16 mai 2012
Brique Houde 2003
Deuxième dégustation d'un échantillon de la brique de puerh cuit 2003 from Houde, dont EDP avait parlé ici, et qui avait rapidement été épuisée.
J'avais beaucoup apprécié la première dégustation de cet échantillon, et cette deuxième rencontre avec ce shu cha commence plutôt bien car l'aspect (la couleur, la taille) et l'odeur des feuilles sèches me plaisent : c'est propre, c'est pas fermenté outre mesure, les feuilles ne donnent pas une impression de stockage humide exagéré, l'odeur est fraîche et épicée, ni lourde ni écœurante, bref ça me plaît.
Dans la théière préchauffée c'est également très plaisant au nez, on est bien loin de la caricature des puerh fermentés qui donnent dans la moisissure et les champignons, mais on y retrouve pourtant une belle note de vieilli, bien faite, évocatrice, qui ne fait pas "artificielle". Ça sonne juste, ça sent très bon, je n'ai plus qu'une envie : passer à la suite :)
La suite est à mon goût tout aussi bonne : les liqueurs sont clean, pures et franches, il n'y a aucune odeur/saveur parasite, il y a du relief, c'est frais en bouche, ça se boit vraiment tout seul. Présence en bouche assez dynamique, parfums longs et délicats, la rétro-olfaction fait état de belles notes boisées et cirées, bref, un très bon puerh cuit en ce qui me concerne.
Je suis bien incapable de situer ce thé dans l'échelle inextricable du rapport qualité/prix et de le comparer aux crus de la M3T que j'ai eu l'occasion de goûter, mais par rapport au vrac 22 par exemple (que je bois de temps à autres et que j'ai donc à peu près en tête), il est loin d'être ridicule !
Bilan concluant en ce qui me concerne, 2 belles dégustations de ce puerh cuit vraiment bien fait, équilibré et très agréable à boire. C'était sans doute effectivement un bon achat ! Pas de regret cependant pour ma part car vu ma consommation de puerh cuit, j'ai de quoi boire pour quelques temps...
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12 commentaires:
Et là, une fois l'article publié, je m'aperçois qu'en fait il s'agit bien d'un puerh brut, et non pas cuit :)
Ce qui explique la couleur des feuilles et le dynamisme de la liqueur, mais qui du coup invalide une bonne partie de ce que je viens d'écrire.
Ce n'est plus un puerh légèrement fermenté et un peu stocké humide, mais un puerh brut stocké très humide !!
Au moment où je termine les dernières tasses de ce thé, je me rends compte que finalement la frontière entre puerh brut stocké humide et puerh fermenté légèrement est parfois très mince. Je me rends compte aussi qu'il serait très facile de me faire avaler n'importe quoi :)
Je me disais aussi un Shou Cha.
Je suis le prochain sur la liste pour goûter ce prometteur Yi Wu 2003 Sheng.Rien qu'à l’odeur des feuilles sèches on pourrait croire à un Sheng d'au moins 10 de plus.Cela me fait penser, à l'odorat, à ma brique Xianguan Sheng de 1992.A voir en tasse...
Le Monde du Pu erh est bien compliqué; les hommes et le business actuel & frénétique n'arrangeant rien à la tache du dégustateur!
Je prendrai,espérons-le,le même plaisir à m’enivrer de ce Yi Wu 2003 rappelant du Shou!Les bons Shou peuvent être fantastiques aussi mais c'est un autre sujet...
Bien à Toi.
"Rien qu'à l’odeur des feuilles sèches on pourrait croire à un Sheng d'au moins 10 de plus"
...
ou à un puerh cuit !
Honnêtement pour celui-ci je ne me suis même pas posé de question, j'étais convaincu qu'il s'agissait bien d'un Shu. Peu fermenté, mais fermenté quand même. Comme quoi...
J'ai acheté 1 brique de ce thé. Et je ne le regrette pas ! Sauf s'il se révèle instable comme le dit récemment Denis...
Je trouve qu'il a quand même des caractéristiques d'un sheng, ce mordant, des restes de tannins...je ne sais pas trop comment dire...Il occupe bien la bouche, liqueur bien foncée, ronde, mais n'a pas la lourdeur d'un shu...mais c'est vrai qu'à l'aveugle rien ne dit que je saurais l'identifier...
J'ai pris mon habitude avec ce thé : un soir de la semaine, 5-6 infusions de cette liqueur apaisante et Les mystères de Paris...
Oui je confirme, il s'agit visiblement d'un sheng : perso je n'ai jamais senti de shu comme cela - et pourtant j'en ai pas loin de 40kg chez moi de divers fournisseurs-.
Il est effectivement hautement instable. J'en ai d'ailleurs plusieurs exemplaires achetés à des moments différents quoique rapprochés, à l'odeur ils sont assez différents (en dégustation je ne sais pas, je n'en ai entammée qu'une).
C'est un thé qui peut donner des moments de grands plaisir (pour peu qu'on soit sensible à ce qu'il donne) et des moments de grande frustration lors de la même dégustation. Au final, même si son prix demeure très intéressant, je suis un peu moins séduit qu'auparavant; Les thés hautement instables qu'il faut infuser très précisément pour les réussir, c'est de moins en moins pour moi.
L'autre jour avec des amis (plutôt issus du vin), on l'a dégusté en parallèle d'une fameuse 88 qing bing. Je l'ai peu dosée et infusée sur des durées moyennes et fait dans une théière et des tasses arrondissant un peu les choses. Elle est passée devant la qing bing pour 6 personnes sur 8 !
J'oubliais : deux choses :
- si tu aimes, houde en restocke régulièrement (ça arrive petit à petit chez lui). Il y en a actuellement 9 en stock :
http://www.houdeasianart.com/index.php?main_page=product_info&cPath=33&products_id=1376&zenid=a9c857012ac929e6c03d3983e2e5b767
- si tu veux goûter ce qu'est un shu moyennement fermenté, essaies le gu shu d'EoT ou le tuo V93 de MengHai. Tu verras que ça sent tout de même beaucoup plus le shu que cela.
Bonjour,
@Sébastien
Au moment où je termine les dernières tasses de ce thé, je me rends compte que finalement la frontière entre puerh brut stocké humide et puerh fermenté légèrement est parfois très mince.
Oui plus que très mince, elle peut dans certains cas être inexistante... pour la simple raison qu'un puerh issu d'un stockage humide subtil est en soit un "puerh fermenté légèrement"...
On est souvent influencé faussement par le terme "stockage humide" qui nous renverrais à l'idée de "stockage", alors qu'il s'agit bien d'une méthode de fermentation artificielle, tout comme le Wo Due (permettant de produire le shu cha) l'est...
Il faut tout de mme se rapeller que le shu cha a précisément été inventé pour simuler ce "stockage humide". Si aujourd'hui on s'en est éloigné, un certains nombre de shu cha légèrement fermentés comme on le faisait dans les années 70 et 80 sont excessivement proche de thés issus de bon stockages humides Hong Kongais...
@edp,
Quand à la question de la l'instabilité de ce thé, je ne l'ai pas gouté mais à ce que tu en dis je pencherais pour un défaut ou une absence de bonne revification, cette phase essentielle de stockage sec qui dans un bon "stockage humide" doit suivre la phase humide...
Cette phase est cruciale à un bon stockage traditionnel Hong Kongais (comme par exemple un certain nombre des vieux thés de qualité de la M3T), or celà prend souvent au moins 2 fois la phase initale de stockage humide, et coute donc très cher, ce qui explique notamment que la revification soit souvent baclée dans bon nombre de stockage de Canton (dont le but et bien souvent de produire du "style Hong Kong" pour moins cher)...
En ce sens ton thé n'est probablement "pas terminé", et tu es en train de terminer chez toi sa revification, ce qui explique son caractère très changeant et instable...
Il se stabilisera ainsi très probablement d'ici quelques années. C'est d'ailleurs relativement logique vu le jeune age (pour un stockage humide) de ce thé. Si tu comptes au moins 5 ans de stockage humide, celà fait un début revification vers 2008-2010... et quelque chose d'aboutit vers 2015...
(il fallait lire "quelque chose d'aboutit vers 2020", désolé pour la faute de calcul pourtant élémentaire)
Oui Olivier je suis d'accord, ce thé a besoin d'une phase de repos en stockage plus sec pour le lissage ; il me semble d'ailleurs l'avoir écrit sur mon deuxième post consacré à ce thé.
Je suis assez convaincu qu'après, en tout cas au niveau aromatique, ce sera un grand thé. Mais il va falloir être patient.
Malgré l'accueil plutôt élogieux de ce thé auprès de pas mal de d'amateurs, j'avoue que personnellement je ne sortirai pas les grands superlatifs.
Je peux comprendre que son caractère plaise surtout au vu de son âge. Mais pour quelqu'un comme moi qui n'a aucune attirance particulière pour les puerh stockés humides, ce thé ne m'émeut pas plus que ça.
C'est cependant propre, assez élégant aromatiquement, il y a une longueur séduisante aidée par une fine astringence si je me souviens bien, mais cependant je n'arrive pas à accrocher plus que ça.
Je vais donc suivre les conseils avisés d'Olivier et l'oublier pendant une petite décennie.
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