C'est avec un plaisir non dissimulé que j'ouvre ce sachet de fukamushi sencha du département de Kagoshima (
ville de Kirishima, à l'extrême Sud-Ouest du Japon), cultivar Asatsuyu (récolte du 28 avril 2012). C'est un thé en provenance de la boutique
thés-du-japon.
Je ne peux m'empêcher de copier ici quelques mots du site de la boutique à propos du cultivar Asatsuyu, j'espère que l'on me pardonnera ce nouvel emprunt :
Asatsuyu est un cultivar très célèbre, qui fait partie de la première vague d'enregistrement officiel des variétés de théiers japonais dans les années 50. Il est aujourd'hui l'ancêtre de très nombreux cultivars. Sa grande particularité est la couleur de sa liqueur : un vert émeraude profond, absolument splendide. Aussi, il s'agit d'un cultivar à la saveur très typé. Certes, très doux, voir douceâtre, il ne développe que très peu d'astringence, au point d'être parfois surnommé « gyokuro naturel ». Néanmoins, il possède un goût végétal très fort, que beaucoup compare à une saveur de fève, de haricot. Ainsi, il possède fans absolue et détracteurs féroces.
Au passage, on peut voir sur le blog de Florent, un
reportage sur Makizono, l'endroit exact d'où provient ce sencha, et également un
article spécialement dédié à ce thé en particulier. Avec tout ça, on est parés !
J'étais vraiment tombé sous le charme de la
version 2010, j'avais zappé la 2011, et je suis impatient de me plonger à nouveau dans cette liqueur d'un vert inimitable avec le cru 2012. Bien qu'étant incapable de dire si oui ou non ce thé aura goût de fèves - je n'en ai jamais mangé - j'espère que les textures, parfums et sensations seront à la hauteur de mon impatience :)
A l'ouverture du sachet, point de bouffée fruitée comme pour nombre d'autres thés japonais. Ici c'est la verdure végétale qui domine, et la torréfaction prend le dessus au fur et à mesure que le nez se rapproche des feuilles. Visuellement, on retrouve évidemment pas mal de brisures (c'est un fukamushi sencha), mais également quelques fines et belles feuilles roulées en aiguilles très fines. La couleur dominante est relativement claire, et les feuilles ne sont pas excessivement lustrées.
Note : quelques jours après l'ouverture du sachet, le parfum qui s'en dégage a beaucoup évolué : on y retrouve désormais une large composante fruitée, qui en revanche ne sera pas présente dans la tasse.
Première infusion (4 bons grammes / 80ml / 80°C / 50") : la liqueur est assez claire, brillante, pas trop "boueuse" pour un sencha à l'étuvage poussé (disons que l'on aperçoit le fond de la tasse :). C'est très doux, et le parfum de haricot est très net. C'est à la fois végétal vert / haricot blanc, avec une touche de riz presque sucré. Cette liqueur est très agréable en bouche, il n'y a aucune amertume / astringence, c'est une superbe bouffée de verdure.
Deuxième infusion (un peu plus chaude, très courte) : la liqueur verdit (le fameux vert Asatsuyu ?), se trouble et s'épaissit. Le haricot n'est plus aussi présent, on reste dans le végétal pur, tout en douceur, c'est vraiment superbe. Superbe, mais effectivement très sage : aucune pointe de mordant, tout est harmonieux, parfait, trop peut-être :)
Pour la troisième infusion, je pousse à une minute avec de l'eau plus chaude : la liqueur se trouble pour de bon sans toutefois tomber dans le "vaseux" à l'excès. La couleur de la liqueur est tout à fait en adéquation avec la grosse dominante végétale / légumière de ce sencha. Un très très léger début de commencement d'amertume pointe le bout de son nez, mais c'est très timide.
Ravi par ce thé, un fukamushi exemplaire en ce qui me concerne, et qui s'est très bien comporté lorsque j'ai essayé de varier les paramètres. Ma préférence va cependant à un mode d'infusion "classique", très proche de celui présenté ici (avec une eau peut-être un tout petit peu plus chaude pour faire ressortir une pointe d'amertume).