en tout cas pour mon palais encore bien limité) et je ne sais pas même si je l'aurais détectée sans l'avertissement de Nada...

Pour finir, je dirai que ce thé est particulièrement énergique et tonifiant : évitez d'en boire le soir... en tout cas moi j'éviterai la prochaine fois :)

17 sept. 2010

Bangwai 2010 - Essence Of Tea


Deuxième des 5 galettes de puerh cru 2010 d'Essence Of Tea que j'ai stockées : la galette Bangwai.

Encore une fois, on peut voir avec plaisir quelques photos des théiers (300 à 500 ans d'âge) d'où sont issues les feuilles qui composent entièrement cette galette sur le site d'Essence Of Tea.
Ces galettes ont été faites 100% à la main, y compris le pressage : "entirely handmade - picking, kill-green, rolling, drying and pressing of the bings".




Vous aurez remarqué que cette fois-ci, j'ai lu le descriptif du thé avant d'infuser... pour ne pas me faire surprendre comme avec la Bulang... ça m'a servi de leçon :)

Les feuilles semblent plus fines et plus entremêlées que la Bulang justement. L'odeur est plus franche, plus épicée (dans le sens "relevé"), plus fraîche aussi. L'odeur qui se dégage de cette galette m'est plus habituelle que pour la Bulang, ça ressemble davantage à ce que j'ai l'habitude de retrouver dans un très jeune sheng.

Les feuilles (dosées "classiquement") dans le zhong préchauffé ont une franche odeur de bois sec mêlée à d'autres parfums toujours boisés. Là encore, j'ai une sensation familière.

#1 (15") : Le thé a une présence immédiate en bouche. Une fine amertume cueille la langue doucement et équilibre harmonieusement les arômes du thé qui, bien qu'ils ne soient pas encore totalement exprimés, sont déjà bien là.
Très belle liqueur couleur or, limpide.


#2 (15") : C'est très bon, ça me fait penser à ma galette Yong De (montagne Min Feng). Est-ce que le village de Bangwai est dans le même secteur ? Aucune idée. Si ça se trouve j'ai tout faux. Il y a pourtant bien un petit air de famille... De toute façon je ne sais pas où se trouve la montagne Min Feng :)
En tout état de cause les parfums arrivent en force, l'amertume est à sa place, c'est puissant, l'arrière-goût est dynamique, long mais pas agressif. J'aime.

#3 (30") : Très très bon ; pour chipoter je dirais que ça manque un peu de relief, de surprise, mais c'est vraiment histoire de trouver quelque chose à redire. Cette infusion plus "poussée" que les précédentes accentue un peu l'amertume mais celle-ci ne dénature pas pour autant les arômes. La liqueur reste puissante, mais douce et veloutée.

#4 (40") : Une acidité un peu dérangeante sur l'extrémité de la langue... peut-être dûe à une interruption d'une heure entre les infusions 3 et 4... à voir.

#5 et 6 (45" et 50") : La liqueur devient franchement orange, et également beaucoup plus "chargée" en bouche. Elle accroche davantage, il y a beaucoup de matière, elle est un peu plus lourde et épaisse ; comme une pellicule de puerh qui tapisserait la langue et le palais. Le goût et l'arrière-goût restent excellents.

#7 et 8 (>1') : baisse de puissance des arômes, petite astringence.

#9 et 10 (5' env.) : le thé finit sa course dans des notes sucrées, il retrouve son velouté et sa douceur, les arômes ne sont tout à fait hors jeu, mais bon, ça se termine.

#11 (>5') : [allez, une petite dernière] ... C'est vraiment la fin. N'étant pas fana des infusions de plusieurs heures et de thé tiède ou froid, je m'arrête là !


C'est un thé très dynamique, avec un profil changeant au cours des infusions, très intéressant et tout à fait à mon goût. Un tout petit peu plus endurant, et ce serait parfait !
Cette galette est assurément très bonne - je dirai même excellente - à boire tout de suite. Pour le vieillissement, RDV dans 5 ou 10 ans, mais je ne suis pas certain qu'il m'en restera...


13 sept. 2010

Bulang 2010 [suite]

Suite à mon dernier billet et à la lecture des commentaires qu'il a suscité, il fallait vraiment que je refasse un essai avec cette galette de Bulang pour ne pas en conserver un souvenir trop amer.
Ce qu'il eût fallu que je sache avant de la goûter la première fois, c'est que les vieux théiers de Bulang produisent un thé très fort, très amer.
D'ailleurs si seulement j'avais pris la peine de lire la description de ce thé sur le site web d'Essence of Tea, cette déconvenue m'aurait été épargnée :

<< From the same trees as last year's production, this tea displays many of the same characteristics. Very strong, very bitter and to be treated gently. >>

Très fort, très amer. Oui oui, je confirme. Un thé à traiter avec douceur. C'est noté.

<< This tea performs excellently when brewed with around half the leaves normally used. It does not need to be brewed strong to be enjoyed. >>

Un demi-dosage donc. C'est parti.

<< This tea is 100% ancient arbor, from 600-800 year old trees. >>

Un thé 100% arbres anciens, de 600 à 800 ans d'âge. Des photos disponibles sur le site. C'est toujours agréable d'avoir plein d'infos sur le thé que l'on s'apprête à boire !

<< The strong bitterness changes quickly in the mouth, leaving a very long huigan and a hit powerful youthful qi. >>

C'est cette phrase qui m'a motivé pour un deuxième essai : la forte amertume doit changer rapidement en bouche et laisser un très long arrière-goût. Lors de mon premier essai, j'ai effectivement pu constater une très bonne longueur en bouche, mais où dominait cette amertume écrasante. L'objectif d'aujourd'hui est donc de découvrir ce qui se cache derrière !


L'amertume ne me dérange pas, au contraire : c'est une saveur qui permet de mettre en valeur les arômes du thé et ses autres saveurs, mais pas seulement. J'aime cette saveur pour elle-même, lorsqu'elle fait partie d'un ensemble bien équilibré et harmonieux, mais pas lorsqu'elle est à ce point envahissante et qu'elle attaque "physiquement" l'ensemble de la bouche.

Je veux bien admettre que les vieux théiers de Bulang ont une amertume qui leur est propre et qui diffère de celle que l'on rencontre habituellement dans les jeunes puerh, mais j'ai du mal à concevoir qu'il y ait sur cette planète des individus qui apprécient le breuvage imbuvable que j'ai pu "déguster" lors de ma première tentative !

Je dose léger, en zhong, et j'utilise de l'eau un peu moins chaude que d'habitude. Un petit rinçage, et c'est parti.

Infusions 1 et 2 (15 à 20") : dans le couvercle du zhong, c'est assez parfumé mais je retrouve les arômes - inédits pour moi chez un jeune sheng - que j'avais décelés hier.
L'amertume est bien là, mais très faible. C'est bien la même qu'hier, mais elle est en retrait. De même que les arômes d'ailleurs, l'infusion était peut-être un peu courte pour le coup. En tout état de cause, ceux-ci sont plutôt plaisants, surtout en rétro. C'est presque agréable à boire, peut-être faut-il un peu de pratique pour appréhender cette amertume si particulière.

#3 (30") : comparé à hier, c'est tout à fait buvable. Particulier, mais buvable :)

#4 (>1') : les arômes augmentent en présence et en précision, sans pour autant que l'amertume ne soit accentuée, ou alors c'est que mon palais commence à être anesthésié !

#5 (>2') : Même constat. L'amertume ne m'est plus autant désagréable, les parfums sont là, mais de là à dire que je bois ce thé avec beaucoup de plaisir... En tout cas je ressens bien le "youthful qi" dont parlait Nada...

Une petite pause, pour refaire chauffer de l'eau et rincer ma bouche (avec un carré de chocolat, mes papilles réclament du sucre :)

#6 et 7 (>5') : + de cinq minutes d'infusion, je me rapproche de l'infusion "à la paysanne" décrite par Olivier dans son commentaire d'hier :)
La liqueur passe du jaune à l'orangé.
Les premières gorgées sont plutôt bonnes je dois bien l'avouer. C'est subtil, frais et long en bouche, et je commence à me faire à l'amertume. En revanche, sur la longueur ça devient un peu raide : l'exposition répétée et prolongée du palais et de la langue à cette amertume est difficile au bon d'un moment...

Je m'arrête là pour aujourd'hui.

Bilan sans aucune commune mesure avec la session d'hier, je découvre que l'amertume si violente de ce thé peut être apprivoisée, et il y a sans doute moyen de faire encore mieux avec d'autres expérimentations.
Une chose reste néanmoins certaine : ce n'est pas un thé que je vais boire régulièrement dans les mois à venir ; je vais certes le retester différemment, mais je pense plutôt l'oublier au moins un an ou deux pour le laisser s'assagir... (en croisant les doigts).

Cette galette est décidément pleine de surprise et n'a rien de commun avec les jeunes (ou très jeunes) sheng que j'apprécie ordinairement. Comme quoi, le monde du pu erh est extrêmement vaste et je n'en suis qu'au début de mes découvertes.

11 sept. 2010

Bulang 2010 - Essence Of Tea


Cette galette fait partie des 5 galettes du cru 2010 des puerh d'Essence Of Tea dont j'ai fait l'acquisition. C'est la première de cette série que j'attaque aujourd'hui et c'est plutôt prometteur : odeurs alléchantes, belle qualité de feuilles allant du bourgeon blanc aux différents verts, pressage raisonnable qui autorise l'extraction d'un bloc sans avoir recours à la scie...

Je vous laisse voir ça de plus près avec quelques photos :




Le Nei Fei est caché dans cette image.
Si bien caché qu'au déballage j'ai cru un instant que cette
galette en était dépourvue...


Dans la théière préchauffée, l'odeur dégagée par les feuilles ne m'est pas vraiment familière. Ça ressemble quand même à un jeune sheng, mais c'est différent des autres puerh de l'année que j'ai eu le loisir de goûter jusqu'à présent : moins chaleureux, un peu violent et acide au nez, des parfums assez peu prononcés...

Rinçage, infusion, argh ! C'est imbuvable.

J'ai pourtant dosé normalement, infusé très brièvement, je ne comprends pas ce qui se passe : une amertume très très envahissante, qui saisit immédiatement et irrémédiablement le fond du palais et la base de la langue, qui annihile complètement tous les parfums que ce thé peut (doit ?) avoir à exprimer.

C'est la première fois que je vois ça. Même les infusions "ratées" de jeunes puerh un peu fougueux paraissent fades à côté de cette amertume très incisive...


Du coup je refais des passages avec des infusions de plus en plus brèves jusqu'à être raccourcies au strict minimum : le temps de remplir et de vider aussitôt la théière. Même verdict, c'est strictement imbuvable.


Vraiment je ne comprends pas ce qui se passe avec ce thé... Doit-il être infusé avec de l'eau "tiède" comme un thé vert ? Faut-il le doser très légèrement ?
Autre piste, c'est peut-être un thé à ne pas boire tout de suite, mais à déguster dans cinq ans minimum ?

Quel est ce puerh de l'année étrangement imbuvable ? C'est le premier que je vois qui réagit de la sorte ! Le maocha qui a été sélectionné pour presser ces galettes avait-il le même goût dans la tasse ?

M'y suis-je pris comme un manche ? Est-ce un thé particulier dont la préparation est régie par des règles particulières ? Pourtant, les (très) jeunes sheng sont des thés que j'affectionne particulièrement, mais là...

Bref, beaucoup de questions sans réponses. Si quelqu'un a eu l'occasion de goûter ce thé, je suis preneur d'infos.
Je referai sans doute un essai avec moins de feuilles et de l'eau moins chaude, mais j'ai assez peu d'espoir au vu de ce que je viens de boire...
Et, question supplémentaire, les 4 autres galettes de cette sélection sont-elles du même tonneau ?

[Bulang, la suite]