17 nov. 2013

Anji Bai Cha 2013


Anji Bai Cha 2013, Camellia Sinensis.


Ça faisait un bon moment que je voulais acheter quelques grammes d'un bon Anji Bai Cha, l'occasion ne se présentait pas. Là j'ai profité d'un échange de colis avec Leaf pour récupérer 25g de celui de la célèbre boutique de Montréal. Les feuilles sont magnifiques, tout à fait représentatives du façonnage typique de ce thé vert chinois. Le vert clair est sublime, et ces fines aiguilles offrent un parfum très frais, légèrement herbacé, presque poivré ou mentholé dans les notes fleuries, un peu dans le registre d'un Darjeeling "vert" de printemps. En tout cas c'est très parfumé, aussi beau pour les yeux que splendide pour le nez.


Préchauffage du zhong,
première verse d'eau sur les feuilles pour les imbiber
puis je complète avec de l'eau bien chaude... 


Première infusion (une minute et demie environ).


Superbe pureté pour cette première liqueur,
d'une couleur discrète mais aux parfums affirmés.
Il y a à la fois une pointe de fruits qui serait le mélange
des fruits à coque type Long Jing
et des fruits exotiques type TPHK,
ainsi qu'une plus grosse dominante de fleurs fraîches
qui me fait vraiment penser à un subtil Darjeeling très frais.


Texture irréprochable, 
sensation de boire une tasse de printemps liquide.


Seconde infusion plus chaude, 
légèrement plus longue : la vivacité s'en trouve accrue,
le côté herbacé est renforcé,
une belle énergie est communiquée à la langue, au palais,
à toute la bouche et jusqu'au nez.


J'adore ce thé vert. Sublime.


Magnifiques parfums dans le couvercle du zhong,
toujours dans le registre des fleurs fraîches (fleurs des champs), tiges, sèves...


Les feuilles sont vraiment magnifiques,
la cueillette est irréprochable,
à l'image sans doute du soin apporté à la fabrication de ce thé.


La troisième infusion sera un peu en retrait,
mais seulement un peu.

J'ai beaucoup aimé cet Anji Bai Cha de chez Camellia Sinensis,
qui pourtant a expliqué à mon sympathique intermédiaire
que ce cru 2013 était notablement moins beau que le 2012.
Ce n'était apparemment pas une bonne année pour le producteur
qui leur fournit ce thé.


Inutile de vous dire que si 2014 est une "bonne année"
pour leur Anji Bai Cha, je n'hésiterai pas longtemps !

Merci Leaf !

12 nov. 2013

Oku-midori d'Ashikubo


Sencha originaire d'Ashikubo (préfecture de Shizuoka), cultivar Oku-midori. Il s'agit d'un futsumushi sencha de Thés-du-Japon, première récolte de mai 2013. Les feuilles sont superbes : plusieurs tonalités de vert, un lustre discret, un beau façonnage qui a respecté l'intégrité des feuilles, et surtout un parfum saisissant !


Dans la boîte, le parfum est tout en suavité : une fraîcheur sucrée et fruitée, une très légère note de torréfaction qui s'étoffe dans la théière préchauffée, c'est très, très prometteur !


La première infusion est splendide de douceur fruitée, une liqueur de végétal sucré tout en finesse, aucune astringence ni amertume, une texture superbe, une belle transparence. J'ai été impressionné par les feuilles sèches (car il s'agit d'un sencha à 11€/100g, c'est-à-dire vraiment bon marché), je suis maintenant bluffé par la première infusion !


Deuxième infusion, plus chaude, très courte...


La liqueur se trouble un peu mais conserve une très belle propreté en bouche. Les parfums se dévoilent avec toujours autant de préciosité, le plaisir est vraiment au rendez-vous, c'est un magnifique futsumushi sencha qui exprime ses notes fruitées de façon chaleureuse et mesurée, le tout dans une ambiance fraîche et empreinte d'une très agréable vivacité printanière.


Troisième infusion, plus chaude, plus longue...


Puis même une quatrième ! Forcément plus pâle, plus claire, elle reste cependant tout à fait à mon goût et est très loin d'être insipide, bien au contraire. Débarrassée de ses atours les plus évidents, il n'en subsiste que la structure, l'assise végétale à peine auréolée de quelques notes doucement fruitées.


Vous l'aurez compris, j'ai un gros coup de cœur pour ce sencha. Vendu très exactement 11,55€ les 100g, c'est un rapport qualité prix absolument incroyable, je remercie encore une fois Florent pour sa sélection, qui est tout simplement magnifique.


Je n'aime pas particulièrement dénigrer telle ou telle marque, mais il est bon de temps en temps de remettre un peu les choses en perspective : songez tout de même que pour le prix d'un sachet de ce magnifique sencha, vous n'avez même pas de quoi vous payer une boîte de "Thé vert sencha aromatisé à la fraise" !!!


9 nov. 2013

La poterie de Krists Ozoliņš




Voici un petit bol à thé (le chaînon manquant entre le guinomi et le chawan question gabarit) de Krists Ozoliņš. Ça fait maintenant plusieurs mois que je suis avec attention ce que publie ce potier, que ce soit sur son site, sa page facebook ou sa boutique Etsy.
Et ce qui devait arriver arriva : je me suis laissé tenter par ce bol à thé (légendé "For minimal individualists, I guess"... ça ne s'invente pas). A vrai dire il ne fabrique pas beaucoup de "petites" pièces ; j'aime beaucoup ses gobelets ("tumblers") mais ils sont beaucoup trop imposants pour moi, pour ma façon de boire le thé... c'est la raison pour laquelle je me suis précipité sur ce petit bol dont les mensurations me semblaient parfaites : 5,5 cm de hauteur et 8,5 cm de large pour 130ml.


Photo Krists Ozoliņš


Krists est un potier Letton, installé au nord de Rīga, tout près de Vidriži. J'aime beaucoup son approche très naturelle de la poterie. Je vous laisse faire connaissance avec lui via sa présentation sur son site. Le petit texte d'introduction sur son Etsy shop est assez également parlant je trouve, et peut nous aider à cerner le personnage :
Less is more
Actually, I'm trying to remind people that the Earth is pretty nice place to hang out. All started with my urge for living in close relation to it, and pottery is just perfect form for it. And it's natural for people to share their passion, right ? Here it is - shop where You can meet Krists' evidence of exploring the Earth. The simple way - just hands, clay and wood-fire. Less is more !




Les poteries de Krists me font penser (peut-être à tort d'ailleurs, je ne suis pas spécialiste) à la poterie des premiers hommes : un matériau naturel, brut, sain, des pièces montées à la main (pas tournées quoi) au colombin, un four minimaliste... Krists polit ensuite ses pièces avec une pierre ou de la laine.
Il va chercher son argile lui-même dans le Parc national de Rāzna (une argile très pure, qui doit sa présence ici à la fonte des glaciers) et fait ses cuissons dans un four à bois traditionnel. Je vous laisse parcourir son site, il contient plusieurs photos de cuissons et de son four.




Dans mon imaginaire, Krists a presque renoué avec les méthodes de cuisson du néolithique, mais pour de vrai il a quand même un beau petit four en brique qui lui permet de cuire en réduction (comme mon petit bol par exemple), ce qui est impossible dans un feu ouvert (arrêtez-moi si je dis des bêtises hein). Pourtant ses pièces ont quelque chose de vraiment "naturel", et son approche l'est aussi. Regardez-le par exemple monter un gobelet sur cette vidéo ... existe-t-il une manière plus simple et plus naturelle de faire de la poterie ?


Four "fosse"


Son four est un peu basé sur le principe du four "fosse", qui dans sa version la plus basique consiste à faire un trou dans le sol, à y disposer les pièces à cuire, les recouvrir de (beaucoup de) bois et à y mettre le feu. Le problème de ce type de cuisson (préhistorique pour le coup) est qu'elle occasionne au moins 50% de perte, car les pièces sont exposées aux vents (et donc aux variations de température), aux chocs...

Son four se rapproche plutôt d'un four "romain" :


Krists a construit le sien en briques de manière à le rendre très adaptatif : il n'utilise pas de mortier pour la construction, les briques sont seulement recouvertes de terre et parfois maintenues par une chaîne. Cela lui permet d'adapter la taille du four au nombre de pièces à cuire. Généralement 10 rangées de briques pour le "laboratoire" (cf. schéma ci-dessus) lui suffisent, mais pour une grosse cuisson il peut facilement rajouter 10 rangées supplémentaires.


Photo Krists Ozoliņš


Le compartiment où sont placées les pièces à cuire est relativement petit (voire très petit par rapport aux fours traditionnels lettons) : il fait approximativement 60x50cm pour une hauteur de 75cm, ce qui correspond à approximativement 100 pièces à cuire. Etant donné que les pièces qu'il produit sont très longues à monter (beaucoup plus longues qu'une pièce tournée sur un tour de potier), c'est largement suffisant pour lui.




Il cuit généralement en réduction, c'est la façon traditionnelle de cuire au bois en Lettonie. Toutes les pièces archéologiques retrouvées dans sa région étaient des pièces cuites en réduction. Sans doute pour des considérations esthétiques (dégradés de noirs et de bruns), mais aussi pour des raisons de sûreté alimentaire, la réduction étant à priori plus à même de produire des pièces "food-safe" qu'une cuisson en oxydation. Il prévoit de faire un peu moins de réduction dans le futur car il souhaite développer un émail totalement naturel sur la base de matériaux trouvés sur place, ce qui impliquerait une modification du procédé de cuisson.




Une cuisson dure environ 12 heures : 7 heures de chauffe à température assez stable, puis 5 heures avec des montées en température plus ou moins agressives jusqu'à 1050 / 1150°C.


Photo Krists Ozoliņš


Je reviens plus en détail sur la phase de polissage : celle-ci se fait en utilisant de la laine pour l'intérieur des pièces, et une pierre pour l'extérieur. Ce polissage doit intervenir à un moment bien précis : il faut que la pièce - non cuite évidemment - soit sèche mais pas trop. Ça revient finalement à comprimer la couche supérieur de l'argile (précisons au passage que c'est une opération très longue). Ci-dessous, les photos que Krists m'a envoyées pour illustrer tout ça.


En haut : l'intérieur, avant et après polissage à la laine.
En bas : l'extérieur, avant et après polissage à la pierre. 
Photo Krists Ozoliņš

Autre détail un peu particulier dans le processus de fabrication, c'est la couche protectrice de cire d'abeille qui est apposée immédiatement après la cuisson. L'argile est par nature très poreuse, et dans le cas de céramiques non émaillées comme celles-ci, c'est un véritable paradis pour les bactéries et autres micro-organismes. C'est potentiellement mauvais pour la santé, mais ça peut également à terme abîmer la surface de la pièce. Pour remédier à cela, dès la fin de la cuisson, lorsque la pièce est encore chaude et stérile, de la cire d'abeille fondue est appliquée à la surface de la pièce. La cire s'infiltre ainsi profondément dans les pores de l'argile, ce qui lui assure une excellente tenue, même après lavages. C'est une méthode très ancienne, utilisée par exemple en Grèce antique ; c'est sans doute en partie grâce à cette cire d'abeille que nous avons encore aujourd'hui ces pièces dans nos musées... Tous les fragments de poterie ancienne mis à jour en Lettonie étaient également protégés avec cette méthode (dixit Krists).




Le polissage à la pierre (ou avec le dos d'une petite cuillère par exemple) et l'utilisation de cire sont des technique encore employées aujourd'hui sur les poteries non émaillées. En voici quelques exemples, tirés du site http://ceramique.poterie.free.fr/ :




Voilà, vous savez tout ; je suis à présent l'heureux propriétaire d'un petit bol à thé de Krists Ozoliņš, mais pas seulement. D'après lui je suis aussi - et surtout ? - propriétaire d'un petit bout de nature et de tradition des pays baltes. Je me suis également permis, au passage, d'emprunter à Krists un peu de son choix de vie, de son retour à la nature, de son approche de la céramique, sans oublier un gros morceau de ses grands espaces car il n'en manque pas, contrairement à moi.


Photo Krists Ozoliņš


Merci !



2 nov. 2013

1 nov. 2013

TeaUrchin's 2012 Ali Shan high mountain oolong


Ali Shan de haute montagne, Taiwan.
Ce wulong est l'un des 4 thés qui constitue le set oolong vendu par TeaUrchin.


Certaines des billes sont vraiment gigantesques, magnifiques.
L'odeur dans la théière chaude est prometteuse.


Éclatante couleur pour cette liqueur translucide et super parfumée.
Texture ronde et chaleureuse, ça se boit vraiment tout seul.


Que les infusions soient courtes ou poussées, cet Ali Shan donne
quoi qu'il arrive un résultat somptueux en bouche.
Plaisir immédiat, instantané de bonheur liquide.


Une fois ouvertes, les billes qui tapissaient le fond de ma théière
prennent un volume tel qu'il en devient presque
impossible de fermer le couvercle.


Un modèle du genre que cet Ali Shan taiwanais de haute montagne.
Aucun défaut, aucune fausse note, super bon quoi.


Le thé idéal pour entrer avec classe dans le monde des wulong...
Le genre de thé qui pourrait bien rendre accro les personnes
n'aimant pas les wulong... ou pas le thé du tout !