29 oct. 2011
7578 - Haiwan 2005
Pour changer un peu des puerh bruts du Lincang, voici une galette de puerh fermenté du Xishuangbanna (via mon fournisseur habituel). Il s'agit de la recette 7578 de Haiwan, dans son millésime 2005. Cette galette reprend la célèbre recette 7572 de la Menghai Tea Factory (Haiwan a cessé depuis 2007 de produire des recettes issues de Menghai).
Je bois assez peu de puerh fermentés (par rapport aux jeunes puerh bruts, ça être un rapport de 1 à 30), mais il y a des jours - comme aujourd'hui - où j'ai réellement envie de boire un shu cha et rien d'autre. Je me suis donc laissé tenter par cette galette (ainsi qu'une seconde, to be continued) pour assouvir mes soifs de shu cha car mon stock de puerh fermentés est vraiment limité.
Cette galette, issue d'un stockage sec, est composée de feuilles morcelées, de petits bourgeons et de brindilles, le tout dans une couleur évidemment relativement foncée (à part les bourgeons, plutôt marron/kaki). La compression est raisonnable, j'en extrais quelques grammes. Les feuilles sèches ont sans surprise l'odeur typique des shu cha (dominante de vieux bois, terre, humus, champignons, notes animales et cuirs), mais sans tomber dans la caricature. Ça enveloppe le nez, c'est rond et agréable.
Rinçages, infusion : belle liqueur acajou très clean, sans particules et sans aucune turbidité, c'est frais et suave à la fois, c'est bien parti.
Pas de réelle surprise pour la suite des évènements, c'est un bon puerh fermenté, sans saveurs off, bien équilibré et qui tient bien en bouche. Aucun reproche à lui faire, surtout pour le prix (une cinquantaine d'euros de mémoire la galette de 2005). Je ne dis pas qu'il est impossible de trouver un meilleur shu pour moins cher, mais il est très facile de trouver beaucoup moins bien pour beaucoup plus cher :)
J'ai alterné une petite tasse en verre et la tasse à puerh de David Louveau, j'ai maintenant la certitude que je préfère cette dernière sur des puerh fermentés.
Un puerh léger, pas ultra complexe mais qui se boit vraiment sans se poser de questions, boisé et très rond, long et d'une pureté irréprochable. Loin d'être monolithique et pesant, ce puerh garde une certaine dynamique bien agréable qui souligne la qualité de l'ensemble.
Très endurants, les arômes tiennent bien la route durant un grand nombre d'infusions. Bilan sans ambiguïté : un excellent shu cha qui va rejoindre ses rares confrères dans mes stocks de thé pour étancher ma soif de shu cha, toujours plus fréquente en automne / hiver que le reste de l'année.
28 oct. 2011
Mengku Mu Shu 2006
Une nouvelle galette de puerh brut, de chez Mengku, également sourcée par Olivier. C'est une Mu Shu de 2006, réalisée à partir de feuilles du terroir de Bing Dao, village du xian de Shuangjiang.
Clic clic, Wikipedia |
Ce thé vient donc d'un patelin relativement proche (à l'échelle chinoise) du lieu d'où provient le superbe maocha testé dernièrement. Cela ne veut strictement rien dire, mais repenser à ce puerh suffit à me donner l'eau à la bouche.
Carte Wikipedia (auteur : Croquant), modifiée par mes soins. |
Répétez après moi : Shuāngjiāng lāhùzú wǎzú bùlǎngzú dǎizú Zìzhìxiàn !
Une fois ces précisions géographiques apportées (je sais pas vous, mais moi ça m'intéresse beaucoup, de savoir d'où vient le thé que je m'apprête à boire), il ne me reste plus qu'à vous montrer cette Mu Shu : l'emballage...
et son contenu :
L'eau est chaude, reste plus qu'à infuser !
Avant même de verser l'eau bouillante sur les feuilles, un parfum vraiment alléchant se dégage de la théière préchauffée : un parfum qui m'évoque plein de bons souvenirs et qui me rappelle fortement certaines galettes de ma modeste collection. Je sens que ce thé va me plaire :)
Rinçages, infusions.
Rien à dire, c'est superbe. Un tapis végétal encore bien frais malgré ses 6 ans, des parfums davantage typés bois "genre santal", du fruit (beaucoup moins que le maocha évoqué précédemment, mais dans le même style), et surtout ces fameuses fins de tasses extraordinaires (pour moi en tout cas) : lorsque la tasse est tout juste vidée, encore chaude, il y réside un parfum presque humain, absolument indescriptible, dont je ne me lasse pas.
Bref, aucun reproche, c'est très fin, long en bouche, subtil mais pas mou, délicatement astringent, des effluves boisés, c'est beau c'est bon c'est bien fait et élégant.
Ce puerh ressemble beaucoup à un autre que certains lecteurs connaissent sans doute et que j'ai maintes fois évoqué, la galette Min Feng de Yong De (2006 également).
Il faudrait les déguster simultanément, mais pour comparer je dirais que cette Mu Shu est tout aussi bonne, mais plus fruitée, plus sage et plus subtile. La Yong De fait un peu moins dans la finesse mais en contrepartie, on a un rendu un peu plus velu (elle est également moins chère).
Que dire de plus ? Pas grand chose si ce n'est que voici une superbe galette que j'aurais certainement achetée en plusieurs exemplaires si mes placards n'avaient pas été déjà aussi bien garnis en thés de Lincang (et aussi si mes finances avaient pu suivre la cadence).
D'ailleurs en parlant de Lincang, il va falloir d'urgence que je boive quelques puerh d'un autre terroir, car j'ai l'impression que je vais finir par ne plus pouvoir boire que des thés du coin. Trop de Lincang tue le Lincang ? Je n'en suis pas encore là, et à vrai dire je n'arrive pas à m'en lasser :)
Décidément, c'est une région qui me plaît beaucoup de par les thés qu'elle produit, et que j'aimerais vraiment avoir l'occasion (comprendre : le temps et les moyens) de visiter "en vrai".
16 oct. 2011
Lan Ting Chun - Organic 2011
Version 2011 du puerh bio du producteur Lan Ting Chun, basé dans le xian de Yong De, préfecture du Lincang. J'ai déjà eu l'occasion de goûter les versions 2000, 2007 et 2010 de ce thé ainsi que des bourgeons fermentés en provenance de ce monsieur Diguoting.
Je suis vraiment tombé sous le charme de ce puerh "bio" issu d'un superbe jardin d'arbres anciens à Min Feng. Au point de faire l'acquisition d'un tong du millésime 2011 (pour les mêmes raisons qui m'avaient poussé à stocker un tong du puerh "Or violet" de Wang Bing).
Afin de ne pas être obligé d'ouvrir le délicat emballage de bambou de ce tong, j'ai pris soin de commander une galette supplémentaire, que voici, pour pouvoir la goûter tout de suite, puis régulièrement dans les années à venir pour surveiller son évolution.
L'emballage de cette galette est identique aux millésimes 2007 et 2010. Une fois déballée, je retrouve avec une petite larme à l'œil cette fabuleuse odeur de puerh qui m'a déjà enthousiasmée par le passé (je suis définitivement vraiment fan des puerh de la région de Lincang).
La galette est superbe, assez peu compressée, rien à redire, on est tout à fait au même niveau de qualité que pour les millésimes précédents. Une différence de taille cependant, c'est l'épaisseur de la galette. Les versions précédentes n'étaient pas aussi épaisses. Là, les bords sont vraiment généreux et souples, une compression vraiment bien dosée qui laissera sans doute bien mieux respirer les feuilles de ce thé.
Pour ce cru 2011, le Nei Piao est remplacé par un petit livret de 3 pages qui doit certainement nous donner plein d'infos sur les résultats de nombreuses analyses phisico-chimiques nécessaires à l'obtention du label bio.
Environ 7g de thé, très aisément extraits de cette galette sont placés dans une petite théière d'environ 10cl, et c'est parti : rinçages, infusions flash puis de plus en plus longues.
Très belle couleur pour un si jeune sheng, superbe présence et longueur en bouche de la liqueur, des arômes fins et bien structurés, le tout est une nouvelle fois une très belle réussite. C'est à la fois très végétal car très jeune, mais déjà finement "boisé" et les liqueurs arborent fièrement cette composante "musquée", flagrante dans les tasses vides, que j'adore plus que tout. Lorsque je me surprends à respirer avidement le nez dans la tasse, les yeux fermés, c'est bon signe.
Sans surprise, c'est très semblable au 2010. Si l'expérience avait un intérêt quelconque, j'aurais bien procédé à une dégustation parallèle, mais au-delà des similitudes évidentes, il serait bien difficile de déterminer l'origine des subtiles différentes qui ne manqueraient pas d'apparaître : l'année de stockage en France du 2010, les différences de conditions météo, des dizaines d'autres différences dans le processus de fabrication ?
Alors, que dire de plus par rapport à mon billet sur le 2010 ? Pas grand chose, je suis ravi de mon achat, il est au moins aussi bon que le 2010. Un puerh de l'année qui n'a rien à envier à d'autres productions beaucoup plus chères ou plus "prestigieuses". Moi ça me va. Que ce type de "petits" producteurs reste plus ou moins méconnu en occident, malgré le travail acharné d'Olivier pour les révéler aux yeux du monde, et les prix resteront soutenables pour les amateurs peu fortunés comme moi :)
Cela dit, il ne serait que justice que les produits de ce monsieur Diguoting soient reconnus à leur juste valeur. Alors bon, ce n'est pas ma modeste contribution qui y changera grand chose, mais si vous cherchez un bon puerh à un prix vraiment plus que raisonnable, je ne saurais que trop vous conseiller ce puerh brut.
Je suis vraiment tombé sous le charme de ce puerh "bio" issu d'un superbe jardin d'arbres anciens à Min Feng. Au point de faire l'acquisition d'un tong du millésime 2011 (pour les mêmes raisons qui m'avaient poussé à stocker un tong du puerh "Or violet" de Wang Bing).
Afin de ne pas être obligé d'ouvrir le délicat emballage de bambou de ce tong, j'ai pris soin de commander une galette supplémentaire, que voici, pour pouvoir la goûter tout de suite, puis régulièrement dans les années à venir pour surveiller son évolution.
L'emballage de cette galette est identique aux millésimes 2007 et 2010. Une fois déballée, je retrouve avec une petite larme à l'œil cette fabuleuse odeur de puerh qui m'a déjà enthousiasmée par le passé (je suis définitivement vraiment fan des puerh de la région de Lincang).
La galette est superbe, assez peu compressée, rien à redire, on est tout à fait au même niveau de qualité que pour les millésimes précédents. Une différence de taille cependant, c'est l'épaisseur de la galette. Les versions précédentes n'étaient pas aussi épaisses. Là, les bords sont vraiment généreux et souples, une compression vraiment bien dosée qui laissera sans doute bien mieux respirer les feuilles de ce thé.
Pour ce cru 2011, le Nei Piao est remplacé par un petit livret de 3 pages qui doit certainement nous donner plein d'infos sur les résultats de nombreuses analyses phisico-chimiques nécessaires à l'obtention du label bio.
Mais bon, c'est du chinois :)
Environ 7g de thé, très aisément extraits de cette galette sont placés dans une petite théière d'environ 10cl, et c'est parti : rinçages, infusions flash puis de plus en plus longues.
Très belle couleur pour un si jeune sheng, superbe présence et longueur en bouche de la liqueur, des arômes fins et bien structurés, le tout est une nouvelle fois une très belle réussite. C'est à la fois très végétal car très jeune, mais déjà finement "boisé" et les liqueurs arborent fièrement cette composante "musquée", flagrante dans les tasses vides, que j'adore plus que tout. Lorsque je me surprends à respirer avidement le nez dans la tasse, les yeux fermés, c'est bon signe.
Sans surprise, c'est très semblable au 2010. Si l'expérience avait un intérêt quelconque, j'aurais bien procédé à une dégustation parallèle, mais au-delà des similitudes évidentes, il serait bien difficile de déterminer l'origine des subtiles différentes qui ne manqueraient pas d'apparaître : l'année de stockage en France du 2010, les différences de conditions météo, des dizaines d'autres différences dans le processus de fabrication ?
Alors, que dire de plus par rapport à mon billet sur le 2010 ? Pas grand chose, je suis ravi de mon achat, il est au moins aussi bon que le 2010. Un puerh de l'année qui n'a rien à envier à d'autres productions beaucoup plus chères ou plus "prestigieuses". Moi ça me va. Que ce type de "petits" producteurs reste plus ou moins méconnu en occident, malgré le travail acharné d'Olivier pour les révéler aux yeux du monde, et les prix resteront soutenables pour les amateurs peu fortunés comme moi :)
Cela dit, il ne serait que justice que les produits de ce monsieur Diguoting soient reconnus à leur juste valeur. Alors bon, ce n'est pas ma modeste contribution qui y changera grand chose, mais si vous cherchez un bon puerh à un prix vraiment plus que raisonnable, je ne saurais que trop vous conseiller ce puerh brut.
14 oct. 2011
Chi Tse Beeng - Feng Qing 2004
Dégustation d'une galette produite et stockée dans la préfecture de Lincang : une Chi Tse Beeng 2004 de la Feng Qing Tea Factory. Cette galette est sur-emballée aux couleurs de puerh.asia, ce qui est bien pratique pour identifier le thé et pour offrir une protection supplémentaire à la galette.
L'odeur à travers l'emballage est pleine de promesses, ça sent vraiment le très bon puerh, je vais mettre l'eau à chauffer, et je déballe !
La galette est composée de petites feuilles assez foncées, mais ce qui me marque le plus, c'est la compression extrême des bords de la galette : à certains endroits, on ne distingue même plus les feuilles tellement l'ensemble a été comprimé ! La texture (la maille) visible à la surface de la galette est-elle la marque du tissu dans lequel les feuilles ont été placées juste avant la compression ?
Bizarrement, la galette a une odeur beaucoup moins prenante une fois déballée. En revanche, dès que l'on commence à l'attaquer au pic à puerh, on retrouve une puissante odeur de sheng cha, enivrante et très classe.
Finalement, cette galette est beaucoup moins compressée qu'elle n'en a l'air et il est relativement aisé d'extraire quelques grammes de thé.
Je choisis un zhong pour sa neutralité et pour son côté pratique, le préchauffe et y dépose les quelques 7 grammes de thé prélevés. L'odeur est franche bien que relativement peu puissante, elle m'est plutôt familière et résonne comme un puerh encore jeune. Ce Chi Tse Beeng ne fait pas son âge ; je lui aurais bien donné au minimum 2 ans de moins.
Double rinçage et premières infusions : j'obtiens une liqueur dotée d'une forte et immédiate présence en bouche. Les arômes sont francs, typés musc, bois et épices, tout à fait mon registre préféré. En bouche là aussi (dans une moindre mesure), ce puerh fait plutôt jeune. Ce qui est certain, c'est que le stockage n'a pas été humide pour un sou !
C'est rond, long en bouche, précis, bien dessiné, c'est bon quoi :) Le tout est souligné par une amertume tout de même bien marquée, qui a une légère tendance à mettre en valeur une petite acidité un peu troublante, mais je mets ça sur le dos du fort dosage et des durées d'infusion peut-être un peu exagérées.
Effectivement, en réduisant les temps, cette amertume "déviante" disparaît totalement et laisse place à toutes les qualités de ce puerh. Au nez surtout, c'est superbe : que ce soit dans le couvercle du zhong, au-dessus de la liqueur ou dans la tasse à peine vidée, je retrouve tout ce que j'aime dans un puerh brut.
La liqueur est dense mais souple, les arômes montent vraiment en puissance et l'amertume devient très agréable quoique soutenue. C'est complexe sans être un feu d'artifice, solide sans être brut, et moelleux sans être mou ni liquoreux. Ce puerh a de la réserve (il suffit de pousser un peu une infusion pour s'en apercevoir), une belle endurance et une homogénéité remarquable. Ce premier contact est tout à fait concluant pour moi.
Alors, aucun reproche à formuler à l'encontre de cette Chi Tse Beeng 2004 ? Eh bien non, c'est l'exemple type du très bon puerh que je vais boire avec plaisir. Par contre, si il n'a aucun défaut à mon goût, il ne m'a pas non plus offert beaucoup d'inédit, de surprise. Une belle découverte certes, mais une découverte dans un registre qui m'est familier, avec cependant deux caractéristiques inhabituelles : l'aspect du bord de la galette (jamais vu ça à ce point là), et le fait que ce puerh me paraisse plus jeune qu'il ne l'est.
Cela dit, mon enthousiasme est sans doute tempéré car je m'attendais peut-être à un "choc" aussi énorme que celui provoqué par ma toute récente dégustation du maocha de Shuangjiang.
13 oct. 2011
Maocha de Shuangjiang
Voici un maocha déniché par Olivier au mois de mai au fin fond des montagnes du xian autonome de Shuangjiang (village de Bang Xie), c'est à dire dans le sud de la région (préfecture) de Lincang (Yunnan).
Bref, Olivier était parti rencontrer un spécialiste de la culture du Yunnan, Monsieur Feng, auteur d'un livre sur la minorité ethnique 'Bulang', sans savoir qu'il était à la retraite et qu'il... produisait du thé !
Evidemment Olivier n'est pas revenu les mains (le sac à dos) vides, et j'ai eu la chance de pouvoir lui acheter un peu de ce maocha du printemps dernier.
Lorsque j'ai déballé hier soir le carton de ma dernière commande de thé, j'ai bien sûr fourré mon nez dans tous les petits (et gros) sachets qu'il contenait, et ce maocha m'a vraiment tapé dans l'œil : une odeur de fruit vraiment spectaculaire ! Je n'ai pas pu attendre davantage, il fallait absolument que je le goûte.
L'odeur dans ce sachet est réellement incroyable : du fruit, presque du bonbon, sur une bonne base de puerh jeune, frais mais très doux. Je n'arrive pas à mettre un nom sur cet arôme de fruit, ça m'agace.
Lors du rinçage, une verdeur végétale assez vive se fait sentir dans le couvercle du zhong, puis immédiatement après, on observe un retour du fruit.
Trois ou quatre premières infusions : douceur et surtout rondeur fantastiques, du fruit encore et toujours, du relief grâce à une délicate amertume, une texture d'anthologie, une pureté absolue, je suis fan.
Quatre ou cinq infusions suivantes : l'extrême douceur veloutée des premières infusions, donnant une atmosphère plutôt féminine à ce puerh, se métamorphose au fur et à mesure de l'augmentation des durées d'infusion en quelque chose de plus acéré, tranché, dans les épices et le bois. Ce qui est magique, c'est que la liqueur conserve pourtant cette fantastique rondeur sucrée et fruitée des premières infusions.
La lente métamorphose en quelque chose de plus "masculin" laisse apparaître un profil aromatique "Lincang" que je n'avais pas détecté au début de la dégustation (et ce n'est pas pour me déplaire). De plus, ce changement de rendu apporte une longueur en bouche vraiment intéressante.
Peut-être un petit reproche tout de même : j'aurais aimé que ce puerh soit un peu plus endurant (disons que pour conserver la superbe de ce thé, il faut le pousser un peu et du coup l'amertume prend un peu trop le dessus et déséquilibre légèrement l'ensemble).
Reproche à tempérer tout de même : je l'ai peut-être un peu sous-dosé malgré le bon remplissage du zhong.
Il n'est pas forcément aisé de bien doser les maocha, les quantités étant difficiles à évaluer... la prochaine fois, je ferai davantage déborder le zhong avec les feuilles sèches.
"Reproche" à relativiser doublement car quelques infusions tard, le palais baignant dans cette amertume profitable, c'est un troisième pan de ce puerh que l'on découvre et du coup on peut poursuivre sans aucun problème.
En toute fin de session, la douceur sucrée revient sur la pointe des pieds, doucement mais sûrement, et la relative puissance de ce puerh laisse place à une agonie des parfums tout en subtilité et en fruits.
Une dégustation en 3 voire 4 temps, riche et dynamique, une superbe découverte.
Un puerh à re-tester rapidement en théière et/ou dosé différemment en zhong. Merci et bravo Olivier pour cette trouvaille !!
Olivier, j'ai essayé de reconstituer géographiquement la chose à partir des bouts d'infos que j'avais, de ce que j'ai déchiffré sur le sachet, et avec quelques recherches sur internet. Donc n'hésite pas à me corriger, j'updaterai :)
Bref, Olivier était parti rencontrer un spécialiste de la culture du Yunnan, Monsieur Feng, auteur d'un livre sur la minorité ethnique 'Bulang', sans savoir qu'il était à la retraite et qu'il... produisait du thé !
Evidemment Olivier n'est pas revenu les mains (le sac à dos) vides, et j'ai eu la chance de pouvoir lui acheter un peu de ce maocha du printemps dernier.
Tu me dis, hein, Olivier, si ça te gêne que je raconte ta vie à tout le monde ;)
Lorsque j'ai déballé hier soir le carton de ma dernière commande de thé, j'ai bien sûr fourré mon nez dans tous les petits (et gros) sachets qu'il contenait, et ce maocha m'a vraiment tapé dans l'œil : une odeur de fruit vraiment spectaculaire ! Je n'ai pas pu attendre davantage, il fallait absolument que je le goûte.
L'odeur dans ce sachet est réellement incroyable : du fruit, presque du bonbon, sur une bonne base de puerh jeune, frais mais très doux. Je n'arrive pas à mettre un nom sur cet arôme de fruit, ça m'agace.
Lors du rinçage, une verdeur végétale assez vive se fait sentir dans le couvercle du zhong, puis immédiatement après, on observe un retour du fruit.
Trois ou quatre premières infusions : douceur et surtout rondeur fantastiques, du fruit encore et toujours, du relief grâce à une délicate amertume, une texture d'anthologie, une pureté absolue, je suis fan.
Quatre ou cinq infusions suivantes : l'extrême douceur veloutée des premières infusions, donnant une atmosphère plutôt féminine à ce puerh, se métamorphose au fur et à mesure de l'augmentation des durées d'infusion en quelque chose de plus acéré, tranché, dans les épices et le bois. Ce qui est magique, c'est que la liqueur conserve pourtant cette fantastique rondeur sucrée et fruitée des premières infusions.
La lente métamorphose en quelque chose de plus "masculin" laisse apparaître un profil aromatique "Lincang" que je n'avais pas détecté au début de la dégustation (et ce n'est pas pour me déplaire). De plus, ce changement de rendu apporte une longueur en bouche vraiment intéressante.
Peut-être un petit reproche tout de même : j'aurais aimé que ce puerh soit un peu plus endurant (disons que pour conserver la superbe de ce thé, il faut le pousser un peu et du coup l'amertume prend un peu trop le dessus et déséquilibre légèrement l'ensemble).
Reproche à tempérer tout de même : je l'ai peut-être un peu sous-dosé malgré le bon remplissage du zhong.
Il n'est pas forcément aisé de bien doser les maocha, les quantités étant difficiles à évaluer... la prochaine fois, je ferai davantage déborder le zhong avec les feuilles sèches.
"Reproche" à relativiser doublement car quelques infusions tard, le palais baignant dans cette amertume profitable, c'est un troisième pan de ce puerh que l'on découvre et du coup on peut poursuivre sans aucun problème.
En toute fin de session, la douceur sucrée revient sur la pointe des pieds, doucement mais sûrement, et la relative puissance de ce puerh laisse place à une agonie des parfums tout en subtilité et en fruits.
Une dégustation en 3 voire 4 temps, riche et dynamique, une superbe découverte.
Un puerh à re-tester rapidement en théière et/ou dosé différemment en zhong. Merci et bravo Olivier pour cette trouvaille !!
Ce puerh me pose tout de même un problème : il va falloir que je lui trouve une jarre, ça m'embêterait de le laisser dans un sachet en plastique...
12 oct. 2011
Too much ?
Il y a à peine 2 jours, je me disais que si je mettais les bouchées doubles, je viendrai peut-être d'ici la fin de l'année à bout de tous les échantillons que j'ai en attente. C'était sans compter sur le contenu d'un carton en provenance du Yunnan reçu hier soir (merci Olivier !)
En même temps, je ne me plains pas : je suis impatient de découvrir tous ces petits échantillons dont certains ont plus que retenu mon attention (j'ai plongé le nez dans le gros sac de maocha que vous pouvez apercevoir en bas de la photo, c'est tout simplement hallucinant !!), et de m'atteler à la dégustation de ces quelques galettes. Bien sûr, je ne manquerai pas d'en parler ici.
Alors, too much ? Que nenni. Je risque seulement d'avoir quelques difficultés pour dégager suffisamment de temps à consacrer à ces petites merveilles (il y a deux petites merveilles d'un autre genre qui occupent pas mal de mon temps en ce moment :).
A suivre...
En même temps, je ne me plains pas : je suis impatient de découvrir tous ces petits échantillons dont certains ont plus que retenu mon attention (j'ai plongé le nez dans le gros sac de maocha que vous pouvez apercevoir en bas de la photo, c'est tout simplement hallucinant !!), et de m'atteler à la dégustation de ces quelques galettes. Bien sûr, je ne manquerai pas d'en parler ici.
Alors, too much ? Que nenni. Je risque seulement d'avoir quelques difficultés pour dégager suffisamment de temps à consacrer à ces petites merveilles (il y a deux petites merveilles d'un autre genre qui occupent pas mal de mon temps en ce moment :).
A suivre...
11 oct. 2011
Kabuse-cha
Mon sachet de Kama-iri cha ayant rendu l'âme (ou presque), je me prépare avec délices à ouvrir le suivant sur ma liste, le cru 2010 du Kabuse-cha de Uji (préfecture de Kyōto) sélectionné par Florent pour Thés du Japon.
Les théiers à l'origine de ce thé (tout comme pour les gyokuro et matcha) ont été ombrés afin de faire grimper le taux d'acides aminés dans les feuilles. Cet ombrage est réalisé dans le but de faire ressortir la douceur du thé.
N'ayant jamais bu de gyuokuro ni de kabuse-cha, c'est aujourd'hui une grande première pour moi ! Ce kabuse-cha de Uji, cultivar Samidori (une luxueuse variété de théier spécialement conçue pour la culture ombrée - dixit Florent) va donc être la transition parfaite entre les sencha auxquels je commence à être habitué, et le gyokuro qui m'attend sagement dans son sachet sous vide.
Pour la préparation du ce thé, je me suis très largement inspiré du dernier article de Florent, qui aborde la question de l'infusion des kabuse-cha : faut-il les préparer comme des gyokuro, comme des sencha ou bien d'une autre façon ? Je vous conseille, si ce n'est pas déjà fait, la lecture de son article pour y voir un peu plus clair.
Ces longues aiguilles sont superbes, très finement travaillées, et d'un vert sombre au lustre prononcé. L'odeur de "hi-ire" est plaisante, et se mêle à des parfums plus doux, plus subtils. Tout cela me donne très soif... Vite, faire chauffer l'eau !
Pour cette découverte du Kabuse-cha, j'ai ressorti ma balance et mon thermomètre afin de ne pas commettre de gros impairs, et j'ai rapatrié mon kyusu, utilisé ce matin au bureau avec le Kama-iri cha de Florent, dont il ne me reste plus que 4 malheureux grammes.
Voici donc les paramètres pour lesquels j'ai opté : 6g de thé pour environ 90 ml - 60°C/1'15" - 65°C/10" - 75°C/30" - 90°C/2'
Première infusion : j'obtiens une liqueur jaune relativement claire et assez peu troublée. Assez étonnamment, c'est plutôt fort en bouche : je m'attendais à quelque chose de vraiment très doux, c'est plutôt une fine amertume qui m'envahit et qui vient souligner une texture dense, grasse et très souple. Très agréable en bouche, ce kabuse-cha délivre toute une gamme d'arômes végétaux, et un petit quelque chose de fruité. Il est surtout très long en bouche, tout en finesse.
Deuxième infusion : la liqueur se trouble légèrement et reste dans les tons jaunes. L'amertume est vraiment minimaliste pour ce deuxième tour. Hormis cette amertume fine et élégante, les parfums semblent un peu en retrait mais ils s'affinent. J'ai beaucoup de mal à les distinguer.
C'est riche, fin et précis, doux mais pas fade, moelleux et affûté.
Et surtout, très très long en bouche. Des arômes de poire ont été évoqués par Florent et Lionel, j'ai cru effectivement discerner quelque chose dans ce genre, mais c'est difficile de savoir dans quelle mesure j'ai été influencé par mes lectures... En tout cas, c'est très bon le kabuse-cha, je conseille :)
Troisième infusion : la liqueur se trouble encore un tout petit peu plus, mais rien de comparable avec un fukamushi sencha boueux à souhait ! L'astringence revient un peu plus en force (à relativiser tout de même, ce n'est pas un Bulang non plus), c'est toujours très long en bouche, toujours des parfums fruités et végétaux, et toujours en douceur.
Je dois avouer que ce n'est pas du tout la douceur à laquelle je m'attendais. Je m'attendais à une sorte de "sirop de thé", beaucoup de sucre et de fruit, quelque chose de vraiment caricatural. Il n'en est rien. En revanche, ce Kabuse-cha est d'une rondeur inouïe, sa texture est vraiment agréable (huileuse disait Lionel, c'est tout à fait ça) et sa longueur en bouche, pfff....
Quatrième et dernière infusion : la liqueur s'éclaircit légèrement et devient plus brillante, presque translucide.
Cette infusion longue et chaude a réveillé l'astringence, mais le palais y a été préparé et je ne saurais dire si elle est réellement plus importante que pour les infusions précédentes. Le rendu en bouche est frais, toujours fin et tranchant, propice à une bonne salivation.
La liqueur reste très ronde en bouche, et bien que cette dernière infusion soit la moins parfumée des 4, elle offre pourtant quelque chose de vraiment intéressant surtout au niveau de sa structure, de son rendu, et surtout, surtout... de la longueur en bouche.
Agréablement surpris par ce kabuse-cha, je dirais qu'il vaut surtout le détour pour sa spectaculaire longueur en bouche. Quelques minutes après avoir vidé sa tasse, on se surprend à littéralement respirer ce thé, il évolue lentement en bouche et dans le corps bien longtemps après la fin de la dégustation.
Ce n'est qu'au bout de quelques minutes qu'on obtient un arrière-goût très doux, fin et bienfaisant. Un vrai bonheur. Une des plus impressionnantes longueurs en bouche jamais observées sur un thé vert...
Les théiers à l'origine de ce thé (tout comme pour les gyokuro et matcha) ont été ombrés afin de faire grimper le taux d'acides aminés dans les feuilles. Cet ombrage est réalisé dans le but de faire ressortir la douceur du thé.
N'ayant jamais bu de gyuokuro ni de kabuse-cha, c'est aujourd'hui une grande première pour moi ! Ce kabuse-cha de Uji, cultivar Samidori (une luxueuse variété de théier spécialement conçue pour la culture ombrée - dixit Florent) va donc être la transition parfaite entre les sencha auxquels je commence à être habitué, et le gyokuro qui m'attend sagement dans son sachet sous vide.
Pour la préparation du ce thé, je me suis très largement inspiré du dernier article de Florent, qui aborde la question de l'infusion des kabuse-cha : faut-il les préparer comme des gyokuro, comme des sencha ou bien d'une autre façon ? Je vous conseille, si ce n'est pas déjà fait, la lecture de son article pour y voir un peu plus clair.
Ces longues aiguilles sont superbes, très finement travaillées, et d'un vert sombre au lustre prononcé. L'odeur de "hi-ire" est plaisante, et se mêle à des parfums plus doux, plus subtils. Tout cela me donne très soif... Vite, faire chauffer l'eau !
Pour cette découverte du Kabuse-cha, j'ai ressorti ma balance et mon thermomètre afin de ne pas commettre de gros impairs, et j'ai rapatrié mon kyusu, utilisé ce matin au bureau avec le Kama-iri cha de Florent, dont il ne me reste plus que 4 malheureux grammes.
Voici donc les paramètres pour lesquels j'ai opté : 6g de thé pour environ 90 ml - 60°C/1'15" - 65°C/10" - 75°C/30" - 90°C/2'
Première infusion : j'obtiens une liqueur jaune relativement claire et assez peu troublée. Assez étonnamment, c'est plutôt fort en bouche : je m'attendais à quelque chose de vraiment très doux, c'est plutôt une fine amertume qui m'envahit et qui vient souligner une texture dense, grasse et très souple. Très agréable en bouche, ce kabuse-cha délivre toute une gamme d'arômes végétaux, et un petit quelque chose de fruité. Il est surtout très long en bouche, tout en finesse.
Deuxième infusion : la liqueur se trouble légèrement et reste dans les tons jaunes. L'amertume est vraiment minimaliste pour ce deuxième tour. Hormis cette amertume fine et élégante, les parfums semblent un peu en retrait mais ils s'affinent. J'ai beaucoup de mal à les distinguer.
C'est riche, fin et précis, doux mais pas fade, moelleux et affûté.
Et surtout, très très long en bouche. Des arômes de poire ont été évoqués par Florent et Lionel, j'ai cru effectivement discerner quelque chose dans ce genre, mais c'est difficile de savoir dans quelle mesure j'ai été influencé par mes lectures... En tout cas, c'est très bon le kabuse-cha, je conseille :)
Troisième infusion : la liqueur se trouble encore un tout petit peu plus, mais rien de comparable avec un fukamushi sencha boueux à souhait ! L'astringence revient un peu plus en force (à relativiser tout de même, ce n'est pas un Bulang non plus), c'est toujours très long en bouche, toujours des parfums fruités et végétaux, et toujours en douceur.
Je dois avouer que ce n'est pas du tout la douceur à laquelle je m'attendais. Je m'attendais à une sorte de "sirop de thé", beaucoup de sucre et de fruit, quelque chose de vraiment caricatural. Il n'en est rien. En revanche, ce Kabuse-cha est d'une rondeur inouïe, sa texture est vraiment agréable (huileuse disait Lionel, c'est tout à fait ça) et sa longueur en bouche, pfff....
Quatrième et dernière infusion : la liqueur s'éclaircit légèrement et devient plus brillante, presque translucide.
Cette infusion longue et chaude a réveillé l'astringence, mais le palais y a été préparé et je ne saurais dire si elle est réellement plus importante que pour les infusions précédentes. Le rendu en bouche est frais, toujours fin et tranchant, propice à une bonne salivation.
La liqueur reste très ronde en bouche, et bien que cette dernière infusion soit la moins parfumée des 4, elle offre pourtant quelque chose de vraiment intéressant surtout au niveau de sa structure, de son rendu, et surtout, surtout... de la longueur en bouche.
Agréablement surpris par ce kabuse-cha, je dirais qu'il vaut surtout le détour pour sa spectaculaire longueur en bouche. Quelques minutes après avoir vidé sa tasse, on se surprend à littéralement respirer ce thé, il évolue lentement en bouche et dans le corps bien longtemps après la fin de la dégustation.
Ce n'est qu'au bout de quelques minutes qu'on obtient un arrière-goût très doux, fin et bienfaisant. Un vrai bonheur. Une des plus impressionnantes longueurs en bouche jamais observées sur un thé vert...
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