13 oct. 2011

Maocha de Shuangjiang

Voici un maocha déniché par Olivier au mois de mai au fin fond des montagnes du xian autonome de Shuangjiang (village de Bang Xie), c'est à dire dans le sud de la région (préfecture) de Lincang (Yunnan).

Olivier, j'ai essayé de reconstituer géographiquement la chose à partir des bouts d'infos que j'avais, de ce que j'ai déchiffré sur le sachet, et avec quelques recherches sur internet. Donc n'hésite pas à me corriger, j'updaterai :)


Bref, Olivier était parti rencontrer un spécialiste de la culture du Yunnan, Monsieur Feng, auteur d'un livre sur la minorité ethnique 'Bulang', sans savoir qu'il était à la retraite et qu'il... produisait du thé !
Evidemment Olivier n'est pas revenu les mains (le sac à dos) vides, et j'ai eu la chance de pouvoir lui acheter un peu de ce maocha du printemps dernier.

Tu me dis, hein, Olivier, si ça te gêne que je raconte ta vie à tout le monde ;)


Lorsque j'ai déballé hier soir le carton de ma dernière commande de thé, j'ai bien sûr fourré mon nez dans tous les petits (et gros) sachets qu'il contenait, et ce maocha m'a vraiment tapé dans l'œil : une odeur de fruit vraiment spectaculaire ! Je n'ai pas pu attendre davantage, il fallait absolument que je le goûte.


L'odeur dans ce sachet est réellement incroyable : du fruit, presque du bonbon, sur une bonne base de puerh jeune, frais mais très doux. Je n'arrive pas à mettre un nom sur cet arôme de fruit, ça m'agace.


Lors du rinçage, une verdeur végétale assez vive se fait sentir dans le couvercle du zhong, puis immédiatement après, on observe un retour du fruit.

Trois ou quatre premières infusions : douceur et surtout rondeur fantastiques, du fruit encore et toujours, du relief grâce à une délicate amertume, une texture d'anthologie, une pureté absolue, je suis fan.


Quatre ou cinq infusions suivantes : l'extrême douceur veloutée des premières infusions, donnant une atmosphère plutôt féminine à ce puerh, se métamorphose au fur et à mesure de l'augmentation des durées d'infusion en quelque chose de plus acéré, tranché, dans les épices et le bois. Ce qui est magique, c'est que la liqueur conserve pourtant cette fantastique rondeur sucrée et fruitée des premières infusions.

La lente métamorphose en quelque chose de plus "masculin" laisse apparaître un profil aromatique "Lincang" que je n'avais pas détecté au début de la dégustation (et ce n'est pas pour me déplaire). De plus, ce changement de rendu apporte une longueur en bouche vraiment intéressante.


Peut-être un petit reproche tout de même : j'aurais aimé que ce puerh soit un peu plus endurant (disons que pour conserver la superbe de ce thé, il faut le pousser un peu et du coup l'amertume prend un peu trop le dessus et déséquilibre légèrement l'ensemble).
Reproche à tempérer tout de même : je l'ai peut-être un peu sous-dosé malgré le bon remplissage du zhong.

Il n'est pas forcément aisé de bien doser les maocha, les quantités étant difficiles à évaluer... la prochaine fois, je ferai davantage déborder le zhong avec les feuilles sèches.


"Reproche" à relativiser doublement car quelques infusions tard, le palais baignant dans cette amertume profitable, c'est un troisième pan de ce puerh que l'on découvre et du coup on peut poursuivre sans aucun problème.

En toute fin de session, la douceur sucrée revient sur la pointe des pieds, doucement mais sûrement, et la relative puissance de ce puerh laisse place à une agonie des parfums tout en subtilité et en fruits.
Une dégustation en 3 voire 4 temps, riche et dynamique, une superbe découverte.

Un puerh à re-tester rapidement en théière et/ou dosé différemment en zhong. Merci et bravo Olivier pour cette trouvaille !!

Ce puerh me pose tout de même un problème : il va falloir que je lui trouve une jarre, ça m'embêterait de le laisser dans un sachet en plastique...

7 commentaires:

David a dit…

Magnifique ! J'en salive presque. ^^

lionel a dit…

Génial !
Super ces photos new style...
Allez, je me fais un jeune sheng dans ma xishi au bureau ;-)

Olivier a dit…

Le bonjour de Chine,

C'est drôle je viens justement de passer une bonne partie de la semaine à Bang Xie, chez le producteur qui a donné vie à ce superbe maocha!

Pas d'erreur sinon Sébastien sur la localisation de l'origine du thé, c'est bien ça!

Tu me dis, hein, Olivier, si ça te gêne que je raconte ta vie à tout le monde ;)

Va y te gènes pas, pas de problème (je prendrais garde de ne pas te raconter ma vie privée... ça pourrait aussi finir en ligne ;) )

Bonnes dégustations!

Olivier

vacuithe a dit…

"C'est drôle je viens justement de passer une bonne partie de la semaine à Bang Xie, chez le producteur qui a donné vie à ce superbe maocha!"

... et tu n'aurais pas ramené un peu de rab' de ce thé par hasard ?

Olivier a dit…

... et tu n'aurais pas ramené un peu de rab' de ce thé par hasard ?

Si... j'ai tout le stock... mais il est réservé pour une production spéciale autour du thé de la musique dans la culture chez les Bulang de Lincang... à suivre cet hivers...

(En attendant tu sera le seul chanceux à en avoir eux une poignée...)

vacuithe a dit…

"Si... j'ai tout le stock... mais il est réservé pour une production spéciale autour du thé de la musique dans la culture chez les Bulang de Lincang... à suivre cet hivers..."

ah aaaaaah ! on peut réserver ?? :)

Anonyme a dit…

Merci Sébastien pour l'échantillon de ce thé que j'ai tout particulièrement bien aimé. De très belles saveurs ! (Dommage toutefois qu'il soit relativement court en bouche.)