Un champignon (Jincha) de la firme XiaGuan qui est un mastodonte du thé en Chine et qui en produit des tonnes chaque année. Ici c'est un champignon de la série "FT" : le haut de gamme de XiaGuan. Ceci dit ce champignon est vendu sous la marque BaoYan, bien qu'on retrouve le nom de XiaGuan sur la boîte en carton.
Il fait 250g, a été pressé le 18 avril 2008 et bien sûr c'est un pu erh cru.
Le thé est très, très compressé et l'odeur du champignon est puissante : boisée, épicée et fraîche.
Il faut vraiment batailler pour extraire un morceau de thé tant ce champignon est compact.
Je ne sais pas si c'est une caractéristique propre aux champignons (ou aux tuos) mais je n'ai jamais vu une galette aussi compacte que ça.
D'ailleurs, j'ai eu un gros moment de doute au moment de l'attaquer : par où commencer ? Avec quel outil ? Bof, cela ne changera sans doute pas grand chose au final, en tout cas j'ai essayé de limiter les dégâts.
D'ailleurs, j'ai eu un gros moment de doute au moment de l'attaquer : par où commencer ? Avec quel outil ? Bof, cela ne changera sans doute pas grand chose au final, en tout cas j'ai essayé de limiter les dégâts.
Du coup, il est humainement impossible de ne pas se retrouver avec des feuilles cassées, et je doute fort que j'en retrouve ne serait-ce qu'une seule en bon état dans mon zhong. A vrai dire j'ai même l'impression que les feuilles qui constituent ce champignon sont déjà des morceaux : j'ai du mal à apercevoir quelque chose qui ressemblerait à une feuille de thé à la surface ou dans les entrailles de ce champignon.
Du fait de la densité du thé, il faut doser léger (en terme de volume tout du moins). J'ai goûté ce Jincha à plusieurs reprises depuis son acquisition et je me suis déjà fait avoir sur le dosage... Dosé trop généreusement (ou infusé trop longuement), il restitue une amertume difficilement soutenable. C'est du costaud.
En revanche, quand l'infusion est réussie, la liqueur - d'une très belle couleur orangée - est tout simplement délicieuse ! Très puissante en bouche, elle enveloppe la langue, le palais et la gorge de parfums précis et appuyés, tout en faisant remonter dans le nez une fraîcheur assez douce. Très long en bouche, l'arrière-goût est lui aussi puissant et ce dès la première gorgée de la première infusion !
Ce thé me rappelle fortement la galette Yong De, elle aussi envoyée de Chine par les bons soins d'Olivier. Il faudrait les goûter simultanément pour déterminer cela plus précisément (encore que cette expérience n'aurait pas un intérêt exceptionnel), mais je suis certain que ces deux thés ont quelque chose en commun. Le XiaGuan est peut-être plus puissant (il est plus jeune), mais tout aussi riche en arômes, peut-être un peu plus en finesse sur les infusions courtes ; tous deux ont le même comportement, la même dynamique, y compris en fin de session, là où l'amertume laisse peu à peu place à un petit côté sucré.
Une autre particularité de ce thé (je ne sais pas si là aussi c'est dû à la forte compression de ce champignon) est qu'il est redoutablement endurant : quinze à vingt passages sont nécessaires pour l'épuiser.
Bref, un excellent thé.
Olivier, s'il t'en reste, tu m'en mets un de côté ?
6 commentaires:
Incroyable comme ta description fait envie. Il faudra, lorsque j'aurai les sous, que je me lance dans l'acquisition de galettes et autres pu erh compressés ^^ Pour l'instant, je n'ai que des échantillons de 25 à 50 grammes...
Quoi qu'il en soit, bonne dégustation ! ^^
"je me suis déjà fait avoir sur le dosage... Dosé trop généreusement (ou infusé trop longuement), il restitue une amertume difficilement soutenable" Ha, là je pense que tu es dans la problèmatique des pu'er jeunement compressés. C'est dans ce cas précis ou j'ai aussi le plus de difficulté.
Plus les feuilles sont cassées, plus c'est amer pour les jeunes sheng. Mais une forte compression à la machine n'aide pas au déliage des feuille en général. D'après ce que tu dis, le champignon ne contient que peu de feuilles entière, à la base.
Quand je me suis retrouvé dans ton cas, j'ai cherché a exploiter au maximum les possibilitées pour tirer meilleur parti des feuilles. Si le dosage est trop fort, j'enlève une quantité de feuilles de la théière. Elles restent à côté et éventuellement au bout de 10 infusions, je les remets pour éviter le gaspi.
Un bon dosage permet une meilleurs écoute des feuilles. Ca devient plus facile d'avoir un temps d'infusion approprié. Si le temps d'infusion est correct, l'amertume est moins importante.
Pour être clair, c'est une démarche pour trouver ce qui est juste en dosage, temps d'infusion.
Je ne sais pas comment font les autre bloggeurs, leurs avis seraient intéressants. Notement sur les théières.
Je n'avais pas pensé à retirer une partie des feuilles... quand je suis confronté à ce problème, je fais des infusions éclair, ça fonctionne bien.
Je ne pense pas que cette amertume envahissante en cas de surdosage vienne du fait que ce soit un jeune sheng très compressé, mais plutôt comme tu l'as évoqué que cela soit dû aux feuilles brisées.
Qu'importe, le tout est d'apprivoiser le thé que l'on infuse et d'arriver à en tirer le meilleur, même si pour cela il faut rater les 2 premières infusions.
D'un thé à l'autre, je ne dose pas du tout de la même façon. Ce jincha, je ne dose très peu et à l'extrême inverse, pour l'or violet de Wang Bing je remplis presque à ras bord. Ceci dit, la galette Wang Bing est très très peu compressée tandis que ce champignon est dur comme du bois. Donc si ça se trouve, je mets le même poids sans le savoir car je n'ai pas de balance.
Intéressant .
Faire aussi attention pour ces jeunes fougueux à l'eau et sa température;ainsi que de la manière de la faire bouillir.
Perso pour justement ne pas tomber dans de l'amertume insoutenable je dose faiblement env. 2g voir 3 et pour 10/15 cl ,j'adapte des temps assez longs...tout est relatif mais env. 2min pour la première un peu plus court pour la seconde et comme tu le précises c'est endurant ainsi on peut allonger lgtps...
J'utilise une eau moelleuse pas trop énergique grâce au passage en Tetsubin, j'ai peut être moins de précision dans la restitutions des parfums, mais plus d'onctuosité de good power.
Finalement je prépare les jeunes Shengs comme certains de mes thés verts pour la qualité de l'eau moelleuse et tendre avec une température q mm supérieure mais pas au delà de 90°c...
En tout cas beau fond noire,bien écrit et structuré,photos à la hauteur de ce Tout;c'est un régal de passer par Ici...
Merci.
. PHILIPPE .
Sébastien, j'ai comme toi du mal à prélever un morceau de ce champignon sans tout broyer...
Il est cependant encore un peu trop cru à mon goût, si bien que je vais le faire vieillir au moins deux ou trois ans. (Il se rapprochera ainsi du Jincha 2006 qu'Olivier apprécie beaucoup.)
Nicolas, ton idée sur les feuilles à réinjecter en cours d'infusion est sympa. Il faudra que j'essaie. Cela peut redonner une seconde jeunesse, un coup de fouet à l'infusion !
En ce qui concerne la première infusion, avec le dosage proposé de Philippe (2g, 10 cl), je pense qu'un temps plus court est préférable avec ce champignon. Il est très expressif en goût ! Pour ma part, ce serait entre 10 et 20 secondes selon mon humeur. Je peux faire un peu plus, mais c'est d'emblée plus brut, et je ne suis pas trop fan. Après, bien sûr, on peut apprécier et forcer davantage !
Beau post,
(le tissu rayé fallait oser, très bon effet, avec le champignon ça met une touche très 70' et sort de l'esthétique méditato-japanisante, j'aime!)
Sinon Xiaguan prduit probablement 90% de m**** sous différentes marques (dont BaoYan pour le tibet, mais aussi Big G, Nan Zhao, Mabei), mais aussi quelques rares perles, notamment dans les séries dont les références commencent par FT (suivant les exigence de Fei Tai).
Ce champignon en fait partie est un excellent thé (alors que la version standard, comme bcp de ce qui est exporté au tibet est à la limite de l'imbuvale), non seulement très bon à boire aujourd'hui (pour ceux qui apprécient les jeunes puerh brut "musclés"), mais qui de plus vieillit vraiment très bien!
J'en bois de différent millésime depuis des années et ce thé fait vraiment partie de mes favoris.
Après c'est comme tu as du t'en rendre compte de loin le thé le plus amer que tu as, mais il possède (à l'instar des thès de mauvaise qualité) ce que j'apellerais une amertume profitable, qui ne dure que les quelques premières infusions, prépare le palais, et se transforme ensuite en une douceur riche et complexe que l'on ne peut atteindre sans l'amertume initiale. (Quand on commence doux on finit souvant mielleux ou insipide).
Après comme le dis justement Nicolas, quand tu estimes avoir sur-dosé c'est une bonne chose d'égaliser la chose en retirant une partie des feuilles.
Fais des essais, réduire la quantité de feuilles, légèrement refroidir ton eau, diminuer les temps d'infusion... si les trois procédés auront pour conséquence d'alléger ton infusion et réduire l'amertume, ils donneront des résultats gustatifs très différents...
(Et je aussi suis de l'avis de Julien... 2 min pour ce genre de thé c'est vraiment bcp! J'infuse ce genre de thé sous les 10 secondes pour les premières infusions... et autour des 20 ensuite... bon après quand tu l'as infusé 20 fois tu peux effectivement faire de la soupe ;) )
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