30 mars 2011

Sencha de Yame

Présentation du premier des différents thés reçus récemment de la boutique en ligne Thés du Japon : un "Sencha de Yame".


Il s'agit d'un sencha à étuvage standard (futsumushi sencha) récolté sur l'île de Kyûshû, préfecture de Fukuoka.

J'ai modifié une carte trouvée sur le net pour faire apparaître les 4 îles principales du Japon (sur les 6 852 îles qui forment l'archipel du Japon !) que sont Hokkaido, Honshu, Shikoku et Kyûshû. Sur cette dernière, la préfecture de Fukuoka et la ville de Yame sont positionnées (clic) :


Encore quelques précisions (prises sur le site Thés du Japon) : c'est un sencha du printemps 2010, cultivar Yabukita (ce cultivar est largement majoritaire au Japon : il représente plus de 80% de la surface cultivée). Le département de Fukuoka est l'une des plus célèbres région productrice de thé du Japon, très réputée pour son gyokuro ainsi que pour ses sencha. D'après Thés du Japon, c'est un "sencha facile d'accès même au néophyte", c'est donc parfait pour moi, et ce n'est d'ailleurs pas totalement par hasard que j'ai commencé par celui-ci.

J'ai fait différents essais avec ce thé vert, en faisant varier les paramètres d'infusion.


Je pensais que les senchas à étuvage "standard" (futsumushi sencha), du fait de manipulations moins nombreuses, étaient constitués de feuilles relativement entières. Or le sachet contient beaucoup de brisures, de miettes. Il subsiste de belles feuilles entières, longues, fines et brillantes, dans une large gamme de verts, mais dans une proportion plus faible que ce que j'imaginais. Est-ce que la mise sous vide d'air du sachet a participé à la "dégradation" des feuilles ? Est-ce que, comme pour les pu erh, le fait d'avoir des feuilles brisées va potentiellement augmenter l'amertume de la liqueur dans la tasse ?


Pour commencer, j'ai suivi les recommandations indiquées sur le site de la boutique :

Quantité de feuilles : 3g / personne (augmenté à 4g pour une seule personne)
Quantité d'eau : 70 à 80 ml
Température de l'eau : 70°C
Durée d'infusion : 50 à 60 secondes

J'ai fait trois infusions en respectant ces paramètres (et en augmentant très légèrement la température de l'eau pour arriver à 75°C à la troisième infusion).

Infusion 1 : liqueur très douce, beaucoup de goût, avec des parfums bien présents mais sans amertume ni astringence. La liqueur est vert à vert foncée, un peu troublée par de fines particules. Très agréable à déguster, je confirme que ce sencha est "facile d'accès", et je le trouve vraiment bon.

Infusion 2 : davantage de goût, toujours aussi doux. La liqueur est beaucoup plus "chargée", c'est à dire très trouble, mais toujours aussi légère et douce en bouche, presque sucrée. C'est vraiment étonnant de constater à quel point l'aspect de la liqueur ne correspond pas au rendu en bouche. Cette liqueur trouble et foncée me fait penser qu'elle va être très corsée, très amère, ou au minimum "lourde" et chargée. Il n'en est rien du tout. Au contraire.

Infusion 3 : les parfums sont en baisse, ça reste ultra doux mais du coup presque trop car il n'y a plus assez d'arômes pour contrebalancer cette douceur. La longueur en bouche qui était vraiment bien sur les infusions 1 et 2 n'est plus aussi intéressante. Pour une dégustation plus "officielle" ou "sérieuse", j'imagine qu'il ne faudrait pas proposer cette troisième liqueur, mais en tant que débutant, c'est intéressant et ça reste tout de même très bon à boire.

***

Par la suite, j'ai tenté une infusion plus "costaud" :

Quantité de feuilles : 4g
Quantité d'eau : 40 puis 50 ml
Température de l'eau : 50 puis 70°C
Durée d'infusion : 90 puis 30 secondes

J'avais déjà utilisé ce genre de paramètres sur le tout premier sencha que j'avais infusé (le Taishou de Yoshiaki Hiruma). J'avais obtenu un résultat pour le moins corsé, relativement amer, un expresso de thé vert bien dense.

Infusion 1 (40ml / 50°C / 90 secondes) : liqueur extrêmement troublée, très puissante en arômes. Même dans cette infusion très "concentrée", je ne retrouve aucune astringence, ni amertume. Le thé reste doux en bouche, mais étrangement le côté sucré que j'avais bien aimé lors de l'infusion aux paramètres "standard" a plutôt laissé place a un aspect salé / iodé vraiment inédit pour moi.

Infusion 2 (50ml / 70°C / 30 secondes) : liqueur moins foncée, mais toujours aussi "strong" (ou presque). Malgré cette puissance aromatique, le thé reste relativement doux en bouche, c'est assez étrange.

Infusion 3 (50ml / 70°C / 30 secondes) : relativement semblable à la précédente.

Je suis beaucoup moins convaincu par cette infusion "extrême" que par la précédente version "standard". Arômes trop concentrés, liqueur très trouble, volume à boire vraiment faible et température trop tiède pour moi. Ce n'est pas "mauvais", mais cela ne me correspond pas. Pas pour l'instant en tout cas.


Dernière version, avec toujours 4g de thé mais cette fois davantage d'eau (120 ml), et davantage d'infusions :

Infusion 1 (1 minute, 70°C) : liqueur très ronde, gourmande en bouche, rendu ultra doux. Très vert, assez parfumé et bonne longueur en bouche, honnêtement, c'est très bon.

Infusion 2 (quelques secondes, 75°C) : liqueur beaucoup plus trouble, davantage de présence en bouche et de longueur, des parfums plus appuyés. Je trouve cette infusion est vraiment parfaite (à mon goût en tout cas). Rien à redire, c'est excellent.

Infusion 3 (quelques secondes, 75°C) : en baisse, moins intéressant que la précédente, mais toujours aussi agréable à boire.

Infusion 4 (1 minute, 80°C) : je crois que je ne retrouverai pas la perfection de l'infusion 2, j'arrête ici.


Il y a évidemment toute une déclinaison de paramètres possible entre ces 3 versions. Une multitude de variantes à l'occasion desquelles on peut faire varier le volume d'eau, puis la température, puis la durée d'infusion, ou bien deux de ces paramètres simultanément, ou bien les trois...
En entrant dans l'univers des thés japonais, je pensais être guidé par des paramètres précis, ne pas avoir à tâtonner, à faire des essais, mais c'est loin d'être le cas. J'ai apprécié les trois versions de ce même thé (avec toutefois un sérieux bémol pour la version "expresso de l'extrême"), et je suis certain que d'autres essais avec d'autres paramètres donneront aussi de très bons résultats car il s'agit à l'évidence d'un très bon thé.

Existe-t-il un "résultat type" à obtenir avec ce sencha ? Dans quelle mesure les préférences gustatives personnelles doivent-elles prendre le pas sur un éventuel "idéal" de liqueur que l'on est plus ou moins sensé obtenir au final ?
Ne se retrouve-t-on pas en fin de compte dans la même posture qu'avec un pu erh où - presque - tout est possible ? Infusions courtes et généreusement dosées, infusions longues avec moins de feuilles, et toute la panoplie des intermédiaires sont-ils raisonnablement envisageables pour les thés verts japonais ?


Faut-il laisser les choses se faire d'elle-mêmes en suivant son inspiration et son envie du moment ? Je m'imagine parfaitement, lors des chaudes périodes d'été, me désaltérer avec ce type de sencha en privilégiant des infusions longues, multiples et mettant en jeu de grands volumes d'eau ; à l'opposé, deux ou trois tasses de liqueur plus concentrée de ce même thé me plairont beaucoup aux premières heures du jour, plus fraîches, pour commencer la journée avec une liqueur plus énergique, plus concentrée.

Quoi qu'il en soit, j'aime décidément beaucoup ce sencha. Généreux, franc et incroyablement doux, il est vraiment très agréable à déguster. Il est fort probable que je ne trouve "mes" paramètres d'infusion avec ce thé qu'au bout de quelques dizaines d'essais, c'est-à-dire lorsque le sachet sera presque terminé, et qu'il sera temps de passer au suivant :)

Ce dont je ne doute pas, c'est qu'avec un thé aussi bon, j'aurais eu à chaque fois un superbe résultat, quelle que soit la variante d'infusion utilisée.

22 mars 2011

Hon Yama Hebizuka

Deuxième excursion dans le monde des thés verts japonais. Il s'agit ce soir d'un échantillon de sencha de la région de Hon Yama (préfecture de Shizuoka), Hebizuka étant le nom de la montagne la plus haute de la zone de culture des Hon Yama.
Ce sencha "de montagne" vendu par Akira Hojo a été produit par la famille Nakamura. Tout plein d'infos sur le site Hojotea.


Je pars sur environ 120ml d'eau et presque 4 grammes de thé.

Ce coup-ci j'ai préchauffé le kyusu avant d'y disposer les feuilles. J'utilise encore cette fois mes tasses pour refroidir l'eau, et c'est parti pour la première infusion : un peu plus de 70° pour une minute.


La liqueur est beaucoup, beaucoup moins chargée qu'avec le sencha d'hier. C'est très moelleux en bouche, pas du tout d'amertume, presque un petit côté floral. Liqueur très pure, vraiment moins fort, moins de goût que le sencha d'hier, à vrai dire ça ressemble davantage à l'idée que je me faisais d'un sencha.

Deuxième infusion : 75°, quelques secondes (le temps de remplir/vider la théière). Liqueur beaucoup plus trouble, plus chargée (dépôts). Incomparablement plus épaisse en bouche, elle développe également une très fine amertume, mais ça reste très doux, soyeux, très vert, un peu floral (enfin, ce n'est peut-être qu'une impression), bref, j'aime beaucoup le rendu global. Pas très puissant, mais vraiment agréable.
Ce qui est impressionnant, c'est la différence entre les liqueurs de la première (1 minute) et de la deuxième infusion (quelques secondes)...


Troisième infusion identique à la deuxième.

Quatre : 80° et 15". Il n'y a plus aucune amertume, il ne reste que la douceur, le velouté. Malgré des parfums assez faibles, le thé offre un bel arrière-goût, tout en fraîcheur et en douceur.

Cinq : 80° et 20" : identique à la quatrième infusion, mais sur le déclin.

Six : 80° et 1'. Bah, c'est la fin quoi.

La manipulation de ce kyusu est un réel bonheur.

Ce que j'ai bu ce soir n'a rien, mais alors rien à voir avec hier. Est-ce dû au volume d'eau, au thé en lui-même, aux durées / températures ? Un peu de tout ça ? Ces deux sencha sont-ils du même type (durée et profondeur d'étuvage) ?
Quoi qu'il en soit j'ai beaucoup apprécié la dégustation de ce sencha. Peut-être un peu trop "léger" en comparaison avec le Taishou d'hier, je pense qu'un "entre-deux" me conviendrait parfaitement.

Merci encore pour l'échantillon !

21 mars 2011

Taishou, Yoshiaki Hiruma


Tadaaaam.

Me voilà sur le point de faire mon premier pas dans l'univers du thé japonais.
Il y a maintenant plusieurs mois que je muris cette décision, et j'ai franchi le pas il y a peu. Malheureusement mon introduction aux thés verts japonais coïncide avec les évènements tragiques qui surviennent en ce moment même au Japon.
A l'instant où je vais infuser mon premier sencha, le peuple japonais fait le décompte de ses victimes et une poignée de personnes que l'on peut qualifier d'héroïques mettent leur vie en danger pour combattre le feu nucléaire déclenché par le tsunami consécutif au tremblement de terre...

Florent, sommelier en thé japonais, écrivait ce matin que malgré les terribles conséquences de ces évènements, la vie continue.

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Ai-je au moins réussi à mettre la boîte dans le bon sens ?
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J'ai la chance d'avoir eu la possibilité d'acheter un kyusu de grande valeur : il est signé Watanabe Tozo. Vendu à l'origine par Akira Hojo, il a changé 2 fois de main avant d'arriver dans les miennes par la poste ce matin. Un énorme merci à Lionel de m'avoir "confié" ce kyusu avec lequel il a passé tellement de temps. J'espère que je serai à la hauteur de ce culottage magnifique, vestige des multiples infusions de thés verts japonais qu'elle a abritées.

Île de Sado (cerclée de rouge)

C'est une théière en terre rouge de l'île japonaise de Sado. Ses parois sont relativement épaisses, et une impression de robustesse se dégage de cet objet. Cette impression contraste avec sa surface qui offre un toucher d'une douceur exceptionnelle (une vraie peau de bébé), liée à la technique dite "namamigaki" : le potier polit la surface avec un objet métallique.

Quelques photos de cette nouvelle venue, qui sera exclusivement dédiée aux thés verts japonais :






Je vais donc débuter mon apprentissage du thé japonais avec cette fabuleuse théière. C'est un peu comme apprendre à conduire au volant d'une Maserati, je mesure la chance que j'ai mais cette chance s'accompagne d'une certaine pression : je m'en voudrais de faire le moindre faux pas !

Qui dit théière fabuleuse dit thé exceptionnel... Lionel a généreusement joint à cette théière un échantillon de thé. Évidemment, ce n'est pas le premier thé venu. Il s'agit d'un Taishou, un Asamushicha de Yoshiaki Hiruma. Honnêtement, ça ne me dit pas grand chose. Autant j'ai déjà entendu / lu beaucoup de choses sur les théières de Watanabe Tozo, autant le nom de Yoshiaki Hiruma m'est totalement inconnu. Une rapide recherche m'apprend quand même Wojciech Bońkowski du blog polishwineguide a titré un de ses articles "Yoshiaki Hiruma: the pinnacle of Japanese tea". Rien que ça...


Pour ceux (comme moi) qui ne connaissent rien aux thés japonais, une petite précision au sujet des sencha s'impose (merci Lionel).
On peut distinguer 3 types de sencha : Asamushi (étuvage peu profond), Futsumushi (étuvage standard) et enfin Fukamushi (étuvage long ou profond). Plus l'étuvage est long, plus les feuilles sont "manipulées" et donc plus elles finissent en petits morceaux. La distinction entre Asamushi et Futsumushi n'est pas systématiquement faite, on peut presque considérer qu'il s'agit d'une seule catégorie de sencha.

D'après ce que j'ai retenu des explications de Lionel, les Asamushi ou Futsumushi senchas sont des thés plus fins, dont la liqueur claire et translucide offrira moins d'épaisseur en bouche. Les meilleures feuilles, ou celles des jardins les plus prestigieux sont traitées ainsi (étuvage peu profond à standard).
Les Fukamushi eux, donnent un résultat plus doux, presque sucré, moins parfumé et moins subtil, la liqueur sera plus foncée et parsemée de particules de thé.

J'ai commandé quelques thés sur le nouveau site http://www.thes-du-japon.com de Florent, et j'ai pris soin de sélectionner des senchas de différents types : Futsumushi et Fukamushi. En attendant la réception du colis, je vais donc m'atteler à ce Taishou de Yoshiaki Hiruma.


Je résume : pour un premier contact avec les thés verts japonais, je vais infuser un thé d'exception dans une théière exceptionnelle. Double pression ! Appréhension !
Exit les repères des thés chinois ! Je repars de zéro !
Les automatismes du gong fu cha : à la poubelle ; les réflexes de manipulation du zhong : aux oubliettes ; l'eau bouillante sur les feuilles : à proscrire absolument !!

Heureusement, Lionel m'a donné quelques pistes pour la préparation de ce thé :
- 4g pour 40 ml, 50°C et 90 secondes
- puis 50 ml, 70°C et 30 sec.

Bon ben... c'est parti. Tetsubin, eau de source, ébullition de quelques minutes (conseil de Florent)... autant mettre toutes les chances de mon côté !

Questions pratiques maintenant : comment obtenir une eau à 50°C ? Je n'ai pas de Yuzamashi (l'ustensile destiné à refroidir l'eau), je vais donc me débrouiller : après avoir disposé 4 grammes de thé dans la théière, je verse de l'eau bouillante (un tout petit peu) dans un pichet en verre pour un premier refroidissement. Puis je transvase cette eau dans une tasse, posée sur ma balance jusqu'à concurrence de 40 grammes, soit 40ml. Petit contrôle au thermomètre : c'est trop chaud, je verse dans une deuxième tasse, puis dans le kyusu. C'est parti pour 90 secondes.

J'imagine qu'avec l'habitude et des ustensiles adaptés, je pourrais me passer de tout ça mais pour ce premier essai, je préfère laisser de côté l'aspect intuitif d'une infusion au feeling...

C'est le moment de verser cette première liqueur dans ma tasse. Du coup, ça fait vraiment une toute petite quantité. Et tiède en plus. Ne faudrait-il pas prendre en compte les 10°C que perd l'eau lorsqu'on la verse dans le kyusu ? La liqueur doit plutôt être proche des 40°C que des 50.


La liqueur est relativement "chargée", et je dois admettre que c'est plutôt étonnant en bouche : à la fois doux et amer, extrêmement parfumé, très concentré. J'ai un peu de mal avec la température...

Deuxième infusion, 50ml,  70°C et 30 secondes : j'ai procédé de la même façon, en refroidissant l'eau moins longtemps :


Un vrai concentré de thé vert. J'ai davantage apprécié cette deuxième infusion, je dois dire que le thé tiède n'est pas ce que je préfère. Évidemment c'est très vert, mais cela n'a rien à voir avec tout ce que j'ai pu boire auparavant. Ce qui m'interpelle le plus, c'est cette amertume à la fois très présente mais en même temps vraiment douce, une sorte de sucré/amer. Est-ce cette fameuse saveur "umami" ?

J'ai fait une troisième infusion avec les mêmes paramètres (sauf que j'ai mis beaucoup plus d'eau), le résultat a été sensiblement identique...


Pour tout dire ce premier contact a été plutôt difficile : perte totale de repères dû aux volumes dégustés, aux températures, aux registres aromatiques... Le goût est assez fort, beaucoup plus que ce que j'ai déjà eu l'occasion de boire en matière de thés japonais : c'est le jour et la nuit ! Bref, c'est franchement très déstabilisant. Pour mon prochain essai, je mettrai davantage d'eau.

Les feuilles infusées sont impressionnantes de finesse, de régularité et de souplesse. C'est clairement pas le même monde que les thés verts chinois. Tout reprendre à zéro, c'est bien ce que je disais.

Évidemment, je suis preneur de toute information complémentaire, de toute correction pour des âneries que j'aurais pu écrire, de tout conseil, bref, allez-y :)

20 mars 2011

Galette 36 (1998)


Encore un échantillon, ce coup-ci de la Maison des Trois Thés, la galette n°36 de 1998, un pu erh brut.

Superbe odeur à sec et dans la théière chaude. Certaines fois, j'aurais presque envie d'arrêter la dégustation ici. Il est très fréquent de ne pas parvenir à retrouver dans la liqueur des infusions successives les splendides parfums promis à sec dans la théière préchauffée...

Deux rinçages et 10" plus tard, je sirote une liqueur pour le moins à mon goût. Très bien fait, tout en douceur, belle harmonie / bel équilibre entre de beaux restes de vigueur et une palette de bois vieillis. Difficile de décortiquer tous les arômes, mais le résultat est franchement bien.


La suite, du même tonneau : pour les infusions réussies, c'est-à-dire que je n'ai pas faites trop longues, le résultat était vraiment parfait. Un peu trop infusé (ça joue à pas grand chose) et la belle harmonie foutait le camp pour laisser place à une amertume un peu trop prégnante qui, si elle n'était pas forcément dérangeante en soi, suffisait à déstabiliser le fragile ensemble.


Ça faisait un bon moment que je n'avais pas autant apprécié "simplement" un pu erh. Bon, je dois bien avouer que ce très beau spécimen a dû participer à cet état de fait, mais j'ai vraiment passé un bon moment en sa compagnie.

Cui Yu

Échantillon d'un Cui Yu de Taïwan, il vient de chez Terre de Chine.
J'imagine qu'il s'agit de la récolte d'avril 2010 - en tout cas c'est le seul que j'ai trouvé sur le site de la boutique.

Un petit billet rapide pour conserver une trace de ce Cui Yu dans mes archives (c'est le premier que je bois) et pallier ainsi aux défaillances de ma mémoire de poisson rouge.

Rapide parce que finalement je n'ai pas grand chose à en dire à part deux ou trois petites choses.


Les feuilles sèches roulées en boule sont vraiment toutes petites, c'est assez curieux je crois que c'est la première fois que je vois un wulong de cette facture (à part le TGY multi torréfié de Stéphane).


Pour ce qui est du reste, pas de surprise de taille : c'est doux, frais, parfumé et floral à souhait, pur et limpide.
Tout à fait le type de wulong que je bois sans me poser de questions existentielles.
Différences avec le TGY de la boutique ? Il y en a certainement. Moins floral sans doute, un peu plus "poivré" dans la tasse à sentir peut-être, moins "monobloc" que le TGY. Difficile sans les goûter simultanément de lister les points communs et les particularités, ce qui est certain c'est que c'est bel et bien la même famille. De toute façon mes papilles et mon nez ne sont pas à la mesure de cet exercice qui n'aurait pas spécialement d'intérêt autre que pédagogique et analytique.


En tout cas, ça se boit vraiment bien, la liqueur est très agréable, le thé est constant et endurant, un super wulong, quoi !

C'est toujours aussi sympa d'infuser de genre de thés dans une théière transparente. Je ne me lasse pas du spectacle des feuilles qui se déroulent. Je ne sais pas si c'est une particularité du cultivar Cui Yu, mais les feuilles sont relativement petites (mais en très bon état cela dit). Merci pour l'échantillon :)

14 mars 2011

Cubes Terre de Chine

Encore un thé de Terre de Chine (le dernier) : des p'tits cubes de pu erh brut (j'en ai pris 50g pour tester).

Description : Province du Yunnan, récolte de mars 2010, district du Lin Cang. Théiers de 50 et 80 ans d’âge. Cultivé sur une parcelle unique sélectionnée et mise en galette en exclusivité pour Terre de Chine. Cubes de 5 à 6 gr, vente par 50 grammes : 8,00 €


J'ai bien insisté sur le rinçage (2 fois 30 secondes), comme préconisé par un membre du forum "Discuthé". Et je crois que j'ai bien fait car l'odeur dans la théière à l'issue de ces deux lavages était chargée de parfums un peu "louches". A vrai dire, j'ai souvent rencontré ce type d'odeurs - que je suis absolument incapable d'identifier - dans les mini compressions. Pour moi c'est vraiment l'odeur typique "mini".

La liqueur de la première infusion (et dans une moindre mesure celle de la suivante) ont également été entachées de ces parfums parasites. Ensuite, une fois le cube (ou plutôt le carré) totalement délité et ses feuilles bien lavées, ça s'est révélé beaucoup mieux pour ne pas dire vraiment excellent.

Évidemment,  il y a beaucoup de ressemblance avec la galette 2010, qui doit certainement venir du même endroit : du végétal, dynamique mais assez doux, arrière-goût plutôt sympa, peut-être moins 'floral' que la galette (moins endurant également), mais vraiment bien fait et clairement agréable à déguster.

Je dois avouer que c'est une des meilleures mini-compressions que j'aie eu l'occasion de boire. A part les saveurs "parasites" des 2 premières infusions, je n'ai vraiment rien à reprocher à ces cubes.

Au niveau des tarifs :
- 8€/50g, soit 16€/100g pour ces mini-carrés 2010
- 28€ la galette 2010 de 200g soit 14€/100g

La galette est moins chère donc est-ce que ça vaut le coup ? Oui, si vous n'en voulez que 50g, si c'est juste pour tester, pour le fun, si c'est pour emporter facilement ou pour offrir, mais sinon la galette est tout de même une option plus intéressante : moins chère, meilleure, plus endurante et dépourvue de ces odeurs "parasite".


Ce mini carré est quand même une bonne surprise (je me répète : certainement le meilleur pour l'instant parmi ceux que j'ai goûtés), et tenez-vous bien : j'ai retrouvé des feuilles entières dans la théière ! Ça, c'est vraiment du jamais vu dans une mini-compression !

13 mars 2011

Da Ye '92


"1992 Da Ye Loose Leaf Sheng Puerh" from Essence Of Tea, via Nicolas qui m'en a envoyé un échantillon (thx !).

Très belles feuilles, odeur de vieux sheng "sain", dans la théière préchauffée c'est vraiment pas mal. Double rinçage, infusions.


Liqueur de couleur ambrée plutôt splendide, parfums plutôt engageants, à priori c'est tout à fait alléchant.

Et au final, ça donne quoi ce vrac Essence Of Tea ?


Eh bien pour moi c'est plutôt valable dans le sens où ce pu erh permet de déguster du "vieux" à pas cher. Car il faut reconnaître qu'à ce prix il est difficile de trouver un thé qui offre un aperçu aussi clair de ce que peuvent être les saveurs terreuses et boisées d'un vieux thé.

Un aperçu seulement car le revers de la médaille c'est que le rendu est franchement monolithique et que ça ressemble presque à un pu erh cuit. Honnêtement, en dégustation à l'aveugle, j'aurais pu opter pour un shu cha.


Monolithique, monotone, exempt de tout reste de "verdeur" témoignant de l'origine brute de ce thé, mais tout de même très plaisant à boire car sain, pur et rond en bouche, et avec des parfums de qualité.
Bref, tout est bien à sa place (tout sauf un petit reste de "verdeur" qui est absent) et au final c'est vraiment bien.


A ce prix-là, vais p'têtre me laisser tenter... d'autant plus que sur la fin, avec des infusions un peu poussées, le thé rajeunit et offre un petit "plus" par rapport aux infusions initiales. Un réveil un peu tardif, mais un réveil tout de même !

12 mars 2011

Tie Guan Yin d'hiver


Tie Guan Yin "premier grade" d'octobre 2010 - boutique Terre de Chine (un échantillon glissé dans ma commande récente).

Description : Province du Fujian, district d'Anxi. Type de théier : Fuding agé de 3 à 5 ans. Culture située à une altitude de 600 à 800 mètres, la cueillette d'automne est la plus florale, elle est effectuée à la main, et le façonnage à l'air ambiant.
Cueillette d'octobre 2010.
Les feuilles sèches sont roulées, couleur vert bronze, semi fermentées à 15% dit « bleu-vert ». Arômes de fleurs blanches sucrées. Une longueur persistante qui se développe bien dans les infusions suivantes.



"La cueillette d'automne est la plus florale". Dans mon esprit, le Tie Guan Yin (TGY), c'est déjà hyper floral, alors je me demande bien ce que ça va donner ;)

Les feuilles sèches sont vraiment belles. Habituellement (en tout cas pour les quelques TGY que j'ai eu l'occasion de préparer) les feuilles roulées en boules sont vraiment petites, et on voit à l'œil nu que les feuilles sont abimées. Là ce n'est pas le cas, c'est certainement le TGY le plus "beau" que j'aie pu voir jusqu'à ce jour.

L'odeur : bon ben, c'est floral évidemment. Je ne bois pas assez de wulong de ce type pour pouvoir juger de l'odeur de ces feuilles, mais ça sent très bon : c'est fin mais puissant, frais et vert mais parfumé et délicat.

Infusions en théière en verre, accessoire vraiment tout à fait indiqué pour les wulong roulés : le déploiement des feuilles dans l'eau chaude est un spectacle qui vaut le coup d'œil.

Liqueurs sans surprise au niveau du registre : de la fleur, de la fleur et de la fleur. Cependant, des petites subtilités font que ce TGY se démarque un peu des précédents : un côté sucré (j'ai presque trouvé des fruits, notamment de la banane, ce qui était du jamais vu), un parfum vraiment puissant (la théière embaumait toute la pièce), et une excellent qualité générale (tenue en bouche, longueur, résistance aux infusions, pureté...). Bref, certainement un des meilleurs TGY que j'aie eu l'occasion de boire.


De très belles feuilles, en très grande majorité intactes dans ma théière en fin de session. Intacte sauf le pourtour des feuilles un peu déchiqueté typique des TGY. D'ailleurs je ne sais pas d'où ça vient, si quelqu'un a l'explication je suis preneur.

10 mars 2011

Pu erh 2009 - Terre de Chine


Voici la deuxième galette reçue très récemment de Terre de Chine :

Description : province du Yunnan, district du Lin Cang. Théiers sauvages âgés de 500 ans, en quantité limitée donnant au final un goût équilibré d’une grande finesse. Galette de 200 gr en coffret millésimé.

Il est beau hein, mon coffret millésimé ! Cette galette est (beaucoup) plus chère que la précédente, c'est pour ça que la boîte en carton est noire, ça fait plus classe, surtout avec la typo argentée. A ce prix-là, je l'ai prise en photo :)


Des points communs et de grosses différences avec la galette 2010. Les points communs, c'est cette surface un peu irrégulière, la présence de tiges, de feuilles jaunes et de brisures, et la très faible compression (manipuler la galette suffit pour que de nombreuses feuilles se détachent d'elles mêmes).

La grosse différence, c'est la couleur. Cette galette 2009 est beaucoup, beaucoup plus foncée. Est-ce dû à l'année de maturation qui les sépare ou bien à l'âge et/ou la variété des théiers ? Il est tout de même peu probable que les feuilles aient changé de couleur à ce point en si peu de temps.



Ce coup-ci j'ai pris soin de photographier le nei piao, on sait jamais, des fois qu'un lecteur capable de déchiffrer le chinois puisse y trouver des infos intéressantes... (tu peux cliquer la photo, Olivier, ça s'agrandit).


La photo suivante est très parlante : juxtaposition de 2 crus du même terroir, qu'une seule année sépare... dans la récolte, mais que plus de 400 ans oppose dans l'âge des arbres !
Vu que j'avais les deux galettes déballées, j'en ai profité pour approcher mon nez : l'odeur de la 2009 est nettement plus boisée et incisive que sa p'tite soeur, plus douce et végétale. La 2009 est également davantage parfumée (comprendre : parfums plus "forts") et exempte de l'odeur de papier qui me déplaisait un peu hier (papier d'emballage à revoir pour la 2010 ?).


Toujours aussi facilement, j'ai pu prélever quelques feuilles pour cette première dégustation. Je reviens sur la couleur des feuilles, j'ai tout de même rarement rencontré des feuilles aussi foncées sur un pu erh aussi jeune. Une explication ?


Dans la théière préchauffée, c'est étrangement boisé, un-peu-fumé, et ... fruité (agrumes ?)...

Double rinçage express, infusions...

Liqueur très pâle, et pourtant loin d'être insipide.

C'est... particulier mais vraiment pas insipide :

- du végétal, mais du végétal très vert c'est à dire comportant presque des tendances iodées
- du bois fumé (léger)
- des épices (poivre ?!)
- du fruit - sucré - tendance wulong à la sauce Da Hong Pao & Cie...

Bref, c'est plutôt déconcertant, et du coup je me souviens très bien du Lincang 2004 de cette maison, qui m'avait laissé pour le moins perplexe. Y'a clairement un air de famille, comme qui dirait.

La nuance, c'est que cette galette 2009 a davantage un "goût de pu erh". Un pu erh étrange, mais plutôt harmonieux dans l'ensemble. Vraiment rien à voir avec celui d'hier.
C'est ça le goût des théiers sauvages multi-centenaires du Lincang ?


J'ai quand même un problème avec l'arrière-goût : un croisement entre une fin de bouche de wulong torréfié, un thé vert mal infusé et un pu erh qui ne parvient pas à prendre le dessus. Honnêtement, je suis pas fan.

Hormis ce "finish" un peu troublant, ça tient debout. C'est pas mon pu erh préféré ça c'est sûr, mais la liqueur est belle, bien présente et agréable en bouche, les arômes sont là, etc...
Vraiment particulier, mais pas mauvais.

Peut-être que ce pu erh nécessite un dosage ou un mode d'infusion particulier ??

Peut-être qu'il faut que je m' "habitue" à ce pu erh si particulier ?

Le pire, c'est que je ne peux même pas me raccrocher à l'idée que dans 5 ans il sera excellent (ou davantage à mon goût), vu le souvenir que j'ai de la version 2004 !


Au fil des infusions, les choses qui me "gênent" dans ce pu erh s'estompent, pour laisser place à quelque chose de plus classique, de bon, mais qui ne m'enthousiasme pas outre mesure...

Je pourrais presque conclure ce billet comme pour la version 2004 dont j'avais eu un échantillon : "je n'ai rien compris à ce thé". La différence, c'est que là je vais avoir la possibilité de le tester autrement (plus ou moins dosé...).