14 juil. 2011

Kukicha

Un échantillon de kukicha, ça sera une première pour moi. Je n'ai jamais eu l'occasion de goûter ce mélanche japonais de feuilles de thé vert et de branches, cette lacune va être comblée. Celui-ci a été produit par Yoshiaki Hiruma, ce qui laisse supposer que ce doit être un bon kukicha.


Sans surprise, l'aspect est plutôt conforme à ce que j'imaginais : des brindilles assez claires mélangées à des fragments de feuilles beaucoup plus sombres. L'odeur des feuilles : une belle dominante de "grillé", mais aussi une bonne proportion de "végétal", mais du végétal plutôt sec (contrairement à du végétal légume/iode), quoique frais et profond.


L'odeur dans la théière chaude est sensiblement identique, relativement puissante. Avant même de verser de l'eau sur ces feuilles, on peut déjà observer que c'est très différent d'un sencha. J'ai fait trois infusions à 75°C : 1'30, 30" et 2'.


La première liqueur est d'un jaune assez trouble, c'est plutôt épais en bouche, frais et végétal. C'est loin d'être "mauvais", mais c'est aussi bien loin d'un bon sencha. Un peu "rustre" de premier abord, la liqueur se diffuse ensuite avec moelleux et délicatesse dans toute la bouche.

La deuxième infusion m'est apparue davantage équilibré, d'une texture plus agréable. Un thé qui se boit vraiment tout seul, mais je ne pense pas que le kukicha pourra remplacer mon sencha matinal.

Troisième : ce thé vert me fait penser à certains thés verts chinois, surtout au niveau du pôle "grillé". Je ne sais pas si la méthode de séchage finale du kukicha est identique au processus de "hi-ire" utilisé pour les sencha, mais je trouve que le rendu est très différent. En tout cas, ça reste bien en bouche, c'est doux sans être douceâtre, frais, c'est plutôt bon quoi.


Je suis ravi d'avoir eu l'occasion de goûter ce thé assez particulier. Je ne connais pas son histoire (comment a-t-on eu l'idée de fabriquer un thé avec les tiges ?) mais le résultat final est assez convaincant, plutôt réussi pour cet exemplaire de chez Hiruma (d'autant plus que je l'ai infusé un peu au pif et qu'il doit être possible de faire mieux avec ces mêmes feuilles...). De là à en boire régulièrement, pas sûr... je préfère les sencha. J'ai d'ailleurs développé pour ces thés verts japonais une espèce d'amour matinal indéfectible. Le sencha a détroné le Long Jing. Pour l'instant.

6 commentaires:

Rayuela a dit…

C'est assez courageux de tenter trois infusions avec un kukicha, et en tout cas, cela ne remplacera jamais le sencha matutinal. Pour moi, c'est plus un doux breuvage pour les soirées un peu chaudes, quand les pu-erh ou les oolongs torréfiés ne vous disent rien. Deux infusions, grand max, un peu plus poussées que les vôtres et voilà... Un thé qui ne ressemble à rien, mais qui fait plaisir

放射性茶 a dit…

je cite : "C'est assez courageux de tenter trois infusions avec un kukicha, et en tout cas"

c'est surtout très courageux de boire du thé japonais en ce moment... vous ne vous rendez même pas compte des risques encourus

David a dit…

J'ai déjà gouté le kukicha de Hiruma et je me souviens avoir passé un moment très agréable. On est très loin du kukicha de base, et j'en avais fait de nombreuses infusions, ce qui m'avait considérablement surpris d'ailleurs.

放射性茶 = le thé radioactif... L'anti-thé japonais semble devenir un vrai lobby dernièrement (ou un hobby ?).

lionel a dit…

OUI ce Kukicha Honeppoi Yatsu de Hiruma-san est atypique, ce qui explique que l'on puisse en tirer de multiples infusions...

Je ne t'avais pas donné les indications précises de préparation Sébastien, mais je constate que tes paramètres sont proches de ce que propose Mr Hiruma...

放射性茶 : bel exemple de réaction d'opposition primaire, abrupte, irraisonnée, dogmatique : ce thé est une récolte 2010 !! Donc de radioactivité il n'est ici nullement question...(et même s'il était de 2011 la question aurait demandé plus de nuance que ça...). T'as bien raison David, c'est fou le nombre de ceux qui s'engouffrent dans ce hobby ces derniers temps...

Je vois Sébastien que tu as amené ta Tozo sur ton lieu de villégiature...très joli...Et j'aime bien lire ça : "J'ai d'ailleurs développé pour ces thés verts japonais une espèce d'amour matinal indéfectible". Tu tiens le bon bout !

vacuithe a dit…

Merci pour vos commentaires :)
Eh oui, ma Tozo ne me quitte pour ainsi dire plus. Je l'emporte au bureau, et là, pour quelques jours à la campagne, elle fait partie du voyage (ainsi qu'un Asatsuyu que je ne devrais pas tarder à ouvrir ;). Elle est d'ailleurs en train de sécher au soleil après avoir infusé un sencha de Hon.yama.
Pour ce qui est des thés radioactifs, c'est en effet un peu n'importe quoi car il s'agit d'un thé de 2010 :)
Je n'ai pas acheté de sencha 2011 parceque j'ai un gros stock de l'année dernière mais je dois dire que ce qui se passe en ce moment au Japon me préoccupe pour l'avenir. Je ne dispose pas (qui pourrait prétendre le contraire ??) des informations nécessaires pour me prononcer sur le caractère dangereux des récoltes japonaises 2011 ; tout ce que je peux dire, c'est que cela m'attriste beaucoup et me préoccupe pour l'avenir... Du coup je noie mes inquiétudes dans le thé, et ça marche !
Bons thés à tous !
Sébastien

Florent Weugue a dit…

Petite précision, le kukicha est une sorte de thé de recyclage, lors de la phase de finition d'un sencha, il y a cette phase de ré séchage appelée Hi ire, mais aussi, on trie, et notamment enlève les tiges, cela donnera un kuki cha. La poudre ainsi triée donne elle le kona cha, et les petits morceaux brisés de jeunes pousses le me-cha.
Un kukicha fait de tiges de gyokuro est appelé karigane.

Enfin, il est vrai qu'on ne fait souvent qu'une seule infusion avec un kukicha.