30 août 2011

Liu Bao Cha - Thés de Chine


Un échantillon de Liu Bao Cha "récent" (je ne connais pas l'année, mais il n'est pas bien vieux d'après ce que j'ai compris), de la boutique Thés de Chine. Merci Julien pour l'échantillon.
Je ne connais ni son prix ni son millésime mais j'en ai déjà entendu parler en bien : c'est sensé être un bon Lui Bao Cha, vraiment pas cher.

Les petites feuilles sèches (et brindilles) ne sentent vraiment quasiment rien, même quand on les réchauffe en expirant doucement dessus. Je dépoussière mon gaiwan en porcelaine, et inaugure une tasse (en porcelaine également) de David Louveau.



J'ai infusé beaucoup trop long pour les 2 premiers passages. J'ai assez peu d'expérience sur les Liu Bao Cha, mais les rares que j'ai eu l'occasion d'infuser nécessitaient des temps plutôt longs. Pas celui-ci donc...
Du coup j'ai obtenu pour les 2 premières infusions une liqueur très foncée, relativement chargée (poussiéreuse), et dotée d'une amertume/acidité plutôt incongrue et pour le moins malvenue. L'ensemble était vraiment bancal et pour tout dire pas du tout réussi.


Pour la suite, j'ai rectifié le tir en réduisant drastiquement les durées, et je dois dire que j'ai été conquis par ce Liu Bao Cha. Il ne me laissera pas un souvenir aussi impérissable que le Liu Bao Cha 1958 de la M3T (un moelleux fantastique, du sucre, un vrai sirop !), mais il est loin d'être moyen, bien au contraire.

Tsss... même pas foutu de tourner une tasse bien ronde ce potier !!

Il offre toute la palette aromatique typique des Liu Bao Cha, c'est-à-dire à peu de choses près une "caricature de pu erh fermenté", avec du moelleux et un petit quelque chose en plus difficile à définir, à la limite du terreux et de l'animal.

Ce Liu Bao Cha de Thés de Chine, quand il est correctement infusé, se révèle être vraiment très clean, relativement vif (frais) en bouche tout en conservant le registre vieilli de ses congénères. J'ai été surpris par sa très bonne endurance, qui aurait sans doute été encore accrue si je n'avais pas foiré les 2 premières infusions !


Si ce thé est vraiment si bon marché que cela (sachant que cette notion est toute relative), c'est assurément une bonne occasion de goûter cette famille de thés, ou d'un conserver un petit stock chez soi pour la soif.

27 août 2011

Gao Shan Luanze Oolong


Un wulong de Shan Lin Shi (Taiwan), cultivar Luanze, de l'automne 2010. Il s'agit d'un échantillon reçu de Stéphane, qu'il n'est plus besoin de présenter depuis longtemps.

C'est ce que j'appelle (peut-être à tort d'ailleurs) un wulong "vert" : faiblement oxydé et très peu torréfié. Tous ceux de Stéphane que j'ai eu l'occasion de goûter étaient excellents, il est difficile (impossible) de faire un mauvais choix dans sa sélection. Celui-ci, sans aucun doute, sera du même niveau que les autres.


Les billes de thé sont splendides ; certaines sont énormes, promesse de très belles feuilles à l'issue de la dégustation. Du vert foncé pour les feuilles, du jaune pour les tiges, c'est très beau, très bien fait, j'en ai l'eau à la bouche. Dans la théière chaude, une très douce torréfaction (brioche, pain) vient souligner du végétal fruité.

J'ai choisi d'utiliser des ustensiles fraîchement acquis auprès de David Louveau de la Guigneraye : une théière en porcelaine et une tasse (dont j'ignore à peu près tout sauf qu'elle a été cuite à 1340°C, c'est tout ce que j'ai retenu de ses explications techniques). Ces ustensiles ont plutôt été conçus pour du thé vert, mais je ne pense pas prendre de risques démesurés en les utilisant aujourd'hui avec ce wulong "vert".


J'en profite pour remercier David Louveau pour l'accueil qu'il m'a réservé et pour sa gentillesse. Si vous passez dans le coin, n'hésitez pas à lui rendre une petite visite (pas trop tout de même, il faut lui laisser du temps pour travailler :). Son atelier est une vraie caverne d'Ali Baba.


Cette théière est dotée d'une verse d'anthologie, "à deux vitesses". Un petit filet, comme ci-dessus, ou alors une verse généreuse. Tout simplement génial à manipuler.

Jusqu'à la dernière goutte

Pour en revenir à ce wulong, je dirais qu'il s'accorde parfaitement avec mes ustensiles : il est parfait. L'archétype du wulong de montagne (celui-ci vient d'une plantation située à 1500/1600m d'altitude) : dense et léger à la fois, de la consistance en bouche mais beaucoup de fraîcheur, et des arômes à n'en plus finir.
On y trouve du fruit (pêche, poire ?), des fleurs doucement parfumées, et une assise végétale d'un moelleux sans pareil.


Ce wulong est un véritable sirop pour la gorge, qui se boit tout seul et qui reste en bouche de façon très élégante. Très endurant, très harmonieux, même en cherchant bien il serait difficile de trouver quelque chose à lui reprocher.

Merci Stéphane pour cet échantillon et pour avoir parlé de David Louveau sur ton blog. Deux belles rencontres.

26 août 2011

Holiday's samples



Chang Tai "Chen Hong Chen" 2005 (HouDe) - 4g

Odeur et goût semblables au souvenir du seul sheng de chez Chang Tai que j'aie eu l'occasion de goûter. Pas du tout mon truc. Y aurait-il un profil aromatique typique Chang Tai ? C'est lourd en bouche, pas élégant, sans relief et sans les composantes bois/épices que j'apprécie dans les jeunes puerh crus. Ce n'est pas pour moi.
Bon, ce n'est pas mauvais, je l'ai infusé jusqu'au bout, mais sans grand plaisir. Je concède que la seconde partie de la dégustation s'est révélée plus intéressante : le côté lourdaud se dissipe, la liqueur se devient plus complexe et plus fine. Mais sans aucune longueur. Définitivement pas mon truc.








Master Xu's 4 Tree Ancient Shui Xian, handmade May 2009 (PostcardTeas) - 7g

Des feuilles magnifiques, accompagnées par une forte odeur de torréfaction.
Infusion mode bûcheron ©.

#1 (30") : la torréfaction domine largement, tout le reste est écrasé. Malgré cela, l'ensemble est assez léger en bouche, la liqueur est magnifique.
#2 (1') : sans doute trop infusé. La longueur est spectaculaire mais l'amertume trop présente. Du moelleux malgré l'écrasante torréfaction.
#3 (1') : Fin et minéral, texture relativement dense mais globalement ça reste doux, toujours sous la domination sans partage de la torréfaction.
#4 (2') : c'est mieux. La torréfaction est en baisse, c'est toujours minéral mais également un peu fruité.
#5 (3') : c'est encore mieux, mais ce n'est toujours pas l'extase. Je ne suis sans doute pas prêt pour apprécier ces thés de rocher...
#6 (5') : stable, légère recrudescence des arômes fruités.
#7 (10') : idem. Je m'arrête là, j'ai ma dose de torréfaction pour quelques temps.







Darjeeling first flush 2011 "Goomtee" (darjeeling.cz) - 2g, 2'30"

Petites feuilles plus foncées et dotées d'une odeur moins incisive mais tout aussi riche que le Phoobsering testé récemment.
Une liqueur très pure, du fruit, du sucre, des herbes fraîches et des fleurs. Légère astringence très agréable, belle longueur, miam.





Sur la route qui mène chez David Louveau de la Guigneraye...


Qizhong oolong, printemps 2008, Wenshan, Taiwan (Stéphane Erler)

Très belles feuilles, douce odeur de torréfaction.
Une liqueur pure et moelleuse, la torréfaction est ici très douce, sur un fond végétal et fleuri. La torréfaction s'estompe gracieusement au fil des infusions, c'est frais et léger, harmonieux et extrêmement plaisant en bouche.
J'ai habituellement du mal avec les torréfactions ; celle-ci me plaît beaucoup.



7 août 2011

Bi Luo Chun Supreme


Échantillon de Bi Luo Chun Supreme, de la Cave à Thé (merci David :).
Je n'ai jamais eu l'occasion de goûter les thés de ce fournisseur helvète, pourtant assez unanimement plébiscité pour ses thés et ses accessoires. Ce manquement va être réparé aujourd'hui même.


Ce Bi Luo Chun "supreme" (c'est-à-dire le grade le plus fin, voir ici pour davantage d'informations, et le superbe billet de Philippe au sujet de ce thé) est composé de beaux bourgeons duveteux, blancs, argentés ou d'un vert très clair. A l'œil ou à l'odeur, on pourrait presque croire que c'est un thé blanc.

Différents modes de préparation possibles indiqués sur cavathe.ch, je choisis le mode bûcheron © : 1/2 volume de gaiwan (soit 7 grammes) puis temps habituels 60s, 20s, 45s, 1min30, 2min30 etc. Température de l'eau 70°-80° C


1/ 60" : d'emblée c'est une superbe découverte : mélange de fleurs fraîches, de fruits, texture soyeuse et presque crémeuse, un arrière-goût subtil rappelant les thés blancs mais aussi certains bao zhong très frais. Ultra complexe, d'une pureté exemplaire, une vraie friandise.


2/ 20" : un poil plus chaud, une pointe d'amertume ajoute encore de la longueur à ce qui précédait, et ça me fait penser cette fois à un Darjeeling de printemps. C'est toujours aussi spectaculaire. Il y aurait fort à dire sur les parfums accumulés dans le couvercle du gaiwan, mais je n'ai malheureusement pas le nez pour vous détailler tout ça. Quoi qu'il en soit, c'est réellement un superbe thé vert. Peut-être faudrait-il créer une catégorie spéciale pour ce thé, tellement il est loin d'un thé vert chinois "classique".


3/ 45" : toujours cette liqueur jaune vert ultra lumineuse (ne pas trop se fier aux couleurs des photos), toujours aussi fabuleux en bouche, peut-être une très légère baisse de consistance, mais vraiment délectable.


4/ 1'30" : le déclin se fait davantage sentir, mais quelle endurance tout de même pour un thé vert !

J'ai fait quelques infusions supplémentaires, de moins en moins intéressantes. Ce que je retiens de ce thé vraiment hors du commun, c'est cette explosion de saveurs qui fait penser tout à tour à un thé blanc, à un très bon thé vert, à un darjeeling, à un wulong vert....
Je suis vraiment loin d'avoir cerné ce thé, j'ai l'impression d'avoir à peine aperçu l'étendue de sa complexité. De plus, je me demande si le dosage bûcheron © était vraiment le plus adapté pour ce Bi Luo Chun. Une infusion un peu moins dense, moins concentrée accentuerait sans doute encore davantage ses qualités... ou pas.

6 août 2011

Shui Xian


Échantillon d'un Shui Xian, le "half-handmade" 2010 d'Essence Of Tea.
Jusqu'à présent je n'ai pas vraiment eu de coup de cœur pour les thés de rocher, ces fameux Wuyi Yan Cha, qui ont pourtant pas mal de fans inconditionnels. Peut-être que celui-ci va me faire changer d'avis !

Je vais suivre les conseils de David : très dosé (8g/10cl), le plus chaud possible, et des temps d'infusion du style 30", 45", 1', 1'30, 2'30...


Les feuilles, très foncées, bien travaillées et flétries, d'une taille très respectable pour certaines offrent sans surprise un fort parfum de torréfaction. D'autres nuances sont cachées sous cette dominante "grillée/fumée", mais je suis bien incapable de les détailler.

Préchauffage maximum du gaiwan, et première infusion de 30".
La liqueur est d'emblée d'un beau rouge, et je me retrouve sans réelle surprise face à ce "mur" de torréfaction. Vu le dosage, c'est évidemment du costaud, mais je m'attendais à pire : même si je ne suis pas fanatique de ces fragrances torréfiées, ça reste dans le domaine du raisonnable. A côté de ça, c'est super long en bouche, et en finale ça devient plus complexe que cela n'apparaît au premier contact. Belle minéralité, texture agréable bien que relativement "velue", et pas mal de choses pour l'instant indéterminées.



J'enchaîne tout de suite à 45", pour un résultat sensiblement identique. Le début d'amertume/astringence (difficile de faire la nuance sous cette chape de torréfaction) qui avait pointé le bout de son nez à l'infusion 1 s'amplifie, mais de manière plutôt plaisante, pour peu que l'on apprécie les liqueurs pour le moins incisives et très "charpentées". L'image qui me vient à l'esprit, c'est que si je mets une petite cuillère dans ma tasse, elle va tenir debout toute seule :)
Contrepartie ultra positive de ce mélange torréfaction/amertume/astringence : une longueur en bouche défiant toute concurrence. Comme pour le whisky (en ce qui me concerne en tout cas), le meilleur se dévoile bien après la déglutition.


Troisième tour à 1 minute, dans le couvercle du gaiwan la torréfaction semble laisser place à du fruit, c'est plus moelleux au nez. La liqueur, elle, est toujours aussi percutante. Dire que c'est la même plante qui est à l'origine de mignons petits Long Jing doux et tirant gentiment sur la verdure et la noisette...
La torréfaction de cette troisième liqueur commence tout de même à faiblir légèrement (à moins que ce ne soit mon palais qui sature). La texture est toujours aussi particulière et agréable, tout comme l'amertume d'ailleurs. Un finish toujours aussi long et intéressant, la suite de la dégustation me réserve sans doute des surprises.


Infusion 4 (2') : la torréfaction est en baisse, la liqueur en devient plus limpide en bouche, plus fine & plus légère, c'est vraiment pas mal. Les rochers seraient-ils comme certains puerh, chez lesquels les premières infusions préparent les suivantes et ne sont pas systématiquement les meilleures ? Pour ce Shui Xian, à ce stade de la dégustation, je retiens surtout (outre la torréfaction) une belle minéralité, un début d'agrumes (et de pêche ?) et une astringence qui tend vers une certaine fraîcheur.


5(3'), 6(5') et 7(10') : petit à petit, la liqueur s'éclaircit au point que je suis progressivement en mesure d'apercevoir le fond de ma tasse. Le thé se fait plus léger, moins "massif", et plus subtil. Si la torréfaction est toujours bien sensible, elle laisse maintenant la place à une minéralité vraiment flagrante. Du minéral grillé, à la manière de certains Pouilly Fuissé. Les spécialistes parleraient de silex ou de pierre à fusil, pour ma part je n'ai jamais croqué de cailloux pour en analyser les caractéristiques gustatives.
En tout cas, ce Shui Xian devient vraiment plaisant en bouche, toujours aussi long. Il s'oriente de plus en plus vers une certaine fraîcheur fruitée, et sur les cailloux comme évoqué précédemment.


Ce n'est clairement pas un thé que je pourrais consommer tous les jours, surtout avec ce style de dosage "bûcheron". Les effets sur le corps se font ressentir de manière franche : ça réchauffe, ça booste, un Qi d'enfer pourrait-on dire.
Si cette "famille" de wulong très torréfiés ne fait toujours pas partie de mes préférées, il est cependant indéniable que certains d'entre eux, comme ce Shui Xian, ont de réelles qualités. Après, c'est une question de goût.