14 mars 2012

Tsukigase Zairai

Un échantillon du sencha "Tsukigase Zairai" de chez Hojotea (merci :)
Ce qui le démarque immédiatement des autres sencha que j'ai pu observer depuis que je suis tombé dans les thés japonais, c'est la forme des feuilles. Aucune commune mesure entre les fines aiguilles typiques des sencha et les grosses feuilles irrégulières de ce Tsukigase Zairai, jugez par vous-même :


Des feuilles imposantes, de formes variées, mais aussi des plus petites, mêlées à des brisures. Pas de lustre, couleur relativement claire. Cela ne ressemble définitivement pas à un sencha. Cela dit, mon expérience en thés japonais est très limitée donc cette apparence n'est peut-être pas si extra-ordinaire que ça.

L'odeur des feuilles, elle, est plus "classique" : un hi-ire très doux, une "végétalité" harmonieuse, ça sent le bon sencha. J'imagine que c'est un sencha faiblement étuvé (asamuchi) ?


Infusion 1 (~80°C/1min) : j'obtiens une liqueur d'un beau jaune/vert clair et translucide. La présence en bouche et le goût de ce thé sont surprenants : la texture est à la fois très douce et très grasse, presque pesante dans la mesure où j'ai presque le réflexe de mâcher cette liqueur avant de l'avaler. Paradoxalement, se mêle à ces sensations un sentiment d'onctuosité extrême. C'est vraiment épais en bouche, très arrondi, ça prend vraiment le palais de façon surprenante. Pour ce qui est des arômes, c'est évidemment très vert, mais c'est surtout une composante maritime assez poussée que je remarque. A vrai dire, cette première liqueur n'est pas impressionnante par ses arômes/saveurs, mais vraiment par sa présence en bouche, très inhabituelle.


Infusion 2 (~85°C/10sec), la liqueur s'assombrit légèrement et je retrouve quelque chose d'un peu plus "classique" en bouche : ça s'affine, s'aiguise, je peux presque commencer à deviner un début de pré-existence d'embryon d'amertume/astringence dans cette deuxième liqueur, ce qui était absolument in-envisageable à la première infusion. La présence en bouche et l'arrière-goût sont cependant toujours aussi superbes, et les arômes, les parfums de ce Tsukigase Zairai sont toujours relativement peu puissants mais cela ne nuit pas du tout (au contraire semble-t-il) à l'harmonie et à la perfection du rendu global. Miam, quoi.



Infusion 3 (~85°C/30sec) : ce Tsukigase Zairai Sencha poursuit sa mutation et une très fine amertume extrêmement appréciable se profile désormais nettement dans ma tasse. Cette évolution est vraiment enthousiasmante, c'est très réussi, j'aime beaucoup.


J'ai fait 3 autres infusions, longues (>2min), et avec de l'eau très chaude, pour épuiser définitivement ces feuilles qui, là encore de façon plutôt singulière pour un sencha, se sont déployées de manière volumineuse dans la théière, pour donner une masse de feuilles impressionnante.


Bilan très conluant, un superbe sencha, atypique, mais attention, la première infusion est pour le moins déroutante !

4 commentaires:

David a dit…

Je suis passé complètement à côté de ce thé la première fois que je l'ai rencontré. Ça peut paraître paradoxal, mais son aftertaste est tellement fort qu'on peut le louper au début.

Pour info, je me suis fait servir ce sencha préparé en gong fu cha et ce fut un délice !

Je conseille plus que vivement aux anglophones de lire l'article à propos de ce thé sur le site d'Akira, véritable mine d'informations !

vacuithe a dit…

Je comprends ce que tu veux dire. En fait j'ai pu goûter ce sencha 2 fois car j'ai reçu 1 second échantillon-surprise de ce Tsukigase. Et je dois dire que la première gorgée de la première infusion du premier échantillon était vraiment, vraiment troublante. Le second opus était moins déstabilisant car je savais à peu près à quoi m'en tenir. Sencha vraiment atypique, mais très réussi, non ?

Servi en GongFuCha ?? C'est-à-dire théière 3/4 pleine et micro-infusions ?

David a dit…

>> Sencha vraiment atypique, mais très réussi, non ?

En ce qui me concerne, je pense que oui, il est excellent. Mais ce que j'ai pu remarquer au fur et à mesure que je goûte des thés d'excellente facture, c'est qu'ils ne sont pas évidents à juger. C'est dans la finesse et l'appréciation de leur longueur qu'ils se démarqueront. Et pour moi, il n'y a pas de secret : de même que seul un palais entraîné pourra apprécier à sa juste valeur un grand vin, pour le thé, il faut être habitué à boire du haut de gamme pour être à même d'en profiter et d'en reconnaître les qualités. Et au début, ce n'est pas évident...

>>Servi en GongFuCha ?? C'est-à-dire théière 3/4 pleine et micro-infusions ?

Pas autant de feuilles non plus (je n'étais pas aux manettes donc je ne saurais dire précisément, mais de l'eau bouillante et des infusions flash dans un mini kyusu shigaraki. Une douceur incroyable et un air de gao shan cha. (!)

Tsubo a dit…

En tout cas, cela donne envie !