Mon expérience et mes connaissances en thés blancs sont extrêmement limitées. C'est donc avec beaucoup de plaisir que je m'apprête à déguster un "Silver Needle" sélectionné par Akira Hojo, dont la réputation n'est plus à faire (aussi bien sur la qualité de ses thés que de ses théières).
Les thés blancs sont ceux qui sont le moins travaillés, Akira détaille
sur son site les étapes de fabrication de ce Silver Needle du Fujian :
- après la cueillette du thé, on ôte les feuilles pour ne conserver que les bourgeons (opération manuelle).
- les bourgeons sont alors étalés précautionneusement sur des claies en bambou, dans un local bien aéré ou au soleil (attention, pas trop fort le soleil). L'objectif de cette flétrissure naturelle est de faire perdre aux bourgeons 70 à 80% de leur humidité.
- le thé est ensuite séché "naturellement" pendant une journée, grâce à l'action du soleil et du vent, puis un deuxième séchage plus chaud (30 minutes dans un panier en bambou placé sur un feu) vient encore réduire le taux d'humidité des feuilles.
- le thé est alors trié une nouvelle fois (on ôte les brindilles et les débris) puis re-séché : le taux d'humidité tombe à 4 ou 5%, il est immédiatement emballé (encore chaud).
D'après Akira, les bourgeons de thé blanc ainsi emballés vont, dans le sachet, dégager de l'humidité qu'ils réabsorberont ensuite. Au final, le thé conservera 8 à 10% d'humidité résiduelle.
Notez qu'à aucun moment les feuilles - ou plutôt les bourgeons - n'ont été "manipulés" : aucun "flétrissage", roulage, pas de compression, de martelage, etc...
L'odeur des feuilles sèches est sans surprise : frais, végétal, vert, frais, frais.
"Flavor Is Just Like A Breaht Of Spring",
c'est la promesse d'Akira pour qui dégustera ce Silver Needle.
Pour la préparation de ce thé, j'ai suivi consciencieusement les conseils d'Akira Hojo :
- placer 3 grammes de thé dans un grand verre préchauffé (150/200ml).
- verser un tiers d'eau à 90°C
- incliner doucement le verre de gauche à droite pour éviter que les bourgeons ne restent à la surface sans toucher l'eau
- au bout de deux minutes, verser le reste de l'eau
- laisser infuser 2 à 3 minutes en profitant du spectacle (les bourgeons descendent au fond du verre, puis remontent).
Je dois dire que spontanément je n'aurais pas du tout procédé de la sorte. J'aurais infusé moins chaud et moins longtemps. Akira explique qu'au contraire, étant donné que ce Silver Needle n'a pas été "travaillé", il a besoin d'être infusé plus longtemps.
La première infusion, très pâle mais sans être incolore, est tout à fait fidèle à la description d'Akira Hojo, et à ce que pouvaient laisser présumer les feuilles sèches : très frais, doux, moelleux et végétal. L'arrière-goût est du même style, mais ne reste pas dans la gorge : il se localise plutôt sur l'avant de la bouche et laisse une sensation de fraîcheur durable.
Deuxième infusion, un peu plus longue : liqueur identique, toujours très fraiche et parfumée, extrêmement agréable en bouche et à la déglutition. Ce thé sera parfait pour les chaudes journées à venir.
Troisième et dernière infusion, moins intéressante mais toujours agréable.
Finalement, j'ai bien retrouvé dans ce Silver Needle tous les éléments que j'aimais dans le seul autre thé blanc que j'ai goûté : de la fraîcheur, du végétal, du vert ; et bien que je n'aie pas bu de
Yue Guang Bai depuis un moment, ces deux thés me semblent assez proches (un goût de thé blanc, quoi). Le Silver Needle d'Akira Hojo est certes plus fin, plus abouti, plus travaillé et subtil, mais dans la tasse, la différence n'est pas proportionnelle à l'écart de prix selon moi.
N'ayant que peu d'expérience en la matière, je ne suis peut-être pas apte à apprécier les subtilités de ce thé blanc. Cela dit je n'ai absolument rien à lui reprocher : c'est un superbe thé, une cueillette magnifique, des bourgeons splendides. Un goût de printemps assurément. Akira l'avait bien dit :)
Les bonnes surprises n'étant jamais là où on les attend, j'ai été très agréablement surpris par la méthode d'infusion préconisée par A. Hojo. J'avais déjà vu, à plusieurs endroits (blogs, sites...) des photos d'infusions dans des grands verres mais je ne m'y étais jamais risqué (choisissant le gaiwan systématiquement).
Grâce au tutoriel très détaillé d'Akira Hojo, la préparation de ce thé blanc fut très réussie et je suis conquis par ce mode d'infusion. A retester sur des thés verts !