Après la 2010, voici la version 2000 du Lan Ting Chun de Diguoting, ce producteur de la région de Lincang.
D'ailleurs, est-ce bien un thé de 2000 ? Manque-t-il un zéro à l'année, ou bien le mois est-il codé sur 1 chiffre ? Bon, je pars sur la deuxième solution.
La galette est beaucoup plus sombre que la précédente, sans doute est-ce dû aux 10 années de fermentation.
Les différents tons de vert laissent ici la place à des tonalités plus boisées.
De même que le parfum exhalé par cette galette. Encore beaucoup de fraicheur, mais comme arrondie, "lustrée" ou patinée. Concrètement, ça sent le sheng cha plus tout jeune, mais encore très loin du terme de sa maturation.
Je trouve le Nei Piao assez beau, je vous en fait profiter :
Passons aux choses sérieuses.
Tout d'abord, extraction d'un morceau de thé.
Les infusions ont été très nombreuses (mais pas comptées). La liqueur a pris d'emblée une couleur rouille assez splendide (pas du tout fidèle sur la photo).
Ce qui m'a le plus frappé avec ce thé, c'est la multiplicité des rendus. L'odeur de la galette sèche est très différente de l'odeur dans le couvercle du zhong, elle-même différente de l'odeur dans la tasse vide, qui n'est pas non plus identique à la rétro-olfaction ou à la perception en bouche.
En jouant avec la liqueur sur la langue, il est possible d'avoir une vive note de jeune sheng, très verte, puissante, et dans la seconde qui suit, une note de vieux bois, bien ronde, presque grasse.
Bon, la multiplicité des sensations est un phénomène qui se produit toujours plus ou moins quel que soit le thé, mais pour ce sheng, j'ai l'impression qu'il est accentué. Un peu comme si le thé, plus ou moins perdu, hésitait entre la fougue de la jeunesse et la puissance raisonnée de l'adolescence.
Ce thé n'a pas grand chose à voir avec celui de 2010. En même temps, en 10 années d'intervalle, les théiers ont peut-être évolué (ou bien ce ne sont tout simplement pas les mêmes qui ont été utilisés), les processus de fabrication ont certainement changé, et bien sûr cette galette a vieilli. Inutile donc de pousser plus loin la comparaison.
Je trouve ce thé vraiment bon, à deux exceptions près :
- un arrière-goût peut-être un peu faible au regard de la galette 2010 (oui je sais, je viens de dire "inutile donc de pousser plus loin la comparaison")
- un positionnement un peu flou, que j'ai déjà mentionné maladroitement, je ne trouve pas les mots pour détailler cette sensation.
A part ça, j'ai beau chercher, je ne trouve pas grand chose à redire : une galette de très belle facture, profusion d'arômes, bonne endurance, belle amertume... et aussi une forte propension à se transformer, à évoluer au fil des infusions..
Il y a quand même un air de famille indéniable avec d'autres thés de cette région, mais elle ne saute pas aux yeux (au palais, au nez) comme entre Yong De Min Feng / Yong De Mang Fei par exemple. En même temps c'est la première fois que je compare des thés d'une même région mais avec 10 années d'écart...
La question des terroirs et du vieillissement des pu erh est décidément un vaste sujet dont je ne fais qu'entrevoir l'étendue et la complexité.
C'est un thé que je retesterai en théière un jour prochain, un jour où il aura décidé de se livrer plus complètement. Félicitations tout de même à Diguoting pour ces 2 belles réalisations, et merci à Olivier de les avoir dénichées au fin fond de la Chine !
L'infusion est sublime : de belles feuilles intactes, j'adore.
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