"Gao Shan Oolong Concubine", produit à Lu Shan (Taiwan) à 1600 mètres d'altitude - cultivar Luanze. Récolté à la main le 25 août 2011.
Voir aussi l'article de Stéphane consacré à ce thé.
Les feuilles de ce thé ont été mordues par les petits insectes Jacobiasca Paoli (tout comme les Bai Hao). Après une semi-oxydation, elles ont été roulées puis torréfiées au charbon de bois.
Je ne suis fan ni des thés torréfiés, ni des Bai Hao. Mais pourquoi donc avoir acheté un petit sachet de ce wulong torréfié ?? Par curiosité, parce que la description qu'en a faite Stéphane m'a tapé dans l'œil, parce que j'ai été attiré par la superbe couleur orange de la liqueur, parce que mine de rien je commence à apprécier les notes de torréfaction lorsque celle-ci est bien faite (type Hung Shui), et parce que ça va me changer du puerh et des thés verts qui sont mon quotidien bien davantage que les wulong.
Les feuilles sont très colorées, il n'y a plus aucune trace de vert. Si on est bien dans la même famille des wulong, on est bien loin des petites billes de fraîcheur fleurie à la Tie Kuan Yin. Ce Concubine oscille plutôt dans le kaki / marron foncé, et les billes de thé ont une profonde odeur de torréfaction. De la "grosse" torréfaction donc, c'est plutôt normal vu la couleur des billes, mais de la torréfaction avec un reste de fraîcheur. Loin des parfums carbonisés , ce wulong semble à première vue éviter l'écueil des notes de barbecue et autres cendriers.
Je verse quelques billes de thé dans le fond de mon gaiwan préchauffé, je fais un bref rinçage.
Infusion 1 au pif, à la couleur et à l'odeur (je dirais environ 3 grosses minutes) : vraisemblablement sur-infusé car l'astringence me fait un peu penser à un darjeeling. Cela dit, c'est loin d'être mauvais, ça part même dans tous les sens : du malté digne d'un très bon thé rouge, de la fraîcheur herbacée à la darjeeling de printemps, des notes miellées et fleuries, j'ai un peu du mal à m'y retrouver, c'est très riche.
Tout ça pour dire que la torréfaction, certes bien présente, n'empêche pas - bien au contraire - l'expression des parfums de ce thé. J'aime beaucoup cette première infusion, et je retrouve bien cette superbe couleur orangée et lumineuse qui m'avait fait envie dans l'article de Stéphane.
Infusion 2 :
Beaucoup moins astringente, moins touffue, plus aérienne. Des notes plus végétales/fleuries, une torréfaction en réelle baisse, mais ce qu'il en reste demeure indispensable à la superbe homogénéité de l'ensemble.
Je suis officiellement réconcilié avec les wulong torréfiés :)
Infusion 3 : torréfaction encore en baisse, il ne subsiste qu'une nappe de parfums hamonieusement mêlés. C'est presque onctueux, j'aime beaucoup malgré la densité vraiment moindre de cette troisième infusion.
Je suis ravi par cette dégustation, c'est vraiment un très beau wulong. A re-tester en petite théière, avec un dosage plus important.
30 déc. 2011
29 déc. 2011
Gyokuro de Uji
Voici le dernier sachet de thé de mes achats dans la sélection 2010 de la boutique Thés du Japon. Il s'agit d'un Gyokuro de Uji, cultivar Samidori. D'après Florent, il s'agit d'un grand gyokuro, typique des grandes productions de la région de Kyôto.
Pour mon tout premier gyokuro, je vais utiliser les paramètres suivants :
- 8 grammes de feuilles
- 50ml d'eau
- 5 infusions : 50°C/2', 60°C/15", 70°C/30", 80°C/1', 90°C/1'30.
Infusion 1 : je me retrouve avec 3 gouttes de thé dans ma tasse. Déjà que 50ml c'est pas beaucoup, mais une fois que les feuilles en ont bu la moitié, il ne reste pas grand chose à boire !
Je porte ces quelques millilitres de liqueur à mes lèvres : c'est très fort en goût, ultra concentré, mais très étrangement doux en bouche. Ce n'est ni amer ni astringent, mais c'est pourtant relativement saisissant pour les papilles. Honnêtement, je suis pas fan.
J'ai bien une base de verdure agréable, mais cette surcouche très enveloppante est pour le moins envahissante et donne un rendu global très très particulier.
Infusion 2 : aaaaaah, c'est beaucoup mieux. C'est peut-être parce que mon palais a été un peu anesthésié par la première infusion, mais cette seconde liqueur me plaît énormément. Ça reste dense et concentré, mais on est désormais sur du végétal ultra doux, ce qui me ravit.
L'infusion 3 reste dans le même style. Extrêmement plaisant en bouche, c'est enveloppant et bienfaisant ; un véritable concentré de verdure dans lequel une fine astringence commence à poindre.
Infusion 4 : l'astringence augmente, la concentration des arômes diminue, c'est différent mais toujours très bon. La liqueur est toujours aussi limpide.
Cinquième et dernière infusion : l'astringence augmente encore, ce qui n'est pas nécessairement pour me déplaire dans la mesure où la liqueur est désormais beaucoup moins concentrée.
Découverte intéressante du gyokuro. Je n'ai pas vraiment aimé la première infusion, un peu raide à mon goût, mais la suite a été vraiment intéressante.
Je raccourcirai sans doute la première infusion la prochaine fois. Ou bien je reverrai le dosage un petit peu à la baisse. A moins que le gyokuro ne soit pas vraiment mon truc. J'ai tellement accroché avec les sencha que ce ne serait pas dramatique.
28 déc. 2011
Huang Shan Mao Feng
Huang Shan Mao Feng 2011, boutique Thés de Chine (Paris VI).
Très riche en bourgeons comme son nom l'indique (pointes duveteuses), ce thé fait partie des thés verts chinois les plus réputés. Thé d'altitude, récolté une fois par an au printemps, il fait l'objet d'une cueillette manuelle au cours de laquelle on ne prélève que le bourgeon et une ou deux feuilles.
L'odeur des feuilles sèches est à la fois très verte, douce, et on y retrouve un parfum de torréfaction également très doux, rond et suave.
Infusions en porcelaine, dosage pifométrique mais généreux, eau refroidie à environ 75/80°C.
#1 (une grosse minute) : rond, presque gras, grosse dominante végétale sur une fine astringence. Un ensemble homogène, subtil et finement structuré. Ce Huang Shan Mao Feng me plaît bien, mais il y a un petit quelque chose qui me gêne. Je n'arrive pas à mettre la main dessus : tous les pans de ce thé vert me plaisent, toutes ses "couches" sont à mon goût, mais le rendu global ne m'enchante pas outre mesure. La combinaison des parfums qui se déploie en bouche au premier abord est moins plaisante que ce que la revue de détail pourrait laisser espérer (je ne sais pas si je suis très clair...).
#2 (idem) : toujours du velouté et du végétal, peut-être un peu d'iode. L'astringence est encore là, pas désagréable car participant à la très belle tenue en bouche de ce thé vert. Le sentiment mitigé de la première infusion demeure, mais quelque peu atténué. On retrouve dans ce Huang Shan Mao Feng un peu de ce qui fait le charme d'autres thés verts chinois : des notes de châtaignes et/ou de fruits à coque, du minéral, et un surtout enrobage de verdure tout en rondeur.
#3 (deux minutes) : la liqueur de cette troisième infusion reste dans la même gamme. Très pure, elle offre toujours une très belle longueur en bouche et un arrière goût de qualité. Assurément un bon thé vert chinois, tout en douceur, qui contraste avec les thés verts japonais que je consomme désormais quotidiennement. Un retour aux sources en ce qui me concerne !
20 déc. 2011
Bonnes fêtes !
Certainement le dernier billet de 2011 : pas de présentation de puerh aujourd'hui, c'est simplement l'occasion de souhaiter de bonnes fêtes de fin d'année à mes dizaines de milliers de lecteurs :)
Alors bonnes ripailles, n'oubliez pas de boire un bon petit thé de temps à autres pour éliminer les excès alimentaires inhérents à cette période de festoiement, et rendez-vous l'année prochaine !
18 déc. 2011
Brique n°10 - 1983
Un échantillon de la brique n°10 de la Maison des Trois Thés, un puerh fermenté de 1983. J'ai eu l'occasion de goûter ce thé une première fois il y a quelques mois, en compagnie de celui qui m'a offert ce petit bloc de feuilles. Je garde un souvenir fort sympathique de cette séance dédiée aux sencha et aux puerh.
Feuilles sèches : belle couleur brique sombre à noir, une odeur fantastique de vieux, une noblesse extrême concentrée dans quelques grammes de thé...
Deux lavages express : les eaux de rinçage sont d'une limpidité exemplaire.
Infusion 1, relativement longue pour une première infusion (20 à 30") : je suis immédiatement conquis par la fraîcheur en bouche, la puissance et la profondeur des parfums vieillis. C'est une association relativement rare dans les shu cha, on ne retrouve cette perfection que dans les très bons crus. C'est fantastique.
Infusion 2 (très courte) : encore meilleur. Davantage de parfums et de présence en bouche, un délice. Une belle vivacité pour un thé d'une trentaine d'années. Vivacité qui, alliée à ces formidables notes de cuir et de boiseries, fait réellement sensation.
Infusion 3 : encore et toujours un pur bonheur pour le palais, le nez et tout le reste. Je ne vais pas aligner les superlatifs sur 50 lignes, cette brique n°10 est vraiment superbe et je vais la savourer comme il se doit.
J'ai sorti les feuilles de la théière après 6 ou 7 infusions pour les photographier, la suite se fera sans photos et sans prises de notes. Au bout d'une petite dizaine d'infusions, j'ai fait un break pour profiter du soleil. Je finirai d'épuiser ces feuilles ce soir, et je ferai sans l'ombre d'un doute une infusion nocturne pour que ma théière profite et s'imprègne au maximum de ce très beau puerh.
A noter que ce thé a fait l'unanimité chez moi :
- ma femme qui d'ordinaire n'aime pas le thé (à part quelques wulong frais) trouve que celui-ci "se boit tout seul" (goûts de luxe, quoi)
- ma fille de 2 ans 1/2 l'a également beaucoup aimé parce qu'il n'a "pas de morceaux" : j'utilise un filtre pour les puerh, contrairement aux thés japonais qu'elle aime beaucoup (prononcé thés "saponais").
Feuilles sèches : belle couleur brique sombre à noir, une odeur fantastique de vieux, une noblesse extrême concentrée dans quelques grammes de thé...
Deux lavages express : les eaux de rinçage sont d'une limpidité exemplaire.
Infusion 1, relativement longue pour une première infusion (20 à 30") : je suis immédiatement conquis par la fraîcheur en bouche, la puissance et la profondeur des parfums vieillis. C'est une association relativement rare dans les shu cha, on ne retrouve cette perfection que dans les très bons crus. C'est fantastique.
Infusion 2 (très courte) : encore meilleur. Davantage de parfums et de présence en bouche, un délice. Une belle vivacité pour un thé d'une trentaine d'années. Vivacité qui, alliée à ces formidables notes de cuir et de boiseries, fait réellement sensation.
Infusion 3 : encore et toujours un pur bonheur pour le palais, le nez et tout le reste. Je ne vais pas aligner les superlatifs sur 50 lignes, cette brique n°10 est vraiment superbe et je vais la savourer comme il se doit.
J'ai sorti les feuilles de la théière après 6 ou 7 infusions pour les photographier, la suite se fera sans photos et sans prises de notes. Au bout d'une petite dizaine d'infusions, j'ai fait un break pour profiter du soleil. Je finirai d'épuiser ces feuilles ce soir, et je ferai sans l'ombre d'un doute une infusion nocturne pour que ma théière profite et s'imprègne au maximum de ce très beau puerh.
A noter que ce thé a fait l'unanimité chez moi :
- ma femme qui d'ordinaire n'aime pas le thé (à part quelques wulong frais) trouve que celui-ci "se boit tout seul" (goûts de luxe, quoi)
- ma fille de 2 ans 1/2 l'a également beaucoup aimé parce qu'il n'a "pas de morceaux" : j'utilise un filtre pour les puerh, contrairement aux thés japonais qu'elle aime beaucoup (prononcé thés "saponais").
16 déc. 2011
Hojo's Bulang
Un échantillon de Bulang de chez Hojotea. Le sachet porte le nom "Bulang Shan Raw Pu-erh", il n'est pas fait mention de l'année de récolte de ce thé (sur le site web non plus d'ailleurs).
A l'ouverture du petit sachet style Mylan, une grosse bouffée de parfums ultra fruités s'offre à moi. Ce phénomène, assez courant avec les puerh conservés de façon hermétique ou sous vide me fait à chaque fois penser à ce fameux débat sur la conservation des puerh. J'aurais tendance à dire que ces petites expériences régulières vérifient les dires de ceux (dont Akira) qui prétendent que ce type de conservation fait ressortir le côté fruité des puerh.
Seulement voilà, au bout de quelques secondes, le fruit s'évapore systématiquement en grande partie, et dans le cas présent il laisse la place à une grosse touche de fumé sur une bonne base de puerh.
Deux rinçages et une infusion flash plus tard : la liqueur trouble et chargée que j'ai dans ma tasse me laisse immédiatement une sensation de fraîcheur en bouche ; elle est également relativement amère. Superposés à cette assise et cette présence en bouche typiquement "jeune puerh", je retrouve de flagrantes touches de fumée et pour tout dire un parfum d'herbe (celle qui fait ricaner). Au final cette première infusion est assez peu convaincante.
La suivante est bien meilleure : les parfums parasites s'effacent un peu et laissent la place à ce puerh du coup très typé Bulang, qui saisit bien la langue et le palais, sans exagération tout de même.
L'infusion 3 offre une recrudescence de pureté, les parfums sont également plus précis, davantage sculptés et l'ensemble est plus homogène. Les "parasites" du début se sont transformés en un petit quelque chose de plutôt charmant et insolite.
Les infusions suivantes accentuent encore le côté très singulier et inattendu de ce Bulang : décidément très poivré/vert et doté de sa grosse présence en bouche, il me laisse pour tout dire un peu perplexe.
La suite sera décevante à mon goût : obligé d'augmenter les durées d'infusion pour conserver un minimum d'intérêt à la liqueur, l'amertume devient trop présente par rapport à la faible densité des parfums, c'est un peu sec et abrupt, sans compensations.
Bref, une dégustation assez intéressante, mais au final un thé qui ne me plaît pas vraiment. En tout cas il est très loin de me plaire autant que le Deep Fermented Dong Ding de la même boutique, qui lui m'avait véritablement scotché.
A l'ouverture du petit sachet style Mylan, une grosse bouffée de parfums ultra fruités s'offre à moi. Ce phénomène, assez courant avec les puerh conservés de façon hermétique ou sous vide me fait à chaque fois penser à ce fameux débat sur la conservation des puerh. J'aurais tendance à dire que ces petites expériences régulières vérifient les dires de ceux (dont Akira) qui prétendent que ce type de conservation fait ressortir le côté fruité des puerh.
Seulement voilà, au bout de quelques secondes, le fruit s'évapore systématiquement en grande partie, et dans le cas présent il laisse la place à une grosse touche de fumé sur une bonne base de puerh.
Deux rinçages et une infusion flash plus tard : la liqueur trouble et chargée que j'ai dans ma tasse me laisse immédiatement une sensation de fraîcheur en bouche ; elle est également relativement amère. Superposés à cette assise et cette présence en bouche typiquement "jeune puerh", je retrouve de flagrantes touches de fumée et pour tout dire un parfum d'herbe (celle qui fait ricaner). Au final cette première infusion est assez peu convaincante.
La suivante est bien meilleure : les parfums parasites s'effacent un peu et laissent la place à ce puerh du coup très typé Bulang, qui saisit bien la langue et le palais, sans exagération tout de même.
L'infusion 3 offre une recrudescence de pureté, les parfums sont également plus précis, davantage sculptés et l'ensemble est plus homogène. Les "parasites" du début se sont transformés en un petit quelque chose de plutôt charmant et insolite.
Les infusions suivantes accentuent encore le côté très singulier et inattendu de ce Bulang : décidément très poivré/vert et doté de sa grosse présence en bouche, il me laisse pour tout dire un peu perplexe.
La suite sera décevante à mon goût : obligé d'augmenter les durées d'infusion pour conserver un minimum d'intérêt à la liqueur, l'amertume devient trop présente par rapport à la faible densité des parfums, c'est un peu sec et abrupt, sans compensations.
Bref, une dégustation assez intéressante, mais au final un thé qui ne me plaît pas vraiment. En tout cas il est très loin de me plaire autant que le Deep Fermented Dong Ding de la même boutique, qui lui m'avait véritablement scotché.
15 déc. 2011
Thé vert à la rose des bois
Non non, ce n'est pas un canular, il s'agit bien d'un thé parfumé - oui oui, à la rose des bois - mais pas n'importe lequel. Ce thé, de la boutique Thés de Chine (boulevard Saint-Germain à Paris), est le tout premier vrai thé que j'ai bu. Mon premier pas dans l'univers du thé, le déclic qui m'a fait abandonner les sachets de Lipton au profit des thés en vrac, d'abord parfumés, puis d'origine.
Voilà toute l'histoire, qui remonte à environ 5 ou 6 ans : j'étais en formation avec une dizaine d'autres personnes, en plein hiver, dans une salle très mal chauffée et dans laquelle nous passions toute la journée assis à grelotter en prenant des notes. L'un des stagiaires avait toujours à portée de main une bouteille thermos visiblement remplie de thé qu'il buvait méticuleusement tout au long de la journée.
Par curiosité - et aussi pour me réchauffer un peu j'avoue - j'ai fini par aller lui quémander un bol de son eau chaude et j'ai immédiatement adoré le goût de son thé. C'était précisément le thé que je vous présente aujourd'hui : un thé vert à la rose des bois, celui de Thés de Chine.
Peu de temps après cet épisode, je suis allé acheter ce thé parfumé ainsi qu'un ou deux autres du même style, et je n'ai plus bu que cela. Petit à petit, j'ai été un peu écœuré par ces parfums un peu trop envahissants, et j'ai acheté des thés de moins en moins parfumés, pour finalement finir par goûter un Long Jing qui m'a définitivement fait passer de l'autre côté de la barrière. J'ai alors enchaîné les thés verts chinois, puis découvert les wulong, les puerh, récemment les thés verts japonais...
A défaut d'avoir conservé les coordonnées (ou même le nom) du stagiaire qui m'avait fait goûter son breuvage, ce billet est donc en quelque sorte un hommage à ce thé vert parfumé à la rose des bois, celui sans lequel je n'aurais jamais découvert le puerh, ce qui eût été bien dommage.
J'ai racheté un sachet de ce thé, qui mêle effectivement des feuilles de thé vert à des petits pétales de rose. J'ai fait une rapide recherche sur Internet, la rose des bois est un mystère. Il est fait mention d'une liane psychotrope aux effets hallucinogènes, la liane d'argent (également appelée rose des bois), mais je doute que ce soit le même végétal. L'appellation rose des bois n'est peut-être que "commerciale" (à moins que l'on ne trouve beaucoup de rosiers dans les forêts chinoises).
L'odeur des feuilles sèches est très puissante, très très parfumée. Des parfums de rose évidemment, mais aussi un petit quelque chose de très sucré, le tout faisant furieusement penser à une odeur de chewing-gum, de Malabar plus précisément. C'est tout à fait ça : ce thé sent le Malabar à plein nez, mais pas du tout le thé.
Je vais le préparer comme un thé vert Chinois, c'est à dire : gaiwan, 3 ou 4 grammes de thé, eau pas trop chaude, et 3 ou 4 infusions d'une minute ou deux.
#1 (une minute) : c'est assez frais en bouche, très très peu d'amertume, et à part cela on ne sent pas grand chose si ce n'est ce monolithique parfum de Malabar à la rose. Honnêtement, ce n'est pas mauvais, mais ce n'est pas très bon non plus. Je dirais que c'est tout de même un bon thé parfumé, qui ne fait pas dans l'excès au niveau des parfums. Il reste relativement sobre et suffisamment éloigné du poire-gingembre-couscous pour rester tout à fait buvable dans sa catégorie.
#2 (une grosse minute) : rien d'autre à ajouter. Finalement c'est plutôt une bonne chose que les parfums de "rose des bois" couvrent le vrai goût de ce thé vert, car ce que l'on en devine sous la couche parfumée n'a pas l'air transcendant (heureusement d'ailleurs, il eût été dommage de mélanger un Anji Bai Cha de premier choix avec des pétales de rose).
#3 (deux minutes, eau un peu plus chaude) : rien à signaler, ça se boit bien, c'est un thé parfumé plutôt agréable mais je n'en boirai pas tous les jours (dans le même style j'aime bien aussi le Marco Polo vert de chez Mariage).
Je suis tout de même content de ces retrouvailles avec ce petit thé qui me rappelle pas mal de bons souvenirs, mais je pense que j'aurais du mal à finir le sachet tout seul. Je compte sur les gens de passage pour qui le Tai Ping Hou Kui n'a absolument aucun goût pour venir à bout de ces 100g de thé :)
Voilà toute l'histoire, qui remonte à environ 5 ou 6 ans : j'étais en formation avec une dizaine d'autres personnes, en plein hiver, dans une salle très mal chauffée et dans laquelle nous passions toute la journée assis à grelotter en prenant des notes. L'un des stagiaires avait toujours à portée de main une bouteille thermos visiblement remplie de thé qu'il buvait méticuleusement tout au long de la journée.
Par curiosité - et aussi pour me réchauffer un peu j'avoue - j'ai fini par aller lui quémander un bol de son eau chaude et j'ai immédiatement adoré le goût de son thé. C'était précisément le thé que je vous présente aujourd'hui : un thé vert à la rose des bois, celui de Thés de Chine.
Peu de temps après cet épisode, je suis allé acheter ce thé parfumé ainsi qu'un ou deux autres du même style, et je n'ai plus bu que cela. Petit à petit, j'ai été un peu écœuré par ces parfums un peu trop envahissants, et j'ai acheté des thés de moins en moins parfumés, pour finalement finir par goûter un Long Jing qui m'a définitivement fait passer de l'autre côté de la barrière. J'ai alors enchaîné les thés verts chinois, puis découvert les wulong, les puerh, récemment les thés verts japonais...
A défaut d'avoir conservé les coordonnées (ou même le nom) du stagiaire qui m'avait fait goûter son breuvage, ce billet est donc en quelque sorte un hommage à ce thé vert parfumé à la rose des bois, celui sans lequel je n'aurais jamais découvert le puerh, ce qui eût été bien dommage.
J'ai racheté un sachet de ce thé, qui mêle effectivement des feuilles de thé vert à des petits pétales de rose. J'ai fait une rapide recherche sur Internet, la rose des bois est un mystère. Il est fait mention d'une liane psychotrope aux effets hallucinogènes, la liane d'argent (également appelée rose des bois), mais je doute que ce soit le même végétal. L'appellation rose des bois n'est peut-être que "commerciale" (à moins que l'on ne trouve beaucoup de rosiers dans les forêts chinoises).
L'odeur des feuilles sèches est très puissante, très très parfumée. Des parfums de rose évidemment, mais aussi un petit quelque chose de très sucré, le tout faisant furieusement penser à une odeur de chewing-gum, de Malabar plus précisément. C'est tout à fait ça : ce thé sent le Malabar à plein nez, mais pas du tout le thé.
Je vais le préparer comme un thé vert Chinois, c'est à dire : gaiwan, 3 ou 4 grammes de thé, eau pas trop chaude, et 3 ou 4 infusions d'une minute ou deux.
#1 (une minute) : c'est assez frais en bouche, très très peu d'amertume, et à part cela on ne sent pas grand chose si ce n'est ce monolithique parfum de Malabar à la rose. Honnêtement, ce n'est pas mauvais, mais ce n'est pas très bon non plus. Je dirais que c'est tout de même un bon thé parfumé, qui ne fait pas dans l'excès au niveau des parfums. Il reste relativement sobre et suffisamment éloigné du poire-gingembre-couscous pour rester tout à fait buvable dans sa catégorie.
#2 (une grosse minute) : rien d'autre à ajouter. Finalement c'est plutôt une bonne chose que les parfums de "rose des bois" couvrent le vrai goût de ce thé vert, car ce que l'on en devine sous la couche parfumée n'a pas l'air transcendant (heureusement d'ailleurs, il eût été dommage de mélanger un Anji Bai Cha de premier choix avec des pétales de rose).
#3 (deux minutes, eau un peu plus chaude) : rien à signaler, ça se boit bien, c'est un thé parfumé plutôt agréable mais je n'en boirai pas tous les jours (dans le même style j'aime bien aussi le Marco Polo vert de chez Mariage).
Je suis tout de même content de ces retrouvailles avec ce petit thé qui me rappelle pas mal de bons souvenirs, mais je pense que j'aurais du mal à finir le sachet tout seul. Je compte sur les gens de passage pour qui le Tai Ping Hou Kui n'a absolument aucun goût pour venir à bout de ces 100g de thé :)
3 déc. 2011
Jin Damo 2005
Postcard Teas, la boutique de thé londonienne, n'est pas à priori célèbre pour ses puerh. Mais c'est peut-être encore une idée reçue. En tout cas, il n'y a pas beaucoup de choix : on ne trouve que 2 références en ligne, un puerh brut et un fermenté.
Je vais avoir l'occasion de me faire une première idée sur le puerh brut de la boutique, le Jin Damo 2005, grâce à un échantillon (merci Julien:) :
Ce petit bloc de puerh, très compact, est vraisemblablement composé de petites feuilles. L'odeur est vraiment prometteuse : du boisé/épicé, une touche de cuir, tous les parfums que j'aime retrouver dans les jeunes puerh bruts sont présents ici.
Deux rinçages flash, le bloc est toujours entier. Première infusion, première liqueur : orangée, limpide. C'est frais en bouche, davantage végétal que boisé sur le finish, je trouve ça très bon hormis peut-être un petit côté "métallique", peut-être lié à un léger déséquilibre parfums/amertume/acidité.
Les infusions suivantes m'ont parues plus réussies. Un puerh relativement homogène et bien fait ; le seul reproche que je pourrais lui faire c'est qu'il est assez peu parfumé comparé à d'autres. Sinon, pas de défaut apparent, et de très bonnes sensations. J'ai même eu droit à quelques superbes "fonds de tasse" (les parfums résiduels dans la tasse vide encore chaude, ma drogue).
Finalement cette seule et unique référence de puerh brut chez Postcard Teas tient franchement la route. Je suis moins époustouflé que lors de la découverte des Long Jing de cette boutique, mais ce Jin Damo est plutôt chouette. En revanche, à £40.00 la galette de 100g, il est très cher.
Je vais avoir l'occasion de me faire une première idée sur le puerh brut de la boutique, le Jin Damo 2005, grâce à un échantillon (merci Julien:) :
Ce petit bloc de puerh, très compact, est vraisemblablement composé de petites feuilles. L'odeur est vraiment prometteuse : du boisé/épicé, une touche de cuir, tous les parfums que j'aime retrouver dans les jeunes puerh bruts sont présents ici.
Deux rinçages flash, le bloc est toujours entier. Première infusion, première liqueur : orangée, limpide. C'est frais en bouche, davantage végétal que boisé sur le finish, je trouve ça très bon hormis peut-être un petit côté "métallique", peut-être lié à un léger déséquilibre parfums/amertume/acidité.
Les infusions suivantes m'ont parues plus réussies. Un puerh relativement homogène et bien fait ; le seul reproche que je pourrais lui faire c'est qu'il est assez peu parfumé comparé à d'autres. Sinon, pas de défaut apparent, et de très bonnes sensations. J'ai même eu droit à quelques superbes "fonds de tasse" (les parfums résiduels dans la tasse vide encore chaude, ma drogue).
Finalement cette seule et unique référence de puerh brut chez Postcard Teas tient franchement la route. Je suis moins époustouflé que lors de la découverte des Long Jing de cette boutique, mais ce Jin Damo est plutôt chouette. En revanche, à £40.00 la galette de 100g, il est très cher.
30 nov. 2011
Shue Yu Cha Xiang
Une galette de puerh fermenté 2010 encore une fois en provenance du Lincang (xian de Yong De), et c'est encore une production de Lan Ting Chun. Ce shu cha répond au doux nom de Shue Yu Cha Xiang (Lorsque l'eau rencontre le thé).
Une fois la galette déballée, les puissants parfums qui traversaient aisément le papier se font plus précis. C'est épais, opulent dans la fermentation mais tout en restant frais, "sec" quoi. La couleur des feuilles et des bourgeons qui composent la galette semblent témoigner d'une fermentation peu poussée, l'odeur reste douce et enveloppante.
Cette tasse sera la première d'une longue série d'infusions de très haute volée. Il est assez rare que je m'enthousiasme de la sorte pour un jeune puerh fermenté. Ici, à la première gorgée de la première tasse, j'ai tout de suite été conquis par ce puerh certes fermenté, mais très épicé et plein de surprises.
Des arômes éclatants, des parfums lumineux et très bien dessinés, précis et accentuant encore l'immédiate et superbe présence en bouche ainsi que la fraîcheur de ce thé. Je suis vraiment surpris par ce Shue Yu Cha Xiang, je ne m'attendais vraiment pas à tomber sous le charme d'un jeune shu cha un jour !
Je n'ai absolument rien à reprocher à ce puerh, très fin, harmonieux et équilibré, qui jongle avec assurance et avec brio entre des parfums classiques de shu et une verdeur et un dynamisme qui viennent en souligner toutes les qualités gustatives.
Ajoutez à cela un très bel arrière goût et une énergie vraiment singulière pour un puerh fermenté, le résultat est bluffant. Surtout pour une vingtaine d'euros !
Assurément le meilleur jeune puerh fermenté qu'il m'ait été donné de boire. Superbe trouvaille, merci Olivier !
Une fois la galette déballée, les puissants parfums qui traversaient aisément le papier se font plus précis. C'est épais, opulent dans la fermentation mais tout en restant frais, "sec" quoi. La couleur des feuilles et des bourgeons qui composent la galette semblent témoigner d'une fermentation peu poussée, l'odeur reste douce et enveloppante.
Extraction à la main d'un petit morceau de thé...
Rinçages, copieux arrosages de la théière...
Préchauffage de ma tasse à puerh cuits...
Première liqueur d'une belle clarté, qui dégage des effluves très aguichants : du puerh fermenté plein de relief et de rondeur, subtil et plaisant.
Cette tasse sera la première d'une longue série d'infusions de très haute volée. Il est assez rare que je m'enthousiasme de la sorte pour un jeune puerh fermenté. Ici, à la première gorgée de la première tasse, j'ai tout de suite été conquis par ce puerh certes fermenté, mais très épicé et plein de surprises.
Des arômes éclatants, des parfums lumineux et très bien dessinés, précis et accentuant encore l'immédiate et superbe présence en bouche ainsi que la fraîcheur de ce thé. Je suis vraiment surpris par ce Shue Yu Cha Xiang, je ne m'attendais vraiment pas à tomber sous le charme d'un jeune shu cha un jour !
Je n'ai absolument rien à reprocher à ce puerh, très fin, harmonieux et équilibré, qui jongle avec assurance et avec brio entre des parfums classiques de shu et une verdeur et un dynamisme qui viennent en souligner toutes les qualités gustatives.
Ajoutez à cela un très bel arrière goût et une énergie vraiment singulière pour un puerh fermenté, le résultat est bluffant. Surtout pour une vingtaine d'euros !
Assurément le meilleur jeune puerh fermenté qu'il m'ait été donné de boire. Superbe trouvaille, merci Olivier !
27 nov. 2011
Sencha de Sayama
Avant-dernier sachet de la boutique Thés du Japon, un fukamushi sencha (sencha étuvage long) de la préfecture de Saitama (ville de Iruma).
Cultivar Yumewakaba, ce thé du printemps 2010 est une production de Yoshiaki Hiruma. Si vous n'avez pas lu l'interview de ce monsieur par Florent (du blog Sommelier en thé japonais), c'est par ici.
Voici les recommandations d'infusion pour ce sencha :
Quantité de feuilles : 3 g / pers.
Quantité d'eau : 70 ml / pers.
Température d'eau : 70℃
Durée d'infusion : 40~50 secondes
Comme je n'ai pas de balance ni de thermomètre sous la main, je vais faire au feeling en mettant environ 4 à 5g de thé (mon dosage habituel pour les sencha), un peu plus d'eau (env. 90ml) et de l'eau bouillie bien refroidie, qui devrait tourner aux environs des 70°C recommandés.
Les feuilles de ce sencha sont très parfumées : une belle note de "hi-ire", assez soutenue, qui me semble assez typique des fukamushi sencha mais je peux me tromper, j'ai encore assez peu de recul sur les thés japonais. J'y retrouve également du végétal bien sûr, mais aussi une petite touche fruitée.
Première infusion, une petite minute : la première liqueur obtenue est d'un très beau jaune/vert brillant, éclatant et très limpide. C'est très doux, l'amertume est minimaliste (à peine perceptible), la texture est soyeuse. J'ai presque l'impression de boire un wulong vert très frais? J'ai du mal à savoir si le cocktail de parfums qui me reste en bouche après cette première tasse est fruitée ou fleurie, j'ai le sentiment que c'est un mélange des deux, délicatement installé sur un tapis de verdure japonaise d'une qualité incroyable.
Le rendu final est très homogène, super agréable en bouche, très classieux, vraiment délicieux.
Je dois avouer que certains fukamushi sencha s'étaient révélés, à la longue, parfois un peu trop... "fukamushi" pour moi. Je pense que ce ne sera pas le cas pour celui-ci !
Infusion 2 (une vingtaine de secondes) : la liqueur se trouble un peu et offre un rendu en bouche encore plus frais, mais le texture est un peu moins douce. Les parfums persistent, mais l'atmosphère est un peu plus vive car l'amertume a augmenté.
Dans les fonds de tasse comme en fin de bouche, j'ai encore une impression de wulong frais et fleuri, c'est vraiment superbe !
Infusion 3 (1 minute) : je retrouve un peu de la texture incroyable de la première infusion, et la liqueur de cette troisième infusion conserve beaucoup de ses qualités : des parfums superbes, une présence en bouche de grande qualité ainsi qu'une finale toujours aussi étonnamment wulonguesque et interminable. Bref, je suis conquis par ce sencha, c'est un vrai nectar.
Quatrième infusion, deux minutes avec une eau un peu plus chaude : cette infusion a encore fait augmenter l'amertume, mais cela reste tout de même très raisonnable.
Je ne sais pas si c'est très "académique" de faire une quatrième infusion pour un sencha mais en tout cas celle-ci reste tout à fait honorable. J'ai encore et toujours le sentiment de boire un milky wulong mélangé à un sencha, c'est vraiment surprenant. Evidemment cette quatrième liqueur est moins riche que les précédentes, mais elle demeure extrêmement agréable à boire, c'est le moins que l'on puisse dire !
Bon, j'en ai même fait une cinquième, eau presque bouillante et plusieurs minutes d'infusion : plus très parfumée, mais toujours une présence en bouche et une fraîcheur surprenantes pour une cinquième infusion.
Karatsu style teacup by Akihiro & Yoshihiro Furuya, PostcardTeas |
C'est tout à fait le type de thé avec lequel j'aimerais faire plusieurs essais de température / grammage / durées d'infusion. Je me demande - vu la qulité incroyable de la première liqueur de j'ai obtenue aujourdh'ui - ce que donnerait par exemple une seule infusion, longue mais peu dosée...
C'est un cruel dilemme car je ne voudrais pas gâcher ces précieuses feuilles (d'autant plus que j'arrive à la fin de mes réserves de thé vert japonais), mais je ne voudrais pas non plus passer à côté du moyen de tirer le meilleur parti de ce sencha fantastique.
Cela dit, le mode opératoire pour lequel j'ai opté aujourd'hui m'a déjà donné un résultat au-delà de ce que j'imaginais possible pour mes goûts en terme de fukamushi sencha !
La grande classe quoi.
Merci monsieur Hiruma ! Merci Florent !
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