28 nov. 2010
Galette n°13 (1984)
Le plus vieux sheng cha qu'il m'ait été donné d'infuser, quelques précieuses feuilles de la galette n°13 (1984) de la M3T qui a fait l'objet d'un culte, ou presque.
Aujourd'hui épuisée depuis longtemps, j'ai la chance d'en avoir un échantillon, ce sera sans doute ma première et dernière occasion de déguster cette petite merveille.
Un bref rinçage, et une première infusion de 15 secondes : la liqueur a pris d'emblée cette spectaculaire couleur rouille/rouge/orangée, assez sombre mais très pure qui m'avait déjà enthousiasmé chez le Tuo n°10.
Niveau goût, c'est riche, très riche même. Un vrai baume pour la gorge, une fête pour les papilles et un ravissement pour le nez. C'est vieux, c'est noble, c'est parfait.
Infusions 2 et 3 (10 et 20") : c'est top, rien à redire. Je retrouve un peu du sublime du Tuo10 sans son petit reste de "verdeur". Rétro spectaculaire, longueur en bouche, pfff...
Infusion 4 (25"), j'ai l'impression que la liqueur a encore gagné en force, en précision. Je comprends que cette galette ait eu son petit succès auprès des amateurs de pu erh. Quel dommage d'arriver après la bataille ! Mais quelle chance d'avoir aujourd'hui l'occasion de boire ce pu erh fantastique tout en regardant la neige tomber !
Infusion 5 (30") : finalement il subsiste semble-t-il dans ce vénérable sheng cha un tout petit zeste de verdeur. Mais contrairement au Tuo 10, thé dans lequel cette mise en opposition était un peu perturbante, tout est réellement bien équilibré. Difficile de trouver quelque chose à redire.
Infusion 6, 7 (40" et 50") : toujours la même prestance, c'est franchement bon. La classe. Ça envoie du lourd comme on dit ! Et je poursuis : 1', 1', 1'30, 1'30, 2', 2'30, 3'... ce thé m'a occupé une bonne partie de la journée !
A vrai dire j'ai arrêté de compter et de prendre des notes au bout d'une dizaine d'infusions afin de me consacrer entièrement au thé. Je ne vais pas de nouveau aligner les adjectifs élogieux et les superlatifs, vous aurez compris que c'est définitivement un splendide sheng cha millésimé.
Encore merci à celui qui m'a permis de faire cette dégustation !
27 nov. 2010
Menghai 7572 (2001)
3,5g de pu erh cuit, issus de la fameuse galette Qizi BingCha de la Menghai Tea Factory, la recette 7572. Ici c'est le cru 2001.
Elle a été magistralement présentée par Olivier il y a quelques temps dans sa newsletter et j'ai la chance de la goûter aujourd'hui grâce à un généreux donateur, que je remercie encore une fois.
Une célèbre galette, qui a longtemps servi de référence en terme de pu erh fermenté, j'ai hâte de voir ça "en vrai".
Ce petit bloc de thé que je m'apprête à placer dans mon zhong n'a à priori rien de particulier, mais les effluves qui se dégagent du zhong préchauffé sont déjà prometteurs. C'est clairement pas le premier shu cha venu : de beaux arômes de vieux, on pourrait croire à un sheng cha millésimé.
Rinçage (un seul) puis une minute pour la première infusion (le bloc est resté très compact dans le zhong).
Cette première infusion a donné une liqueur très pure, assez claire mais déjà d'une belle complexité et surtout d'un accès immédiat : dès la première gorgée ce thé surprend par son équilibre et sa force.
#2 (20 secondes) : le morceau de galette n'est toujours pas tombé en miettes. Ça va crescendo : la liqueur fonce un tout petit peu, les arômes montent en puissance, le thé reste cependant léger, aérien, le retour vers le nez se fait tout en douceur mais avec beaucoup de présence, un peu comme par magie.
#3 (30 secondes) : le bloc de thé commence tout juste à se déliter. Le couvercle du zhong renferme des arômes extrêmement agréables. La liqueur, qui continue tout doucement à changer de couleur, reste étonnamment pure. Une base pourtant solide, charnue, mais avec des pointes épicées.
#4 (1 minute) : petite baisse de forme, ou plutôt une stagnation. Je vais pousser un peu.
#5 (1 minute 30) : ça y est, cette infusion a réussi à désintégrer le bloc de pu erh. La liqueur continue son virage, et offre de nouveau ce croisement réussi entre une base opulente typée shu cha et des effluves à la fois dynamiques et très fins. Le tout reste équilibré et harmonieux, un vrai plaisir à déguster.
J'avoue être davantage porté sur les sheng cha, mais c'est tout à fait le type de pu erh fermenté qui me ferait facilement tomber vers le côté obscur de la force. Ce qui me retient... c'est le prix de cette galette.
#6 (2 minutes) : voir #5
#7 (4 minutes) : en baisse malgré un temps d'infusion doublé. J'ai bien peur que le point culminant soit maintenant derrière moi. Je ne pense pas qu'il soit désormais possible de retrouver une liqueur d'aussi belle qualité que les passages 5 et 6.
#8 (8 minutes) : un regain d'énergie ou plutôt une transformation, un changement de registre. Je retrouve un peu du malté dont parlait Olivier dans sa présentation. Néanmoins, le thé est sur le déclin.
J'ai fait cinq ou six infusions supplémentaires, en allongeant les temps ; malgré l'inexorable déclin des arômes, le liqueur a conservé jusqu'à la fin un minimum de consistance et d'intérêt.
Bref, une très belle dégustation !
Elle a été magistralement présentée par Olivier il y a quelques temps dans sa newsletter et j'ai la chance de la goûter aujourd'hui grâce à un généreux donateur, que je remercie encore une fois.
Une célèbre galette, qui a longtemps servi de référence en terme de pu erh fermenté, j'ai hâte de voir ça "en vrai".
Ce petit bloc de thé que je m'apprête à placer dans mon zhong n'a à priori rien de particulier, mais les effluves qui se dégagent du zhong préchauffé sont déjà prometteurs. C'est clairement pas le premier shu cha venu : de beaux arômes de vieux, on pourrait croire à un sheng cha millésimé.
Rinçage (un seul) puis une minute pour la première infusion (le bloc est resté très compact dans le zhong).
Cette première infusion a donné une liqueur très pure, assez claire mais déjà d'une belle complexité et surtout d'un accès immédiat : dès la première gorgée ce thé surprend par son équilibre et sa force.
#2 (20 secondes) : le morceau de galette n'est toujours pas tombé en miettes. Ça va crescendo : la liqueur fonce un tout petit peu, les arômes montent en puissance, le thé reste cependant léger, aérien, le retour vers le nez se fait tout en douceur mais avec beaucoup de présence, un peu comme par magie.
#3 (30 secondes) : le bloc de thé commence tout juste à se déliter. Le couvercle du zhong renferme des arômes extrêmement agréables. La liqueur, qui continue tout doucement à changer de couleur, reste étonnamment pure. Une base pourtant solide, charnue, mais avec des pointes épicées.
#4 (1 minute) : petite baisse de forme, ou plutôt une stagnation. Je vais pousser un peu.
#5 (1 minute 30) : ça y est, cette infusion a réussi à désintégrer le bloc de pu erh. La liqueur continue son virage, et offre de nouveau ce croisement réussi entre une base opulente typée shu cha et des effluves à la fois dynamiques et très fins. Le tout reste équilibré et harmonieux, un vrai plaisir à déguster.
J'avoue être davantage porté sur les sheng cha, mais c'est tout à fait le type de pu erh fermenté qui me ferait facilement tomber vers le côté obscur de la force. Ce qui me retient... c'est le prix de cette galette.
#6 (2 minutes) : voir #5
#7 (4 minutes) : en baisse malgré un temps d'infusion doublé. J'ai bien peur que le point culminant soit maintenant derrière moi. Je ne pense pas qu'il soit désormais possible de retrouver une liqueur d'aussi belle qualité que les passages 5 et 6.
#8 (8 minutes) : un regain d'énergie ou plutôt une transformation, un changement de registre. Je retrouve un peu du malté dont parlait Olivier dans sa présentation. Néanmoins, le thé est sur le déclin.
J'ai fait cinq ou six infusions supplémentaires, en allongeant les temps ; malgré l'inexorable déclin des arômes, le liqueur a conservé jusqu'à la fin un minimum de consistance et d'intérêt.
Bref, une très belle dégustation !
26 nov. 2010
Vrac 31 (2008)
Nouvel échantillon "M3T" goûté ce soir : un sheng cha d'automne 2008, de la région de Mengku semble-t-il.
Très bonne odeur des feuilles sèches, dégustation très plaisante et détendue.
J'utilise de plus en plus souvent ma tetsubin, voire même systématiquement alors que ce n'était pas le cas auparavant. Ce que j'apprécie le plus : sa verse ultra-précise et vraiment très agréable, le fait de manipuler un bel objet, et évidemment sa participation à l'obtention d'une bonne eau.
Finalement, je m'aperçois que je n'ai pas grand chose à dire de ce pu erh ; rien d'exceptionnel à signaler : un comportement tout à fait "normal" pour ce type de thé, une gamme d'arômes et de saveurs qui me sont familiers et que j'apprécie beaucoup, des sensations connues quoi.
Premières liqueurs très claires, puis qui virent à l'orangé.
Juste un petit point particulier : une légère acidité sur les toutes premières infusions. Cela n'a pas duré et je n'ai vraiment rien à reprocher à ce thé, un jeune sheng cha tout ce qu'il y a de meilleur. Il a aussi cette particularité que j'adore, et qui n'est pas systématique chez les jeunes pu erh : offrir des parfums splendides dans la tasse vide.
Je me pose quand même une question : quelle est la différence (si tant est qu'il y en ait une) entre ce type de vrac et du maocha ?
24 nov. 2010
Vacuité ?
Le nom de ce modeste blog n'ayant pas été choisi totalement au hasard ni uniquement dans l'optique de faire un jeu de mot avec "thé", il fallait bien à un moment ou un autre que je me lance dans un début d'explication - non moins modeste tellement le sujet est délicat - de ce concept de vacuité.
Une définition absurde, mais rigolote, avant de s'y mettre sérieusement (définition trouvée dans le glossaire des jolis mots) :
"Le fait d'être vide", c'est à peu près tout ce que vous trouverez dans un dictionnaire de français. Mais ce n'est pas en France que se situe l'origine de ce concept allant bien au-delà de l'état de plénitude ou de "viditude" d'un contenant.
La vacuité à laquelle je voulais faire un clin d'œil avec le nom de ce blog est la vacuité du bouddhisme. J'ai eu il y a maintenant une bonne douzaine d'années une période "Hare Krishna" (Ravi Shankar, chemise indienne, encens et compagnie - ne riez pas), suivie d'une période Zazen (avec l'hypnotique Hannya Shingyo, les genoux en compote et le redoutable Kyosaku).
J'ai maintenant - depuis un bon bout de temps - laissé de côté le zafu et les CD de chants tibétains mais j'ai gardé un intérêt certain pour les "philosophies" orientales (comprendre plutôt : une sorte de fascination exercée sur un occidental par des cultures qui mettent - ou mettaient - en lumière ce que nos sociétés du "progrès" ont oublié à tort).
Pour expliquer la vacuité, Siddhartha Gotama - le Bouddha - demanda un jour à l'un de ses bhikkhus si le bol qui se trouvait devant lui était plein ou vide. Son disciple, observant le récipient rempli d'eau, lui répondit qu'il était plein. Le Bouddha lui demanda alors d'aller vider le bol ; le bhikkhu s'exécutât et revint auprès de son maître qui lui reposa la même question. "Il est vide !" répondit le disciple.
Le Bouddha expliqua alors à l'assemblée que le bol était au contraire plein d'air et que la vacuité n'était pas un phénomène que l'on pouvait isoler. Le récipient pouvait être vide d'eau, plein d'air, mais jamais vide, ce serait une vision erronée. Pour être vide ou plein, le bol devait tout d'abord exister, et son existence présupposait la présence de tous les éléments (eau, air, feu, terre).
Devant les signes d'incompréhension que commençaient à manifester les disciples écoutant attentivement ses enseignements, le Bouddha entreprit de poursuivre son explication, toujours à partir du bol.
Cet objet, comme tous les dharmas (phénomènes), nécessite de pratiquer la vision profonde pour en discerner le caractère impermanent, changeant et interdépendant. Voir ce bol vide d'eau, par exemple, est une vision erronée : sans eau, le potier n'aurait pas pu diluer l'argile utilisée pour le créer.
La présence de ce bol vide dépend donc de la présence de l'eau, mais également de celle du feu sans qui la cuisson du bol eût été impossible, de l'air sans lequel aucune combustion n'est possible, air sans lequel le potier n'aurait d'ailleurs jamais existé. De la même manière, les arbres qui ont donné le bois nécessaire à la cuisson ont eu besoin de la terre, de la pluie, du vent, du soleil, etc.
En contemplant ce bol, on peut discerner tous les éléments interdépendants qui lui ont donné vie, et qui sont présents à l'intérieur et à l'extérieur de celui-ci. Et votre propre conscience n'est rien d'autre que l'un des constituants de ce bol.
Je laisse la parole au Bouddha :
Cette anecdote est tirée du livre "Sur les traces de Siddharta", dans lequel Thich Nhat Hanh retrace la vie du Bouddha de sa naissance à sa mort avec la fidélité la plus absolue aux textes originels, en ayant pris soin d'éliminer de son récit tous les miracles accomplis par le Bouddha (qui font davantage partie du folklore et du mythe que de la véritable existence du Bouddha Shākyamuni).
Malgré cette première approche pourtant très concrète (matérialisée par le bol), le concept de vacuité reste tout de même assez nébuleux. Comme tout ce qui relève des expériences mystiques, je ne vois pas de quelle façon la vacuité pourrait être décrite, analysée, classifiée, disséquée. Faut-il d'ailleurs en parler ? Seuls peut-être quelques vieux sages, au bout de plusieurs décennies d'apprentissage et de méditation auront éventuellement entrevu directement ce qu’est la vacuité. Prétendre alors écrire un article sur le sujet n'est que pure fatuité ! Mais bon, maintenant que j'ai commencé...
La vacuité dont je souhaite parler ici n'a finalement pas vraiment de rapport avec le vide, l'absence de (absence de thé dans une tasse, d'objets dans un sac...). Le mot sanscrit d'origine (sunnata, dont le sens premier est "ceci est parce que cela est") devait bien être traduit d'une manière ou d'une autre et c'est ce mot français qui a été choisi, mais il ne faut pas pour autant s'arrêter à son sens littéral.
Dans le bouddhisme, quand il est dit que tout est vacuité, cela signifie que tout est par nature interdépendance et impermanence. Votre tasse à thé - bien avant de contenir votre liquide favori - a bel et bien existé sous forme de terre brute, qu'un potier a tournée puis cuite dans un four à bois, bois issu d'un arbre qui lui-même... etc.
Si nous étions des êtres éveillés, nous pourrions - tout comme le Bouddha - expérimenter la nature de la vacuité et y demeurer afin de contempler l'absence de caractère substantiel, fixe et inchangeant de toute chose.
En cliquant sur l'image ci-dessous, vous pourrez avoir les "paroles" de l'Hannya Shingyo, qui n'est rien d'autre que le Sūtra du Cœur à la sauce bouddhisme zen japonais (tout est lié, tout est interdépendance, tout est vacuité je vous dis !). Comme ça vous pourrez le chanter chez vous en regardant la vidéo déjà donnée en lien plus haut.
D'ailleurs, la dernière phrase de l'Hannya Shingyo :
Gya tei, gya tei, hara gya tei. Hara so gya tei. Bo ji so wa ka.
ressemble un peu au mantra en sanscrit :
Gaté gaté pāragaté pārasamgaté Bodhi Svāhā.
Bref. De toute façon je ne suis pas linguiste.
J'aime à croire (et c'est le résidu, le condensé de ma période "pseudo-mystique") que l'action de boire du thé, de "remplir une tasse de vide avec du thé", est un support comme un autre pour ne serait-ce qu'entrevoir un petit quelque chose que je suis incapable de définir tout comme je ne suis capable de décortiquer le goût d'un pu erh (et pourtant, j'essaie !).
Il me vient à l'esprit quelques photos ou descriptions de thés de Stéphane (Teamasters), à travers lesquelles transparaît la certitude qu'au détour d'une tasse de thé il est possible de voir la montagne, de sentir les rayons du soleil qui ont abreuvé les feuilles de thé, la fraîcheur des brumes...
Bien que je manque cruellement d'expérience et de réceptivité en la matière, je crois être en mesure de comprendre la "théorie" du concept de vacuité au sens "impermanence/interdépendance" par l'expérimentation du thé. Et je suis sûr que vous aussi, vous comprenez ça. Sûrement mieux que moi d'ailleurs.
Le paradoxe de nos sociétés dites "du progrès" [qui nous conduisent à un désastre inéluctable : physique (environnemental par exemple) ou en terme de dignité humaine (asservissement, conditions de vie)*] nous plonge dans une sorte de schizophrénie insoluble : nous avons atteint un niveau technique qui nous permet de nous déplacer dans les airs, de voyager sous les mers, de voir instantanément ce qui se passe partout dans le monde et même hors de notre planète et cependant, notre esprit, si proche de nous, reste une réalité impénétrable. Le développement de la science et la maîtrise des conditions matérielles nous a apporté un degré de confort et de bonheur extérieur très élevé mais le prix à payer pour cette illusion est trop cher : la méconnaissance de nous-même et de notre esprit nous afflige par la souffrance, la frustration et l'angoisse.**
L'être humain, "déshumanisé" par l'inexorable perversion de sa nature originelle (orchestrée par une machinerie bien huilée), cherche donc consciemment ou non à retisser des liens avec sa condition d'origine : celle d'une espèce qui vivait autrefois dans, avec, et par la nature. L'homme d'aujourd'hui, individualisé et dépossédé de son libre-arbitre, cloitré dans quelques mètres carrés de béton, est privé de ce rapport direct avec la nature qui sous-tendait sa survie. Des activités de substitution lui sont plus ou moins imposées pour donner un semblant de sens à sa vie et satisfaire son besoin de réalisation. Serait-ce ce besoin primaire de "nature" qui rejaillit aujourd'hui par la quête du thé par ci, la mode des matériaux éco-responsables par là, l'essor du bio et le discours culpabilisatoire (oui, j'invente des mots) du green business ?
Pardonnez-moi digression socio-polito-ethno-économique fumeuse, contradictoire et bourrée de clichés, je reviens à mon sujet.
Considérer que notre esprit (le moi, le soi) est dépourvu d'existence intrinsèque est donc ce que l'on appelle vacuité. Les objets du monde extérieur ainsi que tout ce qui se présente à nous comme formes, saveurs, sensations, ne sont que des projections de notre esprit qui est vacuité. Toutes ces expériences sont donc illusion : un agencement de facteurs interdépendants dépourvu d'existence propre. La méditation permettrait de conclure de façon certaine à l'absence d'entité autonome dans tout objet de connaissance. Demeurer dans cette expérience, ce serait donc méditer la perfection de connaissance transcendante.
Oui, mais tenter de le mettre en pratique cette approche de la vacuité est purement illusoire pour un occidental aussi pénétré des subtilités de la philosophie bouddhiste que moi. Si tout est illusion, y compris les saveurs, la tasse et les feuilles de thé, à quoi bon boire du thé alors ?
Ah oui : pour se désaltérer tout en appréciant le goût de cette boisson.
Même si tout n'est "que" vacuité, je préfère quand même voir ma tasse pleine de thé que pleine d'air.
Pour ceux qui ont lu jusqu'ici (s'il y en a) : bravo et merci. Vous avez bien mérité de vous détendre un peu. Je vous propose un petit peu de coloriage, un mandala sur le thème de l'eau, trouvé sur ce site.
Allez hop, on clique, on imprime, on prend des feutres !
Ne vous fiez pas à l'apparente innocence de cette activité. Elle va vous permettre de recentrer vos énergies, de développer la connaissance de votre moi profond, d'ouvrir vos chakras et d'entrer en résonance avec les énergies cosmiques qui vibrent avec la lumière de votre aura. ^_^
Un dernier petit effort, et je vous laisse tranquille.
Que retenir de cet "article" ? (si tant est qu'il faille en retenir quelque chose...)
Tout d'abord, que ma vision du thé ne se limite pas, contrairement aux apparences, à une boulimie de galettes, une soif inextinguible de découvertes aromatiques, une quête sans fin de goûts différents et d'excellence gustative.
Pour autant, mon approche n'est pas non plus mystique, ni pénétrée de philosophie de comptoir à la sauce orientale. Car malgré cet article sur la vacuité, bourré de références au bouddhisme et au zen, ma vraie vie de tous les jours n'est pas vraiment emprunte de méditation et de contemplation.
Le thé est avant tout - il ne faut pas se leurrer - un hobby comme un autre. Un intérêt certes noble et emprunt d'humilité pour cet univers fascinant et pour les cultures associées à cet art dans d'autres civilisations, mais finalement ne suis-je pas buveur de thé comme d'autres collectionnent les timbres ou jouent du violon ? N'est-ce pas une activité de substitution, un passe-temps qui permet d'oublier un temps que la vie que nous menons n'a plus grand chose à voir avec notre condition originelle ?
Cette considération amère et réductrice n'est pourtant pas à prendre comme une conclusion pour le moins déprimante. J'ai, pour ce que d'autre ont dénommé Voie, Chemin, ou Route, un profond respect et mon cheminement personnel se fait dans la joie et la bonne humeur. Je garde cependant à l'esprit que ce n'est qu'une illusion. Une illusion plaisante, mais une illusion.
Un bilan synthétique : boire du thé est un loisir, une activité qui entretient l'illusion d'un rapport avec la nature. Boire du thé, c'est une façon comme une autre de découvrir d'autres cultures, et de se flatter les papilles avec des arômes exceptionnels. De marquer des pauses dans la vie de tous les jours, de prendre le temps de "méditer". De méditer sur le caractère illusoire des phénomènes (de plus en plus d'actualité), de prendre de la distance en portant une tasse de thé à ses lèvres. Définitivement, pour moi vacuité s'écrit bien avec un "H". CQFD.
Évidemment, je n'ai rien démontré du tout. Dans cet article, j'ai essayé de vous expliquer maladroitement pourquoi le mot "vacuité" était affublé d'un "H" dans le nom de ce blog, et d'exposer le lien unissant - dans mon approche toute personnelle de la chose - le thé et ce concept obscur.
C'est parti un peu dans tous les sens, il y a sans doute des erreurs dans ce texte (si des spécialistes du sujet me lisent, je suis preneur de corrections éventuelles) mais c'est ma vision des choses à cet instant T (thé!).
* L'effondrement du système technologique (Théodore Kaczynski)
** La voie du Bouddha (Kyabdjé Kalou Rinpoché)
Une définition absurde, mais rigolote, avant de s'y mettre sérieusement (définition trouvée dans le glossaire des jolis mots) :
Non, on ne dit pas "vidisme", "vidaison", "viditude" mais on dit vacuité.
vacuité: subst fém. Fait qu'un contenant, un milieu soit vide.
"Le fait d'être vide", c'est à peu près tout ce que vous trouverez dans un dictionnaire de français. Mais ce n'est pas en France que se situe l'origine de ce concept allant bien au-delà de l'état de plénitude ou de "viditude" d'un contenant.
La vacuité à laquelle je voulais faire un clin d'œil avec le nom de ce blog est la vacuité du bouddhisme. J'ai eu il y a maintenant une bonne douzaine d'années une période "Hare Krishna" (Ravi Shankar, chemise indienne, encens et compagnie - ne riez pas), suivie d'une période Zazen (avec l'hypnotique Hannya Shingyo, les genoux en compote et le redoutable Kyosaku).
J'ai maintenant - depuis un bon bout de temps - laissé de côté le zafu et les CD de chants tibétains mais j'ai gardé un intérêt certain pour les "philosophies" orientales (comprendre plutôt : une sorte de fascination exercée sur un occidental par des cultures qui mettent - ou mettaient - en lumière ce que nos sociétés du "progrès" ont oublié à tort).
Pour expliquer la vacuité, Siddhartha Gotama - le Bouddha - demanda un jour à l'un de ses bhikkhus si le bol qui se trouvait devant lui était plein ou vide. Son disciple, observant le récipient rempli d'eau, lui répondit qu'il était plein. Le Bouddha lui demanda alors d'aller vider le bol ; le bhikkhu s'exécutât et revint auprès de son maître qui lui reposa la même question. "Il est vide !" répondit le disciple.
Le Bouddha expliqua alors à l'assemblée que le bol était au contraire plein d'air et que la vacuité n'était pas un phénomène que l'on pouvait isoler. Le récipient pouvait être vide d'eau, plein d'air, mais jamais vide, ce serait une vision erronée. Pour être vide ou plein, le bol devait tout d'abord exister, et son existence présupposait la présence de tous les éléments (eau, air, feu, terre).
Devant les signes d'incompréhension que commençaient à manifester les disciples écoutant attentivement ses enseignements, le Bouddha entreprit de poursuivre son explication, toujours à partir du bol.
Cet objet, comme tous les dharmas (phénomènes), nécessite de pratiquer la vision profonde pour en discerner le caractère impermanent, changeant et interdépendant. Voir ce bol vide d'eau, par exemple, est une vision erronée : sans eau, le potier n'aurait pas pu diluer l'argile utilisée pour le créer.
La présence de ce bol vide dépend donc de la présence de l'eau, mais également de celle du feu sans qui la cuisson du bol eût été impossible, de l'air sans lequel aucune combustion n'est possible, air sans lequel le potier n'aurait d'ailleurs jamais existé. De la même manière, les arbres qui ont donné le bois nécessaire à la cuisson ont eu besoin de la terre, de la pluie, du vent, du soleil, etc.
En contemplant ce bol, on peut discerner tous les éléments interdépendants qui lui ont donné vie, et qui sont présents à l'intérieur et à l'extérieur de celui-ci. Et votre propre conscience n'est rien d'autre que l'un des constituants de ce bol.
Je laisse la parole au Bouddha :
"Bhikkhus, regardez profondément ce bol, et vous y verrez l'univers tout entier qu'il contient dans son intégralité. Il n'y a qu'une chose dont le bol soit vide, un soi individuel et séparé. Un soi individuel et séparé serait un soi existant par lui-même, indépendant de tous les autres éléments. Aucun dharma ne peut exister indépendamment des autres ni posséder un soi essentiel et séparé. Ceci est le sens de vacuité. Vide veut dire vide d'un soi séparé."
Cette anecdote est tirée du livre "Sur les traces de Siddharta", dans lequel Thich Nhat Hanh retrace la vie du Bouddha de sa naissance à sa mort avec la fidélité la plus absolue aux textes originels, en ayant pris soin d'éliminer de son récit tous les miracles accomplis par le Bouddha (qui font davantage partie du folklore et du mythe que de la véritable existence du Bouddha Shākyamuni).
Malgré cette première approche pourtant très concrète (matérialisée par le bol), le concept de vacuité reste tout de même assez nébuleux. Comme tout ce qui relève des expériences mystiques, je ne vois pas de quelle façon la vacuité pourrait être décrite, analysée, classifiée, disséquée. Faut-il d'ailleurs en parler ? Seuls peut-être quelques vieux sages, au bout de plusieurs décennies d'apprentissage et de méditation auront éventuellement entrevu directement ce qu’est la vacuité. Prétendre alors écrire un article sur le sujet n'est que pure fatuité ! Mais bon, maintenant que j'ai commencé...
L'Anneau de la Voie, un grand classique de l'iconographie du Zen japonais.
Très graphique, cette image va reposer vos yeux et vous préparer à la lecture des textes ci-dessous...
La vacuité dont je souhaite parler ici n'a finalement pas vraiment de rapport avec le vide, l'absence de (absence de thé dans une tasse, d'objets dans un sac...). Le mot sanscrit d'origine (sunnata, dont le sens premier est "ceci est parce que cela est") devait bien être traduit d'une manière ou d'une autre et c'est ce mot français qui a été choisi, mais il ne faut pas pour autant s'arrêter à son sens littéral.
Dans le bouddhisme, quand il est dit que tout est vacuité, cela signifie que tout est par nature interdépendance et impermanence. Votre tasse à thé - bien avant de contenir votre liquide favori - a bel et bien existé sous forme de terre brute, qu'un potier a tournée puis cuite dans un four à bois, bois issu d'un arbre qui lui-même... etc.
Si nous étions des êtres éveillés, nous pourrions - tout comme le Bouddha - expérimenter la nature de la vacuité et y demeurer afin de contempler l'absence de caractère substantiel, fixe et inchangeant de toute chose.
"La forme est vide. La vacuité est la forme. La vacuité n'est pas autre que la forme et la forme n'est pas autre que la vacuité. De même, la sensation, l'identification, les facteurs composés et la conscience sont-ils vides.
Ainsi tous les phénomènes sont-ils vacuité ; ils sont sans caractéristique ; ils ne naissent ni ne cessent ; ne sont ni souillés ni non souillés ; ni déficients; ni parfaits.
En conséquence, dans la vacuité il n'y a ni forme, ni sensation, ni identification, ni facteurs composés, ni conscience ; ni œil, ni oreille, ni nez, ni langue, ni corps, ni mental ; ni forme, ni son, ni odeur, ni saveur, ni objet du toucher, ni phénomène mental. De l'élément de l'œil et ainsi de suite, jusqu'à l'élément de la conscience du mental, il n'y a pas d'élément. Il n'y a ni ignorance ni élimination de l'ignorance et ainsi de suite, jusqu'il n'y a ni vieillissement et mort, ni élimination du vieillissement et de la mort. Et à l'avenant, il n'y a ni souffrance, ni origine de la souffrance, ni cessation, ni voie ; il n'y a ni sagesse transcendante, ni obtention, ni non-obtention.
Ainsi, puisqu'il n'y a pas d'obtention, les bodhisattvas se fondent-ils sur la perfection de la sagesse et ils demeurent en elle, l'esprit sans voile et sans peur. Et comme ils sont passés bien au-delà de toute erreur, ils parviennent au stade final du Nirvāna. C'est en s'appuyant sur la perfection de la sagesse que tous les bouddhas des trois temps eux aussi font naître pleinement l'insurpassable éveil parfaitement accompli.
Aussi le mantra de la perfection de la sagesse, le mantra de la grande connaissance, le mantra auquel rien n'est supérieur, le mantra égal à l'inégalable, le mantra qui apaise à jamais toute souffrance, doit être reconnu comme véridique car il ne trompe pas. Et voici le mantra de la perfection de la sagesse :
Tadyathā [om] gaté gaté pāragaté pārasamgaté Bodhi Svāhā (aller, aller, aller au-delà, au-delà du par delà, que l'éveil soit réalisé!)
C'est ainsi qu'un bodhisattva Mahâsattva doit s'exercer à la profonde perfection de la sagesse."
[Traduction du Sūtra du Cœur (Hridaya sūtra), l'un des textes les plus importants du bouddhisme.]
En cliquant sur l'image ci-dessous, vous pourrez avoir les "paroles" de l'Hannya Shingyo, qui n'est rien d'autre que le Sūtra du Cœur à la sauce bouddhisme zen japonais (tout est lié, tout est interdépendance, tout est vacuité je vous dis !). Comme ça vous pourrez le chanter chez vous en regardant la vidéo déjà donnée en lien plus haut.
D'ailleurs, la dernière phrase de l'Hannya Shingyo :
Gya tei, gya tei, hara gya tei. Hara so gya tei. Bo ji so wa ka.
ressemble un peu au mantra en sanscrit :
Gaté gaté pāragaté pārasamgaté Bodhi Svāhā.
Bref. De toute façon je ne suis pas linguiste.
J'aime à croire (et c'est le résidu, le condensé de ma période "pseudo-mystique") que l'action de boire du thé, de "remplir une tasse de vide avec du thé", est un support comme un autre pour ne serait-ce qu'entrevoir un petit quelque chose que je suis incapable de définir tout comme je ne suis capable de décortiquer le goût d'un pu erh (et pourtant, j'essaie !).
Il me vient à l'esprit quelques photos ou descriptions de thés de Stéphane (Teamasters), à travers lesquelles transparaît la certitude qu'au détour d'une tasse de thé il est possible de voir la montagne, de sentir les rayons du soleil qui ont abreuvé les feuilles de thé, la fraîcheur des brumes...
Bien que je manque cruellement d'expérience et de réceptivité en la matière, je crois être en mesure de comprendre la "théorie" du concept de vacuité au sens "impermanence/interdépendance" par l'expérimentation du thé. Et je suis sûr que vous aussi, vous comprenez ça. Sûrement mieux que moi d'ailleurs.
Le paradoxe de nos sociétés dites "du progrès" [qui nous conduisent à un désastre inéluctable : physique (environnemental par exemple) ou en terme de dignité humaine (asservissement, conditions de vie)*] nous plonge dans une sorte de schizophrénie insoluble : nous avons atteint un niveau technique qui nous permet de nous déplacer dans les airs, de voyager sous les mers, de voir instantanément ce qui se passe partout dans le monde et même hors de notre planète et cependant, notre esprit, si proche de nous, reste une réalité impénétrable. Le développement de la science et la maîtrise des conditions matérielles nous a apporté un degré de confort et de bonheur extérieur très élevé mais le prix à payer pour cette illusion est trop cher : la méconnaissance de nous-même et de notre esprit nous afflige par la souffrance, la frustration et l'angoisse.**
L'être humain, "déshumanisé" par l'inexorable perversion de sa nature originelle (orchestrée par une machinerie bien huilée), cherche donc consciemment ou non à retisser des liens avec sa condition d'origine : celle d'une espèce qui vivait autrefois dans, avec, et par la nature. L'homme d'aujourd'hui, individualisé et dépossédé de son libre-arbitre, cloitré dans quelques mètres carrés de béton, est privé de ce rapport direct avec la nature qui sous-tendait sa survie. Des activités de substitution lui sont plus ou moins imposées pour donner un semblant de sens à sa vie et satisfaire son besoin de réalisation. Serait-ce ce besoin primaire de "nature" qui rejaillit aujourd'hui par la quête du thé par ci, la mode des matériaux éco-responsables par là, l'essor du bio et le discours culpabilisatoire (oui, j'invente des mots) du green business ?
Pardonnez-moi digression socio-polito-ethno-économique fumeuse, contradictoire et bourrée de clichés, je reviens à mon sujet.
Considérer que notre esprit (le moi, le soi) est dépourvu d'existence intrinsèque est donc ce que l'on appelle vacuité. Les objets du monde extérieur ainsi que tout ce qui se présente à nous comme formes, saveurs, sensations, ne sont que des projections de notre esprit qui est vacuité. Toutes ces expériences sont donc illusion : un agencement de facteurs interdépendants dépourvu d'existence propre. La méditation permettrait de conclure de façon certaine à l'absence d'entité autonome dans tout objet de connaissance. Demeurer dans cette expérience, ce serait donc méditer la perfection de connaissance transcendante.
Oui, mais tenter de le mettre en pratique cette approche de la vacuité est purement illusoire pour un occidental aussi pénétré des subtilités de la philosophie bouddhiste que moi. Si tout est illusion, y compris les saveurs, la tasse et les feuilles de thé, à quoi bon boire du thé alors ?
Ah oui : pour se désaltérer tout en appréciant le goût de cette boisson.
Même si tout n'est "que" vacuité, je préfère quand même voir ma tasse pleine de thé que pleine d'air.
Pour ceux qui ont lu jusqu'ici (s'il y en a) : bravo et merci. Vous avez bien mérité de vous détendre un peu. Je vous propose un petit peu de coloriage, un mandala sur le thème de l'eau, trouvé sur ce site.
Allez hop, on clique, on imprime, on prend des feutres !
Ne vous fiez pas à l'apparente innocence de cette activité. Elle va vous permettre de recentrer vos énergies, de développer la connaissance de votre moi profond, d'ouvrir vos chakras et d'entrer en résonance avec les énergies cosmiques qui vibrent avec la lumière de votre aura. ^_^
Un dernier petit effort, et je vous laisse tranquille.
Que retenir de cet "article" ? (si tant est qu'il faille en retenir quelque chose...)
Tout d'abord, que ma vision du thé ne se limite pas, contrairement aux apparences, à une boulimie de galettes, une soif inextinguible de découvertes aromatiques, une quête sans fin de goûts différents et d'excellence gustative.
Pour autant, mon approche n'est pas non plus mystique, ni pénétrée de philosophie de comptoir à la sauce orientale. Car malgré cet article sur la vacuité, bourré de références au bouddhisme et au zen, ma vraie vie de tous les jours n'est pas vraiment emprunte de méditation et de contemplation.
Le thé est avant tout - il ne faut pas se leurrer - un hobby comme un autre. Un intérêt certes noble et emprunt d'humilité pour cet univers fascinant et pour les cultures associées à cet art dans d'autres civilisations, mais finalement ne suis-je pas buveur de thé comme d'autres collectionnent les timbres ou jouent du violon ? N'est-ce pas une activité de substitution, un passe-temps qui permet d'oublier un temps que la vie que nous menons n'a plus grand chose à voir avec notre condition originelle ?
Cette considération amère et réductrice n'est pourtant pas à prendre comme une conclusion pour le moins déprimante. J'ai, pour ce que d'autre ont dénommé Voie, Chemin, ou Route, un profond respect et mon cheminement personnel se fait dans la joie et la bonne humeur. Je garde cependant à l'esprit que ce n'est qu'une illusion. Une illusion plaisante, mais une illusion.
Un bilan synthétique : boire du thé est un loisir, une activité qui entretient l'illusion d'un rapport avec la nature. Boire du thé, c'est une façon comme une autre de découvrir d'autres cultures, et de se flatter les papilles avec des arômes exceptionnels. De marquer des pauses dans la vie de tous les jours, de prendre le temps de "méditer". De méditer sur le caractère illusoire des phénomènes (de plus en plus d'actualité), de prendre de la distance en portant une tasse de thé à ses lèvres. Définitivement, pour moi vacuité s'écrit bien avec un "H". CQFD.
Évidemment, je n'ai rien démontré du tout. Dans cet article, j'ai essayé de vous expliquer maladroitement pourquoi le mot "vacuité" était affublé d'un "H" dans le nom de ce blog, et d'exposer le lien unissant - dans mon approche toute personnelle de la chose - le thé et ce concept obscur.
C'est parti un peu dans tous les sens, il y a sans doute des erreurs dans ce texte (si des spécialistes du sujet me lisent, je suis preneur de corrections éventuelles) mais c'est ma vision des choses à cet instant T (thé!).
* L'effondrement du système technologique (Théodore Kaczynski)
** La voie du Bouddha (Kyabdjé Kalou Rinpoché)
23 nov. 2010
"Longues branches"
Un sheng cha de Terre de Chine (2000), appelé "Longues branches". Le nom est plutôt bien trouvé, je me demande comment je vais pouvoir infuser ce pu erh dans mon zhong.
Je pense faire comme avec des spaghettis (qu'il est impensable de casser en 2) : les ramollir (avec l'eau du rinçage) pour pouvoir les glisser enfin sous le couvercle.
L'odeur des feuilles sèches est celle des superbes pu erh qui à la composante boisée ajoutent des odeurs presque humaines, musquées. Si la liqueur est à la hauteur des feuilles sèches, ça promet.
Bon, j'ai un peu bataillé, mais j'ai réussi à plier mes 4g de spaghettis sans les casser lors du rinçage (sans trop me brûler d'ailleurs).
La première infusion, une trentaine de secondes, a donné une liqueur très pâle plutôt étonnante. Un mélange de thé vert et d'un pu erh non identifié, pas désagréable, mais assez loin d'un sheng cha plus "classique". Assez léger.
Je pousse tout de suite à 2 minutes : la liqueur prend une couleur plus orangée, et ressemble un peu plus à ce que j'ai l'habitude de boire. Un peu seulement.
C'est étonnant : très frais, assez suave et très "coulant", avec cette touche musquée bien présente. Vraiment atypique, et vraiment agréable.
5 et 7 minutes pour les 2 suivantes : pas grand chose à ajouter, je confirme : atypique, agréable et plutôt léger.
Je n'ai pas fait beaucoup d'infusions (7 ou 8 peut-être) car il est devenu rapidement difficile de conserver suffisamment de consistance à cette liqueur.
Rencontre intéressante avec un thé original, je suis preneur d'infos à son sujet.
Ah, j'oubliais :
Tea at work
À la question : "est-il possible de boire du thé correctement au boulot ?" la réponse est oui, bien sûr !
Bon, évidemment, je ne suis ni charpentier ni plombier, mais je suis certain que même en exerçant des métiers manuels ou nécessitant des déplacements incessants, j'aurais trouvé une solution (thermos...).
Au bureau, finalement, c'est plutôt facile.
La preuve en images, avec la présentation du matériel nécessaire :
J'utilise un bête gobelet pour les eaux de rinçage ou pour vider les fonds de tasses des petites bouts de feuilles résiduels (j'utilise pas de filtre), un zhong en terre pour les sheng cha, et un set un dégustation pour tout le reste (je ne bois pas de shu cha en journée).
... et la démonstration d'une infusion de Banpen 2010, tout en faisant semblant de bosser :
Magnifique !! C'est quand même mieux qu'un thé en sachet !
Vous noterez que ce magnifique Cha Bu (pratique, il y a même un distributeur de Cha Bu dans les toilettes) me dispense de l'utilisation d'une table à thé, plutôt imposante sur un bureau. J'essaie quand même d'être le plus discret possible.
Bon, évidemment, je ne suis ni charpentier ni plombier, mais je suis certain que même en exerçant des métiers manuels ou nécessitant des déplacements incessants, j'aurais trouvé une solution (thermos...).
Au bureau, finalement, c'est plutôt facile.
La preuve en images, avec la présentation du matériel nécessaire :
J'utilise un bête gobelet pour les eaux de rinçage ou pour vider les fonds de tasses des petites bouts de feuilles résiduels (j'utilise pas de filtre), un zhong en terre pour les sheng cha, et un set un dégustation pour tout le reste (je ne bois pas de shu cha en journée).
... et la démonstration d'une infusion de Banpen 2010, tout en faisant semblant de bosser :
Magnifique !! C'est quand même mieux qu'un thé en sachet !
Vous noterez que ce magnifique Cha Bu (pratique, il y a même un distributeur de Cha Bu dans les toilettes) me dispense de l'utilisation d'une table à thé, plutôt imposante sur un bureau. J'essaie quand même d'être le plus discret possible.
22 nov. 2010
Vrac 24 (1998)
Un nouvel échantillon de la M3T, le vrac 24 : un shu cha de 1998 (3 grammes).
Je choisis un zhong, comme toujours pour infuser un thé que je ne connais pas.
(décidément, je l'aurais bien amorti ce smiley...)
Aspect des feuilles : ça va des miettes à des morceaux un peu plus imposants, mais on reste dans du petit gabarit.
Dans le zhong chaud, c'est plutôt prometteur, en tout cas ça sent bien le shu cha comme je les aime.
Il m'est toujours assez difficile de juger du goût qu'aura un thé en ne sentant que les feuilles sèches (est-ce seulement possible d'ailleurs ?). Bon , je rince et j'infuse.
#1 (15") : cette première infusion est déjà délicieuse : une sensation de fraîcheur sur la langue accompagnée d'un enveloppement de la bouche et du nez par des notes automnales riches et plaisantes. Tout à fait mon type de shu cha.
#2 (30") : liqueur un peu plus foncée, qui vient brutalement tempérer l'enthousiasme des toutes premières gorgées. Ce thé reste bon, mais ça y est, je commence à chipoter : petit manque de puissance par ici, légère sensation poussiéreuse par là... C'est le problème d'avoir eu la chance de goûter quelques shu cha extraordinaires : je deviens difficile. Relativisons : ce thé reste tout de même très bon, mais il y a un mais.
#3 (30") : confirme la #2. Je trouve ce shu un peu "fade". Il me manque ce côté vif et épicé que j'adore retrouver dans les shu cha. Le pôle "automne" n'est lui non plus pas à la hauteur des shu 15, 16 ou 22.
#4 (1') : malgré l'augmentation de la durée d'infusion, il n'y a pas de révolution dans ma tasse. C'est bon mais sans surprise, et toujours avec ce manque de relief. J'ai l'impression que ce thé a déjà tout donné, que la suite n'apportera rien de plus.
#5 (2') : pareil. Je me pose la question suivante : est-ce que la première infusion était vraiment meilleure que les autres (je l'ai réellement trouvée excellente) ? Dans ce cas cela signifierait que le thé s'est épuisé en un temps record !
Je continue de boire ce pu erh avec plaisir, sans toutefois pouvoir me départir du souvenir des autres vracs de la M3T.
#6 (6') : la liqueur reprend de la "consistance" au niveau des arômes. Peut-être n'ai-je pas assez poussé les infusions précédentes. En tout cas celle-ci (sans égaler les vracs de la M3T qui ont eu ma préférence) est tout à fait à mon goût. Étrange.
#7 à 12 (6 à 15') : passée l'infusion 10, le thé a décliné petit à petit et ne m'a pas réservé d'autres surprises. Les infusions 6 à 10 était tout à fait honorables pour ne pas dire délicieuses. Argh, je m'y suis sans doute mal pris, j'aurais dû pousser les infusions plus tôt !!!
Bilan : un bon shu cha qui aurait certainement mérité des infusions plus "musclées", et qui a peut-être également souffert d'un séjour trop long dans un sachet plastique (mea culpa).
Comme quoi tous les thés sont différents. Certains autres shu offrent des liqueurs très chargées et puissantes avec des infusions très courtes (comme le vrac 16, un mutant!), celui-ci (à part la toute première, c'est ce qui m'a perdu) nécessitait des bains de plusieurs minutes pour s'exprimer.
C'est toute la difficulté des échantillons : parfois on les rate. Façon de parler tout même car cette dégustation était quand même plus qu'agréable, et ce vrac 24 est un shu cha loin, très loin d'être mauvais !
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