Seikakou, un Asamushi Sencha de Yoshiaki Hiruma un peu particulier de par sa micro fermentation. Légère fermentation donc, qui lui donne de forts accents de wulong. A l'ouverture du sachet, c'est effectivement un parfum fleuri qui prédomine, accompagné d'une bonne dose de verdure japonaise. De la verdure dense et profonde, exempte des fruités vigoureux qui s'échappent d'ordinaire des sachets de sencha juste ouverts.
Paramètres recommandés : 4 grammes, 100ml.
80°C / 20" puis 90°C / 10"
La première infusion est d'une couleur bien douteuse pour un sencha : un vert jaune marron chargé, opaque et troublée. Visuellement, on est assez proche du Manma, ou d'un autre fuka bien "boueux" comme on dit :)
En bouche, il n'en est absolument rien, et encore une fois je suis surpris par ces thés japonais qui brouillent les cartes en proposant des liqueurs qui visuellement n'ont rien à voir avec la texture ou les sensations en bouche.
C'est très vert, très frais, rond et léger en bouche, très agréable, très sencha. La forte dominante fleurie détectée dans le sachet est évidemment de la partie et on la retrouve très distinctement dans la tasse. Tellement distinctement que c'est d'ailleurs ce qui ressort le plus. On pourrait vraiment croire à un wulong très vert et bien fleuri.
Deuxième infusion...
des ronds dans l'eau...
... qui me font penser à une parabole que m'avait racontée
le potier à l'origine de cette tasse...
... qui me font penser à une parabole que m'avait racontée
le potier à l'origine de cette tasse...
"Trois enfants, un chinois, un japonais et une coréenne, se tiennent sur le bord d'un lac.
Le petit chinois prend un caillou plat, le lance vigoureusement et réalise plusieurs ricochets, dès son premier essai. Son camarade japonais saisit à son tour une pierre plate et, au bout de plusieurs tentatives et après une constante amélioration de sa technique, surpasse son ami chinois en nombre de ricochets et en distance parcourue.
La petite fille coréenne s'avance alors à son tour, prend un joli caillou d'une forme quelconque, et le jette en l'air. En retombant dans le lac sans faire aucun ricochet, le caillou produit une belle série de cercles concentriques, ce qui fait beaucoup rire la petite fille, qui tourne les talons et s'en va."
La deuxième liqueur est encore moins appétissante que la première : ça tend franchement vers la vase, mais ce n'est toujours qu'une information visuelle et les sensations en bouche sont diamétralement opposées...
L'augmentation de la température fait apparaître une belle amertume, très fine mais bien appuyée, qui donne du relief à ces notes fleuries pour le moins incongrues dans un sencha. C'est vraiment troublant.
Au final c'est un thé vraiment agréable à déguster, ce n'est ni vraiment un sencha ni franchement un wulong, mais un entre-deux aussi insolite qu'intéressant ! Pour être totalement honnête, je n'en boirais cependant pas tous les jours.
Les deux premières infusions relativement courtes permettent d'en réaliser plusieurs autres, surtout si le dosage est un tout petit peu plus audacieux qu'indiqué.
5 commentaires:
Un thé vraiment proche du baozhong en ce qui me concerne. Intéressant et agréable à boire de temps en temps, mais peut-être pas tous les jours comme tu le soulignes. Mais je dis la même chose du baozhong...
Rigolote ta parabole. Il y aurait certainement moyen d'en discuter des heures et que ça soit à l'origine de débats enflammés. Je suis sur que ça a déjà été le cas...
Ah oui c'est effectivement très "baozhonguesque" comme sencha.
Sinon ce n'est pas "ma" parabole, je ne fais que retranscrire de mémoire, et j'espère ne pas avoir trahi le sens de cette petite histoire.
Elle relève sans doute un peu de la caricature, mais elle est censée illustrer la différence d'approche de ces 3 peuples (dans le contexte, c'était appliqué à la poterie).
Pour poursuivre et y ajouter un peu d'auto-dérision, on aurait pu ajouter un quatrième enfant, un français, qui après avoir pique-niqué au bord du lac, aurait laissé ses détritus sur la plage et aurait balancé quelques papiers gras dans l'eau. Mais ça aussi, ça relève de la caricature :)
Hello,
Tu as toujours de jolies photo particulièrement ici la goutte dans la tasse. Comment fais tu, car un appareil dans une main et la théière dans l'autre, ça doit pas être facile? Tu mets un retardateur et tu prends en rafale
Annabelle.
Je n'utilise jamais de retardateur, ça serait extrêmement difficile de faire coïncider la goutte d'eau avec le déclenchement !!
J'utilise parfois - mais vraiment très rarement - un trépied qui facilite beaucoup les prises de vue mais qui prend de la place et j'ai souvent la flemme de le sortir ^^
Donc il ne reste que la technique du "l'appareil dans une main et la théière dans l'autre", qui est peu pratique, mais finalement assez efficace et rapide. A noter quand même qu'il y a bien 90% de déchet... vive le numérique !
Et ben bravo pour l'immortalisation de l'instant !
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