19 avr. 2011

Mi Di


Rhââ, le fameux pu erh brut 2010 d'Akira Hojo, encensé par quelques amateurs de bonnes feuilles qui ont déjà largement présenté cette galette.

Non, je n'ai pas cassé mon PEL pour acheter un exemplaire de cette galette de pu erh du printemps dernier, c'est bien évidemment - encore une fois - grâce à Julien que j'ai l'opportunité de goûter ce shengpu qui, dans la théière préchauffée, est extrêmement alléchant (je rêve ou il y a une petite pointe de fumée ?)


Je ne vais pas faire de compte-rendu détaillé, cela a déjà été fait et je ne ferai assurément pas mieux que mes prédécesseurs, loin s'en faut. Ce petit topo va juste me permettre d'abonder dans le sens de ce qui a été écrit au sujet de ce thé : une petite merveille.

Un pu erh assez singulier à plusieurs égards : tout d'abord, la liqueur est étonnamment foncée pour un thé aussi jeune. Majoritairement, les pu erh de l'année ont tendance à produire des liqueurs très pâles, ce n'est pas le cas ici. Cette tendance du Mi Di à tromper sur son âge se retrouve aussi dans les parfums qui n'ont pas cette propension à tirer vers le végétal comme certains très jeunes thés.


Autre particularité, une sérieuse tendance à porter sur le fruit, mais pas les agrumes à la manière de certains jeunes shengpu : ici on se rapproche assez bizarrement des fruits de certains thés de rochers, mais desquels on n'aurait gardé que le meilleur du fruit et ôté le reste. Ce Mi Di complète ce côté fruité par toute la gamme des fantastiques odeurs typiques des pu erh.


Les infusions s'enchaînent et l'arrière goût riche et très long de ce pu erh fait qu'elles semblent se succéder sans réelle interruption. La liqueur est riche et limpide, complexe, et pourtant elle laisse un goût de simplicité, d'évidence, comme tous les très bons thés à boire sans se poser trop de questions, à savourer tranquillement.


Un thé décidément très parfumé, tout en rondeur et en douceur. Même en cherchant bien, il m'est difficile de lui trouver un défaut ou un aspect qui ne me plaise pas. Pureté, présence en bouche, équilibre... tout y est. Finalement, mon PEL va peut-être y passer !

18 avr. 2011

Zi Juan, Wang Bing

"L'autre" thé violet de Wang Bing (village de YiWu dans la montagne du même nom) : après l'Or Violet, le Zi Juan. C'est un échantillon d'une galette 2010, glissé dans une commande passée à Olivier de puerh.fr

J'avoue que j'ai un petit faible pour la galette "Or Violet", le premier Zi Cha (thé violet) qu'il m'ait été donné de goûter. D'ailleurs, je ne savais même pas que ça existait auparavant. J'espère que ce Zi Juan sera du même tonneau !


Visuellement, il lui ressemble beaucoup. L'odeur des feuilles sèches, nettement moins. Autant l'Or Violet "sent" nettement le pu erh, autant ce Zi Juan ne sent pas grand chose : il faut vraiment respirer le nez dans les feuilles pour déceler quelques fragrances typiques de cette famille de thé. Peut-être que le séjour prolongé de l'échantillon dans son sachet n'est pas totalement innocent à cet état de fait.


Dans la théière préchauffée, les feuilles se réveillent et se révèlent davantage : des odeurs fleuries, végétales, un peu boisées. Beaucoup moins que l'or violet, moins "épicé" et musqué également.

Double rinçage, et première infusion d'une dizaine de secondes pour ces 4 grammes de pu erh violet.
La liqueur, limpide et d'une couleur brun pâle aux reflets tirant sur l'orangé, est très fraîche, à forte dominante végétale. C'est un pu erh très bien équilibré, super agréable à boire (surtout aujourd'hui où il fait plutôt chaud), mais qui n'est pas axé bois/épices, en tout cas beaucoup moins que sa petite sœur Or Violet.

Deuxième tour, je pousse à 30" : la liqueur s'épaissit, sa couleur fonce un peu. Davantage de présence en bouche, toujours tout en douceur, toujours dans le végétal. Aucune astringence ni amertume, du velouté et du soyeux.


Troisième, une bonne grosse minute, voire deux. Cette infusion un peu exagérément poussée laisse entrevoir un tout petit début d'amertume, qui permet aux arômes de se frayer un chemin vers les sinus et qui réveille un peu plus les papilles. Pour le reste, on conserve une belle domination végétale et un rendu assez frais.

Quatrième (1') et cinquième (1'30) : infusions parfaites ! Bon, sans parler de perfection, le résultat est plus qu'agréable à boire. C'est vraiment bon, mais toujours un peu "à côté" de ce que j'aime retrouver dans les pu erh : trop frais / végétal pour me convaincre à 100%


Pas d'évolutions notables pour la suite. C'est un pu erh qui me plaît beaucoup, mais je dois dire que l'Or Violet conservera ma préférence.

5 avr. 2011

Bai Hao

Un échantillon de Bai Hao, ce fameux thé grignoté par des insectes, plus célèbre sous le nom d'Oriental Beauty. Un wulong de Taïwan donc, dont les feuilles sèches offrent de très belles notes fruitées.


Trois infusions : 2, 4 et 10 minutes dans une "grande" Yixing de 17cl. Une belle liqueur cuivrée, des notes de fleurs et de fruits acidulés (prunes un peu vertes, agrumes). La petite acidité paradoxalement légèrement sucrée apporte ici un vrai plus et donne à ce thé une dynamique intéressante en bouche. C'est frais, vivifiant et très parfumé. A côté de cette composante fleurie/fruitée, des notes boisées, presque maltées, évoquent certains bon thés rouges.


Moi qui n'avais jamais eu l'occasion de goûter de Bai Hao, je suis conquis : complexe (beaucoup trop pour mon palais et mon odorat bien limités), rond en bouche, persistant et enveloppant, ni astringent ni amer, ce thé me plaît beaucoup. Vraiment.
Les odeurs dans la tasse vide, le pichet et la théière sont vraiment splendides. Aucun des thés que j'ai pu avoir l'occasion de goûter ne ressemble vraiment à ce Bai Hao, c'est à la fois très particulier et réellement enthousiasmant.


Cet échantillon qui m'a été offert par un mécène du thé désormais bien connu vient de la boutique T'cha, Paris VI.

3 avr. 2011

Long Jing 2011

Un échantillon de Long Jing ultra frais (arrivé il y a environ une semaine à Thés de Chine), très gentiment offert par un bloggeur qui se reconnaîtra :)

J'avais initialement prévu d'en acheter une bonne quantité pour avoir de quoi boire du thé vert pendant plusieurs mois, mais je me suis ravisé après avoir dévalisé la boutique Thés du Japon... Ce printemps sera donc plutôt consacré aux thés japonais, les primeurs chinois m'attendront encore un an.


Cet échantillon me permettra tout de même de goûter ce thé chinois qui fait partie de mes préférés, ici dans une version ultra fraîche et de très grande qualité je n'en doute pas.
L'odeur des feuilles sèches est déjà démentielle : du pain tout juste sorti du four, des notes végétales... vite, faire chauffer l'eau !

Dilemme : j'ai presque 4 grammes de thé. Trop pour une seule infusion, pas assez pour deux. Bon, je mets tout. J'ai tendance à mettre un peu plus de 2 grammes (voire 3) pour mes thés verts, donc je mets tout.

Dans le zhong préchauffé, c'est toujours aussi prometteur. J'espère pour mon compte bancaire que cette dégustation ne va pas se révéler trop exceptionnelle, sinon je ne garantis rien, il y a de fortes chances pour que je succombe.

Quatre infusions de une à deux minutes, 70 à 80°C. Une vraie bonne liqueur : tout est à sa place, c'est très fin, subtil et extrêmement soyeux en bouche.


Aucune astringence, aucune amertume, c'est très frais, vraiment excellent. Ça va être difficile de ne pas succomber à l'appel de ce thé de Thés de Chine.
Pour pinailler, je déplorerai tout de même une longueur en bouche qui, sans être dénuée de qualités, n'a rien d'exceptionnel. D'autre part, je me demande si un dosage plus "classique" (un peu moins que pour cette dégustation) ne pénaliserait pas ce Long Jing : je l'ai généreusement dosé aujourd'hui et il était vraiment parfait.


Aucune "feuille libre" dans le zhong : tout n'est que bourgeons. Superbe. Encore merci pour l'échantillon :)

1 avr. 2011

Home blending

Ça fait maintenant un bon moment que j'ai envie de tester les blends de pu erh "maison" : un mélange réfléchi et harmonieux de différents pu erh pour créer de nouveaux goûts, de nouvelles sensations.

Pour commencer ces expérimentations, j'ai choisi de mélanger trois thés vraiment différents mais qui - je l'espère - vont se révéler complémentaires au niveau du rendu final :

- 1/3 de Bu Lang Essence Of Tea 2010, pour sa puissance et son amertume,
- 1/3 de Yong De Min Feng 2006, pour son équilibre et son superbe pôle boisé,
- 1/3 d'Or violet 2009, pour son côté doux et féminin.


Pour lier les profils aromatiques entre eux et former un ensemble homogène, j'ai ajouté un tout petit peu de sucre vanillé. Cet ingrédient insolite, intégré au blend en quantité infinitésimale, va fusionner les pôles végétaux en sublimant leurs arômes. Il va également offrir en bouche un aspect qui pourrait à première vue sembler novateur mais qui est pourtant déjà omniprésent dans les pu erh qui ont souvent tendance à basculer vers des complexités moelleuses tirant sur le sucré au fil des multiples infusions.
Pour donner un ordre d'idée, j'ai ajouté à mon mélange environ un tiers de cuillère à café de sucre vanillé.


Pour infuser ce blend, j'ai choisi d'utiliser ma Run Yi de 8cl en Hungni d'Yixing, afin d'arrondir le tout. Elle va participer au gommage de l'amertume de la Bu Lang en associant cette puissance à la douceur de l'or violet. Son action sur la Min Feng ne devrait pas être trop perceptible, ce qui laissera ce pu erh de 2006 au centre du rendu final, une sorte de base "solide" autour de laquelle l'alchimie va pouvoir se créer.


Je n'ai fait qu'un seul rinçage, mais assez long : je voulais que le sucre vanillé, dissous dans la première eau, puisse imprégner légèrement les feuilles de pu erh avant de rejoindre le pot à eaux usées.

Infusion 1 (10"). C'est plutôt étonnant : la liqueur a pris une teinte curieusement rosée, je ne sais pas d'où provient cette pigmentation... En bouche c'est à la fois très curieux et vraiment délectable : on retrouve, très atténuée, la violence de la Bu Lang, qui vient se loger dans le palais et qui se fond littéralement avec la douceur de l'Or violet. Le très léger parfum de vanille, assez facilement détectable lorsque l'on plonge le nez dans la théière, ne se retrouve pas en bouche mais je crois discerner la résultante de son imbrication naturelle avec les parfums musqués de la galette Or violet. L'ensemble est vraiment harmonieux, surprenant mais très réussi !


Infusions 2 et 3 (30") : les liqueurs se suivent et se ressemblent, je note avec une réelle auto-satisfaction que le superbe pôle boisé de la Min Feng conserve une très belle assise et que sa place centrale dans le rendu global est sublimée, renforcée par les autres composantes de cette liqueur.
Je note tout de même un petit bémol - que je n'avais pas identifié lors de la première infusion - dans cette harmonie : un parfum un peu étrange, qui me rappelle un peu certaines saveurs iodées / marines. Cela reste toutefois très en retrait mais ce qui m'interpelle c'est qu'aucun de ces trois pu erh pris séparément ne dévoile cet aspect lors d'infusions "classiques".

Infusion 4 et suivantes (de 45" à 5 minutes) : la liqueur a subitement changé de couleur, c'est vraiment étrange. Elle est passée d'une couleur rosée à quelque chose de... blanc. Mystère.
En bouche, le rendu reste agréable, mais je m'aperçois que la note iodée précédemment évoquée prend de plus en plus d'ampleur dans la tasse : elle a même fini par prendre le dessus sur le registre boisé de la Min Feng. Le mélange n'a plus du tout la même énergie, le même "peps", il ne subsiste qu'une sorte de fadeur iodée, douceâtre et pour le moins insolite, pour ne pas dire désagréable.
La note iodée, sur la fin, tirait franchement sur le poisson.


Je pense faire d'autres essais prochainement, sur la même base. Je vais sans doute être amené à revoir les proportions du mélange, il serait sans doute intéressant d'y ajouter quelques feuilles d'un bon vrac cuit (le vrac 15 de la M3T par exemple?) et d'analyser le résultat. Ou bien, pourquoi pas quelques miettes de sencha ?

Bref, bilan en demi-teinte, j'ai été franchement enthousiasmé par les premières infusions, et terriblement déçu par la conclusion de cette session. La prochaine fois j'utiliserai plutôt ma théière en verre, je crains que le sucre vanillé ne se soit incrusté dans la terre de ma Yixing...