Certainement le dernier billet de 2010, juste pour vous souhaiter de bonnes fêtes de fin d'année, rendez-vous en 2011 !
23 déc. 2010
21 déc. 2010
Tuo n°15
Un nouvel échantillon de la M3T, le Tuo 15 (un shu cha de 1994). Merci à Julien pour ces 3,5g de thé !
L'échantillon est bien représentatif des tuocha, c'est à dire ultra-compact, et qui ne laissera sans aucun doute pas l'ombre d'une chance de retrouver un morceau de feuille intact.
Rinçage rapide.
#1 (10") : déjà relativement parfumé, typique shu cha mais sans le relief ni les épices des meilleurs shu de la M3T. Mais bon, pour une toute première infusion (les blocs sont encore entiers dans le zhong) c'est plutôt prometteur.
#2 (10" itou) : davantage de corps, liqueur plus foncée. Toujours pas le côté magique des vracs 15, 16 & 22 (dont je finis peut-être par idéaliser le souvenir), mais réellement un très bon shu cha. Se déguste avec délectation et force slurps de contentement.
#3 (20") : un peu plus fade, je vais augmenter les durées d'infusion, ne serait-ce que pour déliter un peu ces blocs de tuo.
#4 (1') : je ne parviens pas à retrouver la même qualité que lors de la deuxième infusion. La faute aux morceaux de thé qui sont toujours intacts ?
#5 (2') : revoilà les arômes en force, les blocs commencent seulement à s'émietter. Toujours inférieur (d'après ma mémoire) aux grands crus précédemment cités, ce tuo n'en est pas moins fort agréable à déguster. Quand même un petit manque de relief, une palette aromatique moins étendue et moins vigoureuse, mais un bon shu tout de même !
#6 à 15 (3 à 12') : pas grand chose à ajouter, je vous épargne les redites : très bon, mais pas autant que d'autres shu de la Maison.
Lorsque les infusions sont très poussées, la liqueur reste très pure, ne se "charge" pas et conserve une bonne souplesse en bouche. En revanche, toujours pas ce petit côté boisé parfumé / épicé qui me ravit toujours dans les shu cha. La conséquence, c'est une tenue en bouche et un arrière-goût moindres, compensés tout de même par une très belle rétro-olfaction.
Les "feuilles", à mi-parcours.
Haiwan Pa-Sha 2010
Échantillon de la galette Pa-Sha 2010, produite par la firme Haiwan à partir de vieux arbres de la montagne Mong Pa Sha.
Beaucoup, beaucoup de brisures pour cet échantillon. Les feuilles sèches délivrent une odeur relativement puissante et proposent des arômes plutôt attirants.
Rinçage, première infusion d'une dizaine de secondes. La liqueur obtenue est très chargée, assez trouble et je retrouve avec stupeur une odeur qui m'a beaucoup marqué, celle du mini-tuo parfumé au riz, le fameux Nuo Mi Xiang, celui-là même qui m'avait vraiment, vraiment déplu. Et voilà que cet échantillon de Pa-Sha fait resurgir ce souvenir désagréable : je retrouve bien le goût et l'odeur de ce mini-tuo dans ma liqueur, en beaucoup moins puissants bien sûr, mêlés aux parfums caractéristiques d'un bon sheng cha, mais il m'est impossible de passer outre cette sensation...
Étrangement, cette note qui m'horripile tant va disparaître rapidement : après 2 ou 3 infusions supplémentaires, elle a complètement disparu pour laisser place à une liqueur beaucoup plus limpide (bien qu'encore assez soutenue au niveau de la matière) et davantage à mon goût. Bizarre...
Sans être le meilleur des pu erh bruts de l'année 2010 que j'ai eu l'occasion de boire, ce Pa-Sha - si je fais abstraction du phénomène "Nuo Mi Xiang" - tient plutôt bien la route : complexité aromatique satisfaisante, arrière-goût assez puissant mais pas non plus brutal, endurance...
Difficile cependant d'occulter totalement ce qui s'est passé lors des toutes premières infusions : ce goût non identifié que je déteste tant, et dont j'aimerais bien connaître la provenance...
Par quel mystère s'est-il retrouvé dans cet échantillon ? Mystère...
Est-ce lié au séjour de l'échantillon dans une enveloppe ? Au fait que les feuilles ait été relativement endommagées ? Au dosage ?
Bref, un mystère de plus.
19 déc. 2010
Zheng Shan Xiao Zhong
Pour en avoir lu plusieurs échos (ici, là ou encore là et là), il fallait vraiment que je goûte un de ces Zheng Shan Xiao Zhong. C'est aujourd'hui chose possible grâce à cet échantillon, dont vous pourrez découvrir la provenance ici.
Les feuilles sèches, assez petites,dégagent une discrète odeur de fumé. Beaucoup plus délicate qu'un Lapsang Souchong, moins "envahissante" mais bien présente.
Zhong, rinçage, infusions.
Une fois la liqueur en bouche, les notes fumées se révèlent discrètes. Pour moi ça ressemble davantage à un thé rouge qu'à un thé fumé. Surtout qu'au fil des infusions ce côté "fumé" s'estompe. La liqueur demeure plaisante, ronde et gourmande, avec une belle diversité aromatique (bois, malt, mais aussi un petit quelque chose de "tannique" qui me rappelle certains vins rouges) qui tient relativement bien la longueur.
Les feuilles sèches, assez petites,dégagent une discrète odeur de fumé. Beaucoup plus délicate qu'un Lapsang Souchong, moins "envahissante" mais bien présente.
Zhong, rinçage, infusions.
Une fois la liqueur en bouche, les notes fumées se révèlent discrètes. Pour moi ça ressemble davantage à un thé rouge qu'à un thé fumé. Surtout qu'au fil des infusions ce côté "fumé" s'estompe. La liqueur demeure plaisante, ronde et gourmande, avec une belle diversité aromatique (bois, malt, mais aussi un petit quelque chose de "tannique" qui me rappelle certains vins rouges) qui tient relativement bien la longueur.
Verdict : très agréable à boire, situé à la croisée des thés rouges et fumés, ce Zheng Shan Xiao Zhong brouille un peu les pistes mais se sort plutôt pas mal de cet exercice d'équilibriste.
18 déc. 2010
Fonte & pâte
Petit billet qui sort de l'ordinaire : des photos de ma tetsubin (l'intérieur) et un deuxième test de la pâte de pu erh (Cha Gao) de Wang.
Pour le Cha Gao, j'ai dosé davantage que la fois précédente. Ça a donné quelque chose de très fort : pas vraiment de l'amertume, pas tout à fait de l'astringence, ni de l'acidité, mais un mélange des trois. Niveau goût, il est difficile de retrouver dans cette liqueur les caractéristiques d'un pu erh, brut ou fermenté. A l'odeur oui, il y a un air de famille avec le pu erh cru, mais c'est tout.
Honnêtement, c'est pas terrible. Est-ce parce que c'était un coup d'essai pour Wang ?
L'intérieur de ma tetsubin est pas mal rouillé, elle ne date pourtant que de 2004.
Je m'en suis servi ce matin pour préparer un Anji Bai Cha, un délice.
16 déc. 2010
Wang, encore
Encore un thé de la famille Wang, basée dans le village de YiWu lui-même situé dans la montagne du même nom (voir du même producteur : Or violet et Cha Gao).
C’est une galette de pu erh brut pressée en seulement deux exemplaires, avec des feuilles d’automne 2010. Les feuilles en question ont été achetées par Wang sous forme de maocha à un petit producteur qui se situe dans la même montagne, mais dans le village de San He She. Les théiers en question sont des vieux arbres, je n’ai pas plus de précision : vieux arbres sauvages ? vieux arbres d’une plantation ? vieux comment ?
Je remercie Olivier pour le « yiwu-sourcing » de cette galette. C’est en effet lui qui a donné carte blanche à Wang (qui n’avait plus de maocha de ses propres arbres) pour trouver le meilleur maocha du coin et en presser deux galettes.
Déballons.
La qualité de cette galette saute aux yeux : riche en bourgeons, travail des feuilles, mélange des couleurs, pressage... L'odeur n'est pas spectaculaire mais assez agréable, il s'agit quand même d'un pu erh qui n'a que quelques semaines (bien que cela ne veuille pas dire grand chose...) !
Les quelques feuilles que je vais infuser, très facilement extraites de la galette :
Un pu erh assez singulier lors des premières infusions : une liqueur très pure, souple et parfumée, sans aucune astringence ni amertume. Très végétale, peu boisée, peu épicée, vraiment très douce. Je n'y ai pas retrouvé la puissance des jeunes pu erh que j'ai déjà bus, mais plutôt une gamme d'arômes toute en finesse qui participe à l'élaboration d'une liqueur très agréable en bouche.
Au bout de cinq ou six passages, le thé évolue vers un rendu beaucoup plus typé "jeune sheng", avec toujours cette extrême douceur (typique YiWu ?). Vraiment délicieux, un modèle de pureté et de douceur (je me répète là, non ?).
Bref, une très belle galette, un très bon pu erh qui, d'ici quelques mois, aura eu le temps de se "poser" un peu et qui n'en sera certainement que meilleur.
5 déc. 2010
Cha Gao (Wang)
Malade depuis quelques jours, je sors de mon lit pour goûter le Cha Gao de Wang, le producteur du village de YiWu à l'origine de la galette désormais bien connue "Or violet".
Il s'agit de pâte de pu erh, telle qu'on la fabriquait en Chine il y a plus de 1000 ans. C'est à la lecture de l'article d'Olivier [tiens, y'a du nouveau sur ton site Olivier !] "Fang bian cha, des nouvelles tendances pratiques à l origine du puerh..." que j'avais découvert l'existence de cette "pâte de pu erh".
C'est parfait pour aujourd'hui : il me fallait quelque chose de pratique. Et au moment de sélectionner mes ustensiles, cet aspect pratique m'a sauté aux yeux : pas besoin de théière, de pot à eaux usées, de filtre, de tasse... Je ne prends qu'un zhong, je boirai directement dedans ! Encore plus pratique, la prochaine fois je ferai ça dans un verre.
En fait de pâte, ça ressemble davantage à un cristal de pu erh. Je n'ai pas beaucoup d'indication sur le processus de fabrication de ce Cha Gao, je sais seulement qu'il faut doser très très légèrement, c'est du concentré !
L'échantillon en ma possession, tout juste arrivé de Chine, va me permettre de faire plusieurs tests, ce qui tombe plutôt bien car aujourd'hui mes papilles sont un peu endormies...
J'en casse donc un tout petit morceau : voir ci-dessous, dans la partie supérieure du couvercle du zhong :
Et je verse de l'eau chaude...
Après avoir "touillé" quelques instants, c'est prêt !
Bon, la vraie question est : quel goût ça a ?
À vrai dire, je ne sais pas trop. Mon nez est quasiment HS donc difficile à dire. Ça a bien un goût de thé, vaguement de pu erh mais ce n'est vraiment pas le jour pour rentrer dans le détail des arômes...
Cette tasse de thé m'a fait du bien à la gorge, m'a réchauffé, ça suffira pour aujourd'hui !
À retester rapidement, dès que je serai de nouveau opérationnel.
Et encore merci pour l'échantillon, je retourne dans mon lit.
28 nov. 2010
Galette n°13 (1984)
Le plus vieux sheng cha qu'il m'ait été donné d'infuser, quelques précieuses feuilles de la galette n°13 (1984) de la M3T qui a fait l'objet d'un culte, ou presque.
Aujourd'hui épuisée depuis longtemps, j'ai la chance d'en avoir un échantillon, ce sera sans doute ma première et dernière occasion de déguster cette petite merveille.
Un bref rinçage, et une première infusion de 15 secondes : la liqueur a pris d'emblée cette spectaculaire couleur rouille/rouge/orangée, assez sombre mais très pure qui m'avait déjà enthousiasmé chez le Tuo n°10.
Niveau goût, c'est riche, très riche même. Un vrai baume pour la gorge, une fête pour les papilles et un ravissement pour le nez. C'est vieux, c'est noble, c'est parfait.
Infusions 2 et 3 (10 et 20") : c'est top, rien à redire. Je retrouve un peu du sublime du Tuo10 sans son petit reste de "verdeur". Rétro spectaculaire, longueur en bouche, pfff...
Infusion 4 (25"), j'ai l'impression que la liqueur a encore gagné en force, en précision. Je comprends que cette galette ait eu son petit succès auprès des amateurs de pu erh. Quel dommage d'arriver après la bataille ! Mais quelle chance d'avoir aujourd'hui l'occasion de boire ce pu erh fantastique tout en regardant la neige tomber !
Infusion 5 (30") : finalement il subsiste semble-t-il dans ce vénérable sheng cha un tout petit zeste de verdeur. Mais contrairement au Tuo 10, thé dans lequel cette mise en opposition était un peu perturbante, tout est réellement bien équilibré. Difficile de trouver quelque chose à redire.
Infusion 6, 7 (40" et 50") : toujours la même prestance, c'est franchement bon. La classe. Ça envoie du lourd comme on dit ! Et je poursuis : 1', 1', 1'30, 1'30, 2', 2'30, 3'... ce thé m'a occupé une bonne partie de la journée !
A vrai dire j'ai arrêté de compter et de prendre des notes au bout d'une dizaine d'infusions afin de me consacrer entièrement au thé. Je ne vais pas de nouveau aligner les adjectifs élogieux et les superlatifs, vous aurez compris que c'est définitivement un splendide sheng cha millésimé.
Encore merci à celui qui m'a permis de faire cette dégustation !
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