Même provenance, même histoire pour ces quelques grammes du carré Lao Banzhang 2009 que pour le
2010. Étais-je passé autant à côté de ce puerh que pour le 2010 ? Y aura-t-il autant de différence entre ce que j'avais en mémoire et ce que je vais découvrir aujourd'hui ? Suspense...
Visuellement, et d'après ce que je peux en juger, ce puerh n'est pas extrêmement différent du cru suivant : de très beaux bourgeons argentés et duveteux à souhait, des feuilles de taille moyenne, relativement foncées.
L'odeur est tout aussi splendide que le carré 2010, à quelques nuances près : j'ai l'impression que ce millésime 2009 est plus dense en arômes, plus épais, et par conséquent moins fin, moins aérien et raffiné. Attention, ce ne sont que des nuances : le parfum de ces quelques morceaux de thé est proprement envoûtant, on peut passer plusieurs minutes à l'apprécier uniquement avec le nez, avant même de songer à la dégustation proprement dite.
Je retrouve un peu de ces fameuses "fins de tasses" mais c'est moins beau, moins émouvant car c'est ici un peu masqué par l'opulence des arômes. En tout cas, ça promet, et c'est suffisamment différent de la dégustation précédente pour être intéressant.
Rinçages express, première infusion. C'est divin, c'est parfait, c'est terriblement bon. Ça parle au corps et à l'esprit, il y a du velouté dans le moelleux de la liqueur mais aussi du tranchant dans l'amertume, c'est fin, sculpté, peut-être moins classieux que le 2010 mais plus immédiat, c'est d'une évidence limpide. Et surtout, surtout... j'ai dès la première infusion une fin de tasse mo-nu-men-tale.
C'est d'autant plus étonnant que c'est le seul endroit dans lequel je retrouve un parfum aussi génial : le couvercle du gaiwan est moyen, il donne même un peu dans le fumé, le pichet ne donne rien de particulier, mais la tasse vide, elle, est tout bonnement spectaculaire, même complètement refroidie.
Les liqueurs, relativement stables au fil des infusions mis à part quelques apparitions et disparitions successives d'odeurs rappelant certains parfums off de fumées, me paraissent moins spectaculaires car moins élégantes en bouche que pour le cru 2010. Le rendu est plus brouillon, plus touffu, mais quelle énergie ! L'amertume est bien présente, bien réelle mais se fond dans le reste et participe à la puissance de ce puerh, mais n'en reste qu'une des composantes.
Avec ce carré Lao Banzhang 2009 j'ai là aussi l'impression de déguster un thé de sensations olfactives et plus globalement corporelles avant d'être un thé de bouche. Cela dit, quel thé ! Quelle présence ! Et, au risque de me répéter pour la huitième fois, quels parfums !
Beaucoup plus endurant que son successeur, ce carré 2009 est proprement infatigable, 4g dans un gaiwan suffisant à produire même au bout d'une dizaine d'infusions des liqueurs très puissantes en quelques secondes... Décidément, ces petites feuilles semblent bien inoffensives, mais quel puerh !