30 juil. 2012

Manma


Encore un thé de Yoshiaki Hiruma, un thé vert japonais donc, le "Manma". Mon sachet de Yumewakaba tirant dangereusement à sa fin, il fallait vite que j'ouvre un nouveau sachet pour faire durer un peu le plaisir :)


Je n'ai pas réellement d'infos sur ce sencha hormis le fait que c'est un fukamushi sencha, et qu'il est très peu onéreux. A l'ouverture du sachet, je suis accueilli par un beau parfum fruité, beaucoup moins puissant que son prédécesseur Yumewakaba, mais vraiment très fin sur les fruits : pâte de coing, confiture de prune...
Visuellement, ce Manma est composé de très belles et longues aiguilles vert foncé, de feuilles roulées plus petites et plus claires, ainsi que de bouts de tige de taille variable.



Paramètres d'infusion recommandés : 4g pour 100ml
Infusion 1 : 80°C / 30"
Infusion 2 : 80°C / 15"



La couleur et l'apparence de la première liqueur ne sont pas extrêmement alléchantes : entre le vert plutôt jaune/marron et la liqueur est trouble, on s'attend à ... on ne sait pas à quoi s'attendre justement.

Ces quelques inquiétudes non fondées seront vite balayées : c'est très (très très) vert en bouche, la sensation est un mélange de fraîcheur verte et de présence en bouche plutôt poudreuse et serrée. C'est dense, c'est frais, c'est vert, c'est plutôt bon.


Deuxième infusion, une dizaine de secondes...


Visuellement c'est encore pire :)
En bouche, ce Manma conserve les caractéristiques de l'infusion précédente tout en y ajoutant une bonne amertume. Ce thé n'est ni aussi fin ni aussi complexe que le Yumewakaba, mais c'est plutôt une bonne surprise.


Étrange thé fait de tiges et de feuilles, grand bol de verdure et de fraîcheur, ce Manma est (encore) une belle découverte pour moi. Décidément, je ne me lasse pas de ces sachets de Maître Hiruma, qui arborent tous ce petit dessin caractéristique :


Un thé cubiste, quoi !


25 juil. 2012

Yumewakaba


Fukamushi sencha (sencha étuvage long) de Yoshiaki Hiruma, le Yumewakaba est l'un des thés les plus réputés de ce producteur de thé japonais qui, du Temomicha de compétition à 10€ le gramme à l'Hojicha à 5€ les 100g en passant par les thés noirs et les wulong, démontre un savoir-faire et une créativité sans limites.


Comme pour beaucoup de sencha, le sachet renferme un parfum incroyablement sucré et fruité, mais cela ne présage pas systématiquement de la qualité de ce que l'on retrouvera dans la tasse. Avec ce Yumewakaba cela dit, je n'ai aucune inquiétude :)
D'ailleurs on remarquera au passage que les feuilles de ce fukamushi sont en bien meilleur état qu'un certain futsumushi sencha dégusté il n'y a pas très longtemps...


Première infusion : 5g / 60°C / 60ml / 45"
La première liqueur est d'une douceur sans pareil. On dirait de la crème de thé, c'est presque gras en bouche. Cette première liqueur, quasi-translucide (comme on ne le voit pas du tout sur la photo ci-dessus :) sème un doute : est-ce réellement un fukamushi sencha ?!?


Deuxième infusion (80°C / 100ml / 20 secondes) : pour le coup, plus aucun doute il s'agit bien d'un sencha longuement étuvé. La liqueur est davantage parfumée, presque florale, et conserve - mais dans une moindre mesure - le côté "produits laitiers" de la première infusion.


Si cette deuxième infusion est, elle aussi, exempte de toute astringence ou amertume, elle développe cependant une belle tenue en bouche et possède par ailleurs une rétro vraiment superbe. Dominante très verte, herbacée et florale, présence en bouche forte, cette seconde liqueur me plaît beaucoup. En plongeant le nez dans la théière, j'ai parfois presque l'impression qu'elle contient en fait un wulong très vert et très peu oxydé/torréfié !


La troisième infusion (80°C / 100ml / une grosse minute) est elle aussi typique d'un fukamushi sencha de par sa turbidité et sa couleur vert foncé (impression accentuée par le contre-jour) :


Cette troisième liqueur révèle des parfums encore renforcés par rapport à la seconde. Toujours autant de présence et de force tranquille en bouche, et voire même encore davantage car cette infusion fait apparaître une légère amertume, très fine et vraiment délicieuse. On est à fond dans la verdure avec des touches fleuries, une texture parfaite, bref, c'est une superbe troisième infusion.


Ce thé est d'une telle qualité que j'ai pu faire 2 ou 3 infusions supplémentaires tout en conservant suffisamment de parfums et de tenue en bouche. Ce Yumewakaba 2012 a également très bien réagi à des paramètres d'infusion un peu plus extrêmes, du genre 90°C / 1 minute à la première infusion. Cela dit, ce sont les paramètres donnés dans ce billet qui fonctionnent le mieux (je ne les ai pas inventés, ils sont donnés par le producteur lui-même).


Bref, un superbe fukamushi sencha, si ce n'est LE fukamushi sencha. Mon sachet de 70g va partir beaucoup, beaucoup plus vite que les 2 ou 3 sachets de sencha ouverts récemment...
Merci à Yoshiaki Hiruma pour ce si bon thé et merci à l'intermédiaire qui m'a permis d'accéder aux productions de ce grand monsieur du thé japonais !

24 juil. 2012

Long Jing à la rose

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en ouvrant ce sachet de Long Jing à la rose. Ce Long Jing de Maître Luo n'allait certainement pas être comparable à un thé parfumé à la rose comme celui-ci par exemple, où le parfum de rose est très fort, lourd, omniprésent, et envahissant, occultant tout à fait le goût du thé vert qui ne sert dans ce cas que de prétexte pour asseoir une atmosphère presque oppressante à base de parfum de rose.


Comme vous pouvez le constater, ce thé vert parfumé associe 
quelques rares et minuscules boutons de rose à de très 
belles et classiques feuilles de Long Jing.


Mais d'abord, à quoi ça rime de produire un Long Jing à la rose à partir d'arbres de 200 ans, de véritables arbres à Long Jing, situés dans la zone historique du Long Jing ? Pourquoi PostcardTeas a-t-il fait produire à Maître Luo, le magicien du Long Jing, 2 kilos de ce thé parfumé à la rose ? Faut-il que j'y ajoute du sucre ? Du lait ? Du citron ? Pis quoi encore ?

A vrai dire, si cet échantillon n'avait pas été glissé dans ma commande de Long Jing 'classique', je n'aurais jamais sauté le pas. Mais maintenant que je l'ai entre les mains, autant l'ouvrir :)


Première surprise à l'ouverture du sachet : ça ne sent pas du tout la rose. En tout cas, absolument pas comme je me l'imaginais. Dans le sachet, l'odeur qui prédomine est bel et bien celle du Long Jing, un doux et rond parfum de torréfaction typique de ces délicates petites feuilles vertes chinoises.
Et à côté de ça on retrouve effectivement un petit côté floral relativement discret mais bien présent, extrêmement loin du parfum-cliché à la rose. Pour être honnête je ne suis pas certain que j'aurais identifié cette fleur à l'aveugle dans ce Long Jing.


Première infusion (3 bons grammes de thé, petite théière en porcelaine, eau bouillie et refroidie, 1 minute d'infusion) : j'obtiens une liqueur plutôt pâle, extrêmement translucide et d'un jaune vert assez troublant. Je n'ai pas bu de Long Jing depuis longtemps, mais dans mon souvenir c'était un peu plus coloré. Est-ce que le bouton de rose mêlé aux feuilles de thé peut avoir une influence sur la couleur de la liqueur ?


Peu importe, goûtons.
...
..
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Alors ? Ça dit quoi un Long Jing de Maître parfumé à la rose ?
Eh bien comme pour les feuilles sèches, ça ressemble d'abord et surtout à un Long Jing 'classique', un très bon Long Jing d'ailleurs : du velouté, une base verte et grillée toute en rondeur, une rétro-olfaction superbe et une tenue en bouche très agréable.


Et, toujours comme dans les feuilles sèches, il y a quelque chose de plus : un petit quelque chose de floral, tout de même davantage flagrant qu'avant infusion, qui rappelle cette fois nettement la rose, mais toujours pas dans la caricature. Oui, il y a dans ce parfum de rose quelque chose de piquant, acidulé, qui m'évoque la citronnelle, et qui n'a absolument rien à voir avec le côté sucré, épais et opulent dans la rose des thés parfumés à la rose que j'ai pu boire par le passé (et j'en ai bu croyez-moi !).


Au final, je dois dire que c'est très bon. C'est étonnamment rafraîchissant, très vif en bouche, et cette note fleurie et acidulée se marie vraiment très bien avec le goût du Long Jing qui reste malgré tout prépondérant dans le rendu global du thé. J'en ai tiré 3 belles infusions, la quatrième était nettement en retrait.

23 juil. 2012

Shen Tai Cha


Encore une galette 2012 produite par Wang Bing, mais cette fois-ci il ne s'agit pas d'un puerh violet. Ce thé provient des meilleurs arbres du village de YiWu, dans la fameuse montagne du même nom.


Récolte de début de printemps 2012, ce puerh est lui aussi entièrement façonné de manière artisanale par la famille de Wang Bing. D'après ce que j'ai compris, une partie de ce qui fait les qualités de ce thé vient de l'entretien des arbres, qui est fait "à l'ancienne" par les grands-parents. Quelque chose me dit qu'Olivier va consacrer prochainement un article à Wang Bing et que l'on pourra en apprendre bien davantage sur ce procédé d'entretien des arbres, peu rentable certes, mais respectueux des arbres et qui va dans le sens d'une qualité de cueillette accrue et, comme on va le voir, d'un thé splendide.


Cette galette Shen Tai Cha respire la qualité et le travail ultra soigné tout comme la Zi Yo Cha découverte récemment. L'autre point commun c'est le papier d'emballage, lui aussi artisanal, et le dessin (seule la couleur change). Toujours pas de Nei Fei ni de Nei Piao, mais une odeur splendide de puerh vient chatouiller mes narines lors que je prends ces quelques photos...


La bonne odeur de puerh qui se dégage de cette galette est douce mais aiguisée, très boisée pour un si jeune puerh. Le végétal vert et frais est bien présent, mais peut-être moins que ce que j'ai pu observer sur des puerh aussi récemment récoltés et pressés. Cela dit ce n'est peut-être qu'une impression. Les parfums sont franchement alléchants, et me plaisent immédiatement.


Rinçages rapides, et infusions.


Les liqueurs de ce Shen Tai Cha sont superbes. Couleur dorée, limpidité et pureté. En bouche je suis immédiatement conquis : c'est à la fois doux et franc, très parfumé, avec du bois sec et du végétal frais, c'est long, fin et rond avec juste ce qu'il faut d'astringence pour réveiller les papilles et faire saliver, bref, j'adhère sans réserve et immédiatement.

Précision : pour obtenir cette légère astringence que j'aime beaucoup retrouver dans un puerh, il faut bien insister sur les infusions, car ce Shen Tai Cha est tout de même relativement doux. Ceci dit, infusé court ou long ce puerh donne de bons résultats, ce qui permet de varier les plaisirs, y compris au cours d'une même session.


Contrairement à ce que j'avais cru pressentir au parfum des feuilles sèches, on est bel et bien en présence d'un puerh très jeune : une bonne base végétal sous-tend l'équilibre et l'harmonie de cette liqueur. Une base à la fois sur le végétal vert et sur le végétal sec (genre foin / paille / herbes jaunes...) sur laquelle se greffent des notes plus boisées, des touches animales, et sans doute pas mal d'autres choses qu'un palais exercé serait capable de lister de façon très détaillée.


Je vais pour ma part me contenter de conclure en disant que j'aime beaucoup ce puerh vert de YiWu, que je suis ravi d'avoir pu en obtenir une galette à peine pressée, et que décidément ce Wang Bing a plus d'un tour dans son sac !

BaoZhong organique

Dans le cadre d'un échange d'échantillons, j'ai reçu un BaoZhong de Wenshan (Taiwan), récolté en hiver de l'année dernière, le 23 novembre 2011 exactement. Qui dit wulong, Taiwan, date de récolte précise dit évidemment Stéphane de Teamaster's blog.


Je ne suis pas vraiment familier de ces Bao Zhong, pour moi ce sont des wulong frais, verts et fleuris, peu oxydés et peu torréfiés, mais je n'ai vraiment pas d'expérience en la matière. Conseil pris auprès d'amateurs plus avertis que moi, ça s'infuse comme du maocha : on remplit le zhong, on rince vigoureusement, puis infusion à l'eau bien chaude, 1 minute pour la première (pour le maocha, ce serait plutôt 1 seconde).


Belles grandes feuilles mêlées à des tiges, délicate odeur de wulong frais et fleuri, relativement conforme à ce que j'imaginais. Rinçage énergique et première infusion.


Les parfums concentrés dans le couvercle du zhong sont à la fois appuyés et fins. C'est frais, fleuri, lacté, avec peut-être une pointe de fruits.

    

On retrouve en bouche toutes les caractéristiques promises par les feuilles sèches. La liqueur est d'une pureté irréprochable, elle est ronde et moelleuse et sa texture s'accorde parfaitement avec la gamme de parfums qui l'accompagnent. C'est finement fleuri sans tomber dans le mièvre, il y a une toute petite pointe d'astringence épicée qui relève très délicatement le côté vert de ce wulong peu oxydé, et il y a une bonne longueur en bouche qui fait que les infusions qui s'enchaînent semblent se superposer.


C'est un réel plaisir que d'infuser ce BaoZhong : de l'eau bien chaude, un zhong bien rempli, on verse lorsque les parfums sous le couvercle nous plaisent et/ou en fonction de la couleur que prend la liqueur. Pas prise de tête, infusions réussies à tous les coups, résultat garanti.


Ce wulong semble inépuisable et il aura bien fallu une dizaine d'infusions pour commencer à le fatiguer. Tout au long de cette session de dégustation il aura été remarquable de stabilité, de pureté et de fraîcheur.


Ses grandes et belles feuilles m'auront accompagné une bonne partie de cette chaude après-midi de façon très désaltérante et de la manière la plus agréable qu'il soit. Assurément un très bon wulong. Je me suis surpris à regretter de n'être pas plus connaisseur pour en goûter toutes les subtilités. J'imagine que des gens comme Stéphane pourraient sans l'ombre d'une hésitation distinguer les différentes saisons de récolte, les terroirs ou les cultivars, mais pour arriver à un tel résultat il faut en goûter des centaines, les comparer, les décortiquer. C'est un travail de longue haleine que je ne suis pas prêt à faire, mais cela ne m'a pas empêché de beaucoup apprécier ce BaoZhong d'hiver !

21 juil. 2012

Long Jing !


Je viens de recevoir les Long Jing de Master Luo, un superbe colis de Tim (Postcard Teas).
Je suis très impatient d'attaquer les dégustations car je n'ai aucun doute sur la qualité exceptionnelle de ces thés. J'avais pu goûter ceux de l'année dernière, c'était tout simplement génial. 
Je suis même doublement impatient car, quelque peu monopolisé par les thés verts japonais, j'ai complètement délaissé les thés verts chinois ces derniers mois. Ce sera l'occasion de renouer en beauté avec ces petites merveilles !

20 juil. 2012

Du Shu #0


Un des nombreux maocha reçus dernièrement, un puerh d'abre unique. C'est la première fois que j'entendais parler de ça, je voulais absolument goûter ce thé puerh issu d'un seul arbre. Si vous avez lu le dernier article d'Olivier qui traite de Luo Hou You, un producteur un peu fou et spécialiste forcené de 2 montagnes en particulier (Wuliang Shan et Ailao Shan, montagnes de la région de Pu'Er), vous en savez autant que moi au sujet de ce thé. Si ce n'est pas le cas, vous savez ce qui vous reste à faire :)


Si j'ai bien tout compris, ce Du Shu (arbre sauvage) "zéro", produit en 2011 par Luo Hou You à Jio Jia dans la montagne Ailao Shan, provient exactement de cet arbre-ci :

(Photo Olivier Schneider)
Il y a effectivement quelque chose d'un peu fou et de magique de s'apprêter à déguster un puerh en sachant que celui-ci provient d'un seul arbre, et d'avoir la photo de l'arbre en question sous les yeux !


Les parfums des feuilles sèches sont très fins, évocateurs et particulièrement distingués dans le boisé. Dans le zhong préchauffé c'est également prometteur, à la fois doux et épicé, dense mais pas envahissant. Rinçages, infusions.


Comme escompté, ce thé est très bon et les liqueurs allient finesse des arômes et belle présence en bouche. C'est vivant, plein de relief et de caractère, et ça se boit tout seul.


Les liqueurs, d'une superbe couleur et d'une éclatante pureté, s'enchaînent rapidement, avec quand même quelques instants entre chaque tasse mis à profit pour jouir des parfums résiduels, ceux qui ne sont détectables que par le nez directement dans la tasse, et que je ne m'explique toujours pas.


Au fil des infusions on fait plus ample connaissance avec cet arbre, et on se prend à s'imaginer se prélassant sous son ombre, et profitant de l'atmosphère de la montagne Ailao, que j'imagine apaisante et propice à une décontraction totale et contemplative.


Le fort caractère de ce thé et son côté enivrant me font un peu déjanter, mais c'est là l'apanage des grands thés, et en l'occurrence ces petites feuilles à priori inoffensives sont bel et bien celles d'un magnifique puerh. Doté d'une grande force d'où découle sa puissante présence en bouche et sa longueur que l'on ressent avec tout le corps, il est également capable d'exprimer une belle complexité que l'on se surprend à essayer de détailler pendant de longs moments avant de sombrer à nouveau dans une sorte de béatitude puerhistique.


Bref, une superbe surprise, un thé unique, d'un arbre unique, produit par un fou furieux comme je les aime, et qui parvient jusqu'à nous par l'intermédiaire d'un autre fou passionné de thé, que je remercie encore une fois pour tous ces maocha qui n'en finissent pas de m'enchanter (et je vous préviens, j'en ai encore plein en réserve !).