Magnifique futsumushi sencha de Hon.Yama, ce Tôbettô est un thé de montagne, très faiblement étuvé, issu d'un jardin limitant au maximum les intrants, produit avec l'intention de restituer au maximum les qualités naturelles du thé et d'en modifier le moins possible les caractéristiques gustatives et physiques : oxydation et malaxages minimalistes, soin extrême apporté au processus de fabrication...
Pour (beaucoup) plus de détails au sujet de ce Tôbettô, je vous encourage vivement à aller voir sur le blog de Florent l'article qu'il a consacré à ce thé (ne serait-ce que pour admirer les photos des montagnes).
J'ai un tout petit peu modifié les paramètres recommandés : j'ai utilisé 4g de thé pour 75ml et réalisé trois infusions 60°C/1'30 , 70°C/15" , et 75°C / 2'.
La première liqueur est à l'image des feuilles sèches : extrêmement pure, fraîche, douce et légèrement fruitée. Le résultat en bouche est assurément parfait : très homogène mais pas trop pour ne pas en devenir ennuyeux, extrêmement pur sans risquer le manque de consistance, des parfums bien présents mais laissant la part belle à l'imagination, une texture onctueuse qui cède délicatement un peu de son territoire à une amertume délectable, bref, c'est extrêmement enthousiasmant.
Ce Tôbettô ne fait pas dans l'épate, il n'y a rien de trop, mais rien ne manque non plus. Tout est à sa place, il invite à la contemplation de la liqueur, à l'observation des feuilles dans la théière, à la rêverie et à la savouration de l'instant, à l'écoute des sensations qui envahissent la gorge et qui remontent dans le nez.
La seconde infusion est du même tonneau, c'est juste parfait. J'ai presque l'impression que l'on dépasse ici le goût du sencha pour se rapprocher du goût du thé originel, un thé qui aurait été débarrassé de tout artifice, sans travestissement, dont on aurait uniquement conservé l'essence, la fraîcheur, la pureté, un thé offert à l'homme par la nature, sans contrepartie.
D'ailleurs ça va bien au-delà du goût, il n'est plus question ici de chercher un goût de compote de prune ou de haricot vert, de toute façon je n'ai jamais excellé dans ce genre d'exercice. La seule chose à faire pour apprécier et mériter ce thé, c'est de lui accorder toute son attention et de l'infuser avec la plus grande des considérations afin d'en extraire cet or liquide si précieux. Bon, j'ai quand même pris le temps d'immortaliser la chose en prenant quelques photos, surtout que j'arrive à la fin du sachet, le dernier sachet de sencha 2012, une apothéose en quelque sorte.
La troisième infusion, plus chaude, plus longue, met en valeur une superbe amertume jusqu'ici à peine esquissée. Pour les suivantes (vous imaginez bien qu'à chaque fois que j'ai dégusté ce Tôbettô j'en ai tiré jusqu'à la dernier molécule de plaisir), je n'ai pas grand chose à ajouter : au moment où j'écris ce texte, je me dis qu'il va vite falloir que j'oublie ce Tôbettô : place au millésime 2013, à ses bons fukamushi de Yame qui me font de l'œil sur le site de Florent, à un Asatsuyu fluorescent qu'il me tarde de voir pointer le bout de ses feuilles sur thés-du-japon ! Ce Tôbettô m'a réconcilié avec les fustumushi sencha de la plus belle des manières, et il sera le point d'orgue de mes thés japonais 2012.
3 commentaires:
Un article qui vient du cœur!
Un plaisir à lire.
Merci
Merci Philippe !
en plus j'ai appris un mot aujourd'hui... les "intrants".
c'est quand même plus classe que de dire que c'est du thé bio.
Jolies photos...
à bientôt !
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