21 févr. 2012

Edo Bancha


Voici le "fameux" Bancha de PostcardTeas, qui avait été porté la première fois à ma connaissance par un billet de Francine (ici).


J'ai écrit "fameux" car les feuilles de ce thé sont à proprement parler extraordinaires... Je n'ai jamais vu ce type de feuilles nulle part ailleurs ! Elles sont immenses, (presque) entières, elle dégagent un très beau parfum de torréfaction qui - j'en suis certain - en cache d'autres, et on retrouve aussi de grosses tiges.
C'est pour le moins inhabituel.


Voici ce qu'il est dit de cet Edo Bancha 2011 sur le site de PostcardTeas :

Edo Bancha 2011 is a delicious dark roasted tea. Made by Mr Shiraki in the mountain village of Mandoroko from trees dating back to the early Edo period (1603-1867). This handsome tea shows why this little villages was once considered to produce some of the finest tea in Japan. Brew with water just off the boil and a teaspoon per cup.


"A dark roasted tea"... Roasted, OK, c'est évident. Il est impossible de passer à côté de cette odeur de grillé pourtant très fraîche. Mais dark ? Pourquoi dark ? Pour moi les "dark tea" sont une des appellations des thés fermentés, les puerh quoi. J'ai dû rater un épisode, mais j'aurais plutôt tendance à considérer que ce thé est un thé vert, vu que c'est un bancha...  Ce que ne laisse aucun doute, c'est qu'il sort tout à fait de l'ordinaire !



N'ayant pas l'habitude de doser en teaspoon, j'ai généreusement rempli mon gaiwan de feuilles, et j'y ai versé de l'eau bouillie et légèrement refroidie.
La première infusion a duré 1 minute.



Pour le coup, la couleur de la liqueur ne fait plus du tout penser à un thé vert ! Des effluves de torréfaction s'échappent sauvagement du zhong et embaument toute la pièce. C'est spectaculaire, vraiment très puissant. 

Paradoxalement, c'est très doux en bouche, les notes de grillé cèdent une bonne partie de leur monopole à du bois, du sucre, des fruits cuits, de la sève... Astringence et amertume très légères. Impressionnante longueur en bouche, c'est extrêmement plaisant et déroutant à la fois, je ne sais absolument pas ce que je suis en train de boire, ce thé n'a résolument rien de commun avec tout ce que j'ai pu tester jusqu'ici.


Infusion 2 (2 minutes) : la liqueur est toujours aussi puissante et déstabilisante. C'est torréfié comme un rocher, frais comme un thé vert, boisé comme un puerh, et au final c'est pourtant très équilibré et franchement réussi. Cet Edo Bancha est un OVNI.


Les feuilles, pourtant déjà infusées 2 fois, restent relativement rigides et solides (presque cassantes quoique tout de même un peu ramollies). Je ne sais pas si c'est dû à l'âge très respectable des théiers multi-centenaires, mais c'est du coriace !


Infusion 3 (3 minutes) : on prend les mêmes et on recommence. On m'avait averti qu'on ne pouvait tirer plus de deux ou trois infusions de ce thé, mais cette troisième liqueur ne montre presque aucun signe de faiblesse (peut-être est-ce dû à mon dosage, peu frileux). Je note tout de même une légère baisse des parfums, mais vu le niveau initial, ça reste très honorable. Ce Bancha est toujours aussi intéressant et singulier, c'est vraiment très enthousiasmant de goûter un thé aussi particulier !


L'infusion 4 (5 minutes, eau bouillante) me donne une dernière liqueur très en retrait : moins de corps, moins de présence en bouche, des parfums en net déclin. 


Conclusion : une superbe découverte, je suis ravi d'avoir pu goûter à ce thé hors du commun qui m'avait immédiatement tapé dans l'œil lorsque Francine en avait parlé - photos à l'appui. Un très grand merci au grand fan de Postcardteas qui m'a envoyé cet échantillon ! Et bravo à Tim pour cette trouvaille aussi exceptionnelle qu'insolite !

13 févr. 2012

Te Ji


Un thé rouge de Lan Ting Chun (Lincang, Yunnan), de 2011.
Eh oui, LTC - désormais célèbre dans le monde entier grâce à Olivier - fait aussi du thé rouge. Je suis vraiment très mal placé pour faire une review de thé rouge, mais bon...


La première infusion était un peu rêche (astringente, accrocheuse), mais la sous-couche boisée / maltée était plutôt douillette malgré tout. La suite s'est révélée beaucoup plus confortable au palais : beaucoup, beaucoup de rondeur, une texture vraiment soyeuse, et une bonne longueur en bouche. C'est fin, et ça se boit tout seul.


Pour autant, est-ce un très bon thé rouge ? Je dois dire que je n'en ai aucune idée. J'en bois tellement peu, et j'ai si peu d'expérience en la matière que tout ce que je peux dire c'est qu'il est plutôt bien fait, exempt de gros défaut apparent, et que je le trouve bon. Il doit certainement y avoir "thé rouge" et "thé rouge", mais j'ai bien peur de ne pas être capable de faire la différence entre 2 bons représentants de cette famille que je ne côtoie que très peu.

12 févr. 2012

Galette n°31


Encore une "vieillerie" de la M3T (sheng, 1998). Comme quoi, je répète sans cesse que je ne suis pas accro aux vieux puerh, mais en fin de compte j'en bois régulièrement :)





Bon, sinon, à part jouer avec mon appareil photo, j'ai énormément apprécié ce petit échantillon. Du velouté, de (très) beaux restes de verdeur, une personnalité vraiment affirmée et pourtant un profil très "vieux puerh" tout à fait "classique", dans le meilleur sens du terme.


Les notes initiales de cire/encaustique, vieux alcools (armagnac) ressentis au niveau des feuilles sèches dans la théière chaude se sont rapidement évanouies pour donner des liqueurs bien structurées malgré le dosage prudent, d'une appréciable complexité et d'une longueur enthousiasmante. 

Si je pouvais me téléporter 10 ans en arrière, j'achèterai sans doute une galette 31 :)

11 févr. 2012

Mi Xiang Wulong



Je continue ma découverte des petites billes de wulong torréfiées avec ce Mi Xiang Wulong de la Maison des Trois Thés.




Pas grand chose à en dire finalement. C'est torréfié (bah oui), fruité/acidulé, sucré... du miel ? Sans doute, mais le miel c'est tellement vague... Qu'y a-t-il de commun entre un miel toutes fleurs, un miel de sapin, un miel de châtaignier, de thym ??


C'est plutôt bon, aussi bien très infusé que peu. Tous les thés ne réagissent pas aussi bien aux variations de durées d'infusions. Là, on peut avoir quelque chose de très concentré sans amertume excessive, ou au contraire une liqueur très subtile mais pas fadasse pour un sou.





Au final, je dois bien avouer que Qi Lan 4, Si Ji Chun 2 ou Mi Xian Wulong, c'est un peu du pareil au même pour moi... Problème de technique d'infusion ? Manque d'habileté, incapacité à apprécier les finesses de ces thés ?
J'apprécie ces dégustations de wulong car elles sont relativement rares et il faut bien reconnaître que ces thés sont excellents, mais ce ne sera jamais ma famille de prédilection. 


Peut-être aussi que l'exercice ne m'amuse plus, ou que ma vision, ma pratique du thé évoluent... je n'en ai pas la moindre idée. Tout ce que je sais, c'est que le sencha a vraiment pris une place centrale dans ma vie de buveur de thé, et qu'une fois sur trois ou quatre, lorsqu'il est infusé à la perfection, cela me procure dès le matin un sentiment d'achèvement et de plénitude (qui ne dure pas, je vous rassure).

C'est fou, le pouvoir qu'ont ces petites feuilles japonaises...

8 févr. 2012

Mi80's Menghai sheng

Un échantillon de puerh cru sauvage en vrac (Menghai Tea Factory, mi 1980s), glissé par Stéphane dans ma dernière commande.
Les feuilles sont pour certaines vraiment imposantes, il y a également de très grandes tiges. Cela ressemtble en tout point à un beau vieux maocha. Et d'ailleurs, c'est exactement ça. Les feuilles sont en très bon état, et n'ont pas du tout l'air d'avoir été stockées n'importe comment. C'est sec, parfumé à souhait et totalement exempt des travers typiques des vieux puerh.


Plus ça va, plus je m'aperçois que je ne suis pas un fanatique des vieux puerh. Autant j'aime beaucoup en déguster un bon de temps en temps, autant je ne pourrais pas en boire tous les jours. Je m'éclate vraiment plus avec des jeunes sheng aiguisés, fougueux comme on dit. Ça va peut-être en étonner plus d'un, mais 9 fois sur 10 je préfère boire un bon "petit" sheng à pas cher mais bien fait, de l'année ou de moins de 5 ans, plutôt qu'une vieillerie millésimée.

Cela dit, ce vénérable Menghai me fait bien saliver, c'est l'avantage de n'en boire que très occasionnellement.


Autant le dire tout de suite, les premières infusions ont été ratées. Infusé trop brièvement, ce puerh n'avait presque aucune structure, que très peu de parfums, bref, rien à offrir à mes papilles pourtant mises en éveil par une promesse de sublime cachée dans cette liqueur.


En poussant bien plus avant les infusions, le thé se présente tel qu'il aurait dû l'être dès le début : il conserve la propreté et la précision lumineuse des infusions initiales trop faibles, mais il gagne en parfums, en texture et en puissance. C'est finalement équilibré, et surtout la liqueur reste propre et sèche : aucune trace de cave humide ou je ne sais quoi. C'est frais quoi !


Un modèle du genre ce puerh des années 80. Aucune saveur ou parfum parasite, de la vigueur, bien perceptible sous une carapace de douce noblesse, de la rondeur mais sans tomber dans l'onctuosité exagérée, bref, c'est tout à fait le type de vieux puerh que j'adore déguster consciencieusement ... de temps en temps.

Merci Stéphane !

31 janv. 2012

Kôshun

Deuxième sachet de sencha 2011 (toujours en provenance de la boutique thes-du-japon), un sencha de Fuji, cultivar Kôshun. Récolté à la main en avril dernier, ce sencha est une production de monsieur Akiyama. Florent vient d'ailleurs de publier sur son blog une interview de ce monsieur.


Ce Kôshun vient donc du même terroir que feu mon Tsuyu Hikari : Fuji, préfecture de Shizuoka. C'est également un sencha à étuvage standard (futsumushi sencha), ce qui est flagrant à l'ouverture du sachet : les feuilles sont très bien conservées, longues et peu brisées. Cela promet un beau spectacle dans le fond de la théière une fois la dégustation finie, et cela promet également une verse plus aisée (les fukamushi sencha, souvent en petites miettes, ont cette fâcheuse tendance à boucher le filtre de ma théière).


Les feuilles sèches, vraiment magnifiques, ont un parfum de hi-ire (torréfaction) assez peu marqué, ce qui me semble la norme pour les fustumushi sencha. Plonger le nez dans le sachet de ce Kôshun est plutôt déstabilisant, j'ai beaucoup de mal à décrire cette odeur certes de sencha, mais plutôt inédite.


Il est recommandé de doser généreusement, et de faire une première infusion un peu plus longue (1'20), avec une eau peu chaude (65°C). J'ai donc suivi ces recommandations, données sur le site de la boutique.


Pour une fois (n'est pas toujours le cas, loin de là, et ce quelle que soit la boutique), je me retrouve tout à fait dans la description faite de ce thé sur thes-du-japon : c'est vraiment très floral !

Beaucoup de fleurs donc, mais des fleurs légères et fraîches (rien à voir avec les wulong osmanthisants par exemple), presque piquantes ou pour le moins relativement herbacées. Une belle astringence offre une superbe longueur en bouche.


Il y a évidemment une grosse base végétale, et le rendu global reste doux et léger, très sencha quoi..
La liqueur est très légèrement salée, mais onctueuse sans tendre vers une texture grasse (que j'apprécie beaucoup dans les sencha cela dit). Ici c'est plus sec, très pur, richement parfumé. Cette première infusion, quasi translucide, est impressionnante de complexité florale. C'est pour moi du jamais-vu dans un sencha.


L'infusion 2 (30", eau un peu plus chaude) est tout aussi particulière. Le plus singulier est ce mélange de saveur salée/acide (c'est mon ressenti, il ne faut pas prendre au pied de la lettre tout ce que j'écris), sans doute provoqué par le côté fleurs fraîches et l'astringence atypique de ce sencha. C'est surprenant et déstabilisant, mais une fois passé le saisissement de la première gorgée, j'adhère sans réserve à ce sencha.


Infusion 3 (deux petites minutes) : mêmes qualités pour cette troisième liqueur, avec cependant un peu moins de parfums. La richesse, l'explosion fleurie en bouche des 2 premières infusions n'est plus aussi spectaculaire cette fois-ci. Cette troisième tasse est cependant loin d'être fade : ça reste vraiment très présent en bouche, c'est toujours aussi prenant et inédit en ce qui me concerne.


J'ai fait quelques infusions supplémentaires, qui se sont révélées très intéressantes, sans doute un peu à cause du relatif fort dosage (supérieur à un dosage classique pour un sencha) et sans doute aussi grâce à la très belle qualité de ce thé, qui est une superbe découverte. Merci monsieur Akiyama ! Merci Florent !