23 avr. 2010

Premier sheng !



Il fallait bien que cela arrive un jour. Mon premier pu erh cru.
J'ai reçu cette galette il y a deux ou trois semaines et je dois avouer qu'elle est déjà bien entamée.



C'est une galette (biologique, mais je me demande si le bio chinois est comparable aux labels européens...) 2006 d'arbres anciens de la montagne Min Feng, produite par la Yong De Tea Factory. 

La galette dégage une odeur très boisée, avec des notes de sous-bois et de terre, mais le tout est rendu dans une atmosphère assez fraîche, presque verte (en même temps, c'est du thé vert compressé !
Je suis fortement interpellé par une odeur que j'identifie comme une marque bien précise de tabac à rouler.
Il y a aussi un beau pôle épicé, que je ne sais absolument pas détailler. Il faudrait que je fasse un stage de dégustation, plus ça va plus je m'aperçois que je suis au tout début de mon parcours d'amateur de thé et que mes lacunes sont immenses.
Belle palette de couleurs, multiples verts, bleutés et rouille.

Je ne suis pas sûr d'avoir trouvé les bons paramètres d'infusion, c'est surtout la quantité de thé (je n'ai pas de balance, dois-je investir ?) et la durée d'infusion qui me posent des problèmes.
C'est tellement facile de rater une infusion et d'obtenir par la même occasion une liqueur très amère... ça m'est arrivé plusieurs fois.



Si ma maigre expérience de buveur de thé m'a permis d'avoir certains repères en thés verts et en wulongs (et encore...), je dois cependant me rendre à l'évidence : je n'ai aucun moyen d'évaluer la qualité de cette galette.



Quoi qu'il en soit elle me plaît et lorsque l'infusion est réussie, j'obtiens quelque chose de tout à fait agréable à boire, une liqueur vivante, péchue et riche en arômes.
Mais attention : un peu trop dosé ou infusé un peu trop longtemps, c'est du costaud ! Je vais essayer de me procurer une autre galette identique pour la garder 2 ou 3 ans et voir ce que ça peut donner. Dans 3 ans, ça sera un pu erh de 7 ans, normalement il se sera un peu assagi.




13 avr. 2010

Thé vert 2010 : Bi Luo Chun

Après le blanc, le rouge, voici un magnifique thé vert tout juste récolté. Dans les feuilles sèches, on retrouve un fort côté végétal : impressions d'herbes fraîches et mouillées, de mousse, de lichen, de légumes verts également (épinard, courgette).
J'identifie également des odeurs de pâtisserie fraîche : brioche, madeleines. Je ne sais pas si c'est le fruit de mon imagination mais je parviens vraiment à sentir la brioche.
Une légère acidité (ou alors un petit côté poivré) vient aussi me piquer le fond du nez quand je plonge littéralement le nez dans les feuilles. Un pôle marin (poissons, algues) attire aussi mon attention, mais c'est quand même bizarre pour un thé chinois, non ?
Les feuilles sont torsadées et roulées, pas tout à fait en boule mais plutôt en spirale ou repliées sur elles-mêmes.
Elles ont comme un aspect lustré et offrent une palette de couleurs allant du pistache au vert bouteille, avec pour les plus sombres comme des reflets bleu foncé. Très peu de tiges.
Thé très dense (le sachet de 200g est tout petit), certaines feuilles ont une forme plus sphériques, on dirait presque des billes (un peu comme du gunpowder).
Les feuilles, une fois déployées, vont être immenses.



Odeur des feuilles sèches dans le zhong chaud : la "pâtisserie" prend le dessus sur le reste. Enfin bon je dis pâtisserie, mais c'est peut-être le côté grillé du procédé de fabrication mélangé à la douceur du côté "verdure" du thé qui me donne cette impression briochée...
J'ai beaucoup de mal à identifier toutes ces odeurs, et encore plus à les nommer... disons que ça sent bon le thé vert !

Dans le couvercle du zhong après rinçage : le végétal-légume prend le dessus : épinard, céleri (?!), asperge... il y a quand même un certain côté péchu (un épice que je n'arrive pas à identifier) qui accompagne les notes de "grillé" depuis le début. Impossible de le visualiser correctement. Les odeurs maritimes persistent, je rêve ou quoi ??

Infusion 1 [30 secondes, eau peu chaude] (je fais toujours attention pour les thés verts à ne pas les brûler lors des deux premiers contacts avec l'eau) : les feuilles commencent à bien s'ouvrir, je retrouve dans le couvercle du zhong un condensé de tout ce que j'ai pu sentir depuis le moment où j'ai plongé le nez dans le sachet, mais le résultat est assez équilibré, harmonieux. Ça sent bien le bon thé vert.
Belle liqueur vert pâle, très soyeuse. Aucune astringence, à peine une très légère acidité (je ne suis même pas sûr).
Encore une fois je constate que les odeurs perçues dans le couvercle sont plus épicées et plus puissantes que le rendu sur la lange et en rétro.
Une belle longueur en bouche, sans plus, mais une réelle impression de fraîcheur, de verdure.

Infusion 2 [30 secondes, eau un peu plus chaude] : les feuilles sont presque toutes déroulées, je trouve que la pâtisserie est encore plus présente dans le couvercle du zhong, mais pas quand je plonge le nez dans le zhong.
Les notes de pâtisserie sont vraiment intenses dans le couvercle, mais très fugaces, très volatiles. Les feuilles infusées sont beaucoup plus végétales : herbes coupées, quelques notes florales (non identifiées) et marines (décidément).
La liqueur a un tout petit peu foncé, une légère amertume par ci par là, mais toujours une réelle fraîcheur en bouche. Très agréable, très souple.



Infusion 3 [1 minute] : dans le couvercle comme dans l'infusion, c'est une sorte de synthèse qui se fait encore une fois : fusion des pôles grillé-pâtisserie-épicé / végétal-légumes-herbes-marée. Toujours pas d'astringence ni d'amertume, liqueur toujours très agréable en bouche.



Infusions 4 et 5 [2 minutes] : le thé ne faiblit pas, mais s'assagit un peu. J'entends par là qu'il s'arrondit encore un peu plus, il glisse de mieux en mieux, il en devient presque un peu gras dans la bouche.
Il reste vraiment très agréable ; il a un peu perdu la pêche des premières infusions, mais il conserve une harmonie végétale très soutenue. Vraiment très bon.

Les feuilles une fois déployées sont du coup assez impressionnantes de par leur taille et leur robustesse. Elles sont toutefois très fines et très souples.
Vive les thés primeur !

12 avr. 2010

Aujourd'hui, je bois rouge

Au programme aujourd'hui : dégustation d'un Yunnan d'Or 'Bud Simao', tout juste arrivé de Chine.

Les feuilles sèches : Merveilleuse odeur de pain d'épice quand on met le nez dans le sachet. Ce n'est pas vraiment une odeur de miel, mais bel et bien du pain d'épice, c'est la première fois que je peux identifier si distinctement cette odeur dans un thé.


Beaucoup de bourgeons dorés, les feuilles sont très finement torsadées. Les bourgeons déposent dans le fond du sachet et sur toutes les feuilles énormément de duvet ; un bon rinçage s'impose !

Odeur des feuilles sèches dans le zhong chaud : le pain d'épice disparait complètement, il se dégage des feuilles dans le zhong chaud un mélange d'odeurs de bois et de cire (évocations maltées) très prononcé sur un fond épicé (poivre ?).
Très légères notes florales.

Dans le couvercle du zhong après rinçage : bois et cire sont adoucis par des notes de je-sais-pas-quoi "grillé", la composante florale reprend un peu du poil de la bête au contact de l'eau.

Infusion 1 [10 sec.] : les feuilles commencent à s'ouvrir pour de bon, le pain d'épice n'a pas totalement disparu, je le retrouve un peu dans le couvercle du zhong. Cependant, le pôle épicé est un peu plus présent.
Belle liqueur rouge brun, très souple.
En bouche : aucune astringence, très légère acidité.
Notes florales en arrière-plan très faibles, le pôle ciré/boisé/épicé prend le dessus haut la main.
Très belle longueur en bouche.
Dans le couvercle du zhong, c'est beaucoup plus épicée que la liqueur en elle même. C'est fou la richesse aromatique et les différences entre feuilles sèches, feuilles sèches dans le zhong chauffé, feuilles rincées, infusion, et liqueur !


Infusion 2 [20 sec.] : les feuilles sont maintenant bien ouvertes, je trouve que le pain d'épice a un sursaut de vitalité dans le couvercle du zhong, mais les épices sont toujours en tête.
La liqueur est assez stable, je vois peu de différence avec la première infusion à part une très légère astringence qui commence à venir avec l'acidité.
On garde notre belle couleur rouille, qui fonce quand même un petit peu.


Infusion 3 [30 sec.] : dans le couvercle les épices deviennent un peu plus acides.
L'acidité est également un peu plus présente en bouche, l'astringence reste stable.
La liqueur reste très ample, la longueur en bouche est encore renforcée.
Des notes de champignons ? Bizarre, je ne les avais pas identifiées lors des premières infusions...

Infusion 4 [30 sec.] et suivantes : dans le couvercle, on retrouve un peu de sous-bois (je n'avais pas rêvé pour les champignons) alors que la liqueur s'arrondit et que l'acidité s'amenuise en même temps que l'astringence.


On conservera jusqu'à ce que les feuilles rendent l'âme une très belle rondeur et une longueur en bouche très appréciables. Les parfums de sous-bois vont s'amenuiser en même temps que les autres.
Après la 5ème infusion, j'ai continué pour savoir si les feuilles avaient encore quelque chose à offrir, mais la prochaine fois je m'arrêterai à 5.

7 avr. 2010

Thé blanc primeur

Dégustation d’un thé blanc : Yue Guang Bai, printemps 2010

Magnifique cueillette composée de superbes bourgeons très duveteux et de feuilles plus foncées. Celles-ci sont très sèches, presque cassantes. On dirait des feuilles mortes, mais le parfum qui sort du sachet laisse présager qu’au contraire, elles ont plein de choses à dire : un nez très frais, qui rappelle à la fois les herbes aromatiques et les tiges sèches.


Odeur des feuilles sèches dans le zhong chaud : un pôle verveine, presque menthe, prend le dessus.

Feuilles rincées : on retrouve dans le couvercle du zhong des odeurs de foin, d’étable, de campagne que je ne sais pas bien identifier mais qui sont assez semblables à celles que j’ai aussi pu détecter dans un pu erh cru dont je vous parlerai bientôt.

Première infusion : liqueur très veloutée, très agréable, d’un beau jaune pâle, qui donne en premier lieu une formidable impression de fraicheur (on retrouve là encore des notes de menthe ou de verveine), intimement liée à des parfums de végétaux secs (brindilles…). Mais le deuxième visage de ce thé, c’est une sorte de puissance qui rappelle un darjeeling de printemps, la violence de l’astringence en moins : un premier abord très très frais, preque épicé (toujours cette omniprésence un peu « menthe »), et on garde un nez un peu citronné.
Pour schématiser, on a l’impression de boire un Perrier citron (sans les bulles) mélangé à un thé vert très frais et du Darjeeling de printemps !


Infusions suivantes : la liqueur fonce et s'arrondit au fur et à mesure de l’augmentation des durées d’infusion, la vigueur végétale du thé va en s’amenuisant pour restituer un bouquet plus sage, mais toujours aussi agréable et toujours aussi frais. Cette fraîcheur reste en bouche longtemps après la dernière gorgée et on peut même la sentir dans la gorge et la suivre dans l’œsophage.

Les feuilles, qui une fois humidifiées avait pris une belle couleur verte, prennent au fil des infusions une teinte plus uniforme, qui tire vers le brun / rouge, et les bourgeons enflent sans pour autant se dérouler.


Au bout de 5 ou 6 infusions, le thé s’assagit substantiellement, mais reste cependant plein de constance dans la profusion des arômes. On peut le pousser plus loin (9, 10…), mais pour moi, ce thé donne ce qu’il a de meilleur aux alentours des infusions 2, 3 et 4.


Il faut cependant que je refasse des dégustations,
je suis loin d’avoir en fait le tour !