27 févr. 2015

Zhu Ye


Second thé de l'opération Dan Cong évoquée précédemment
celui-ci s'appelle Zhu Ye, il date de 2011 et son surnom de 
"bamboo leaf" évoque la forme de ses fines feuilles torsadées.


Les feuilles sont très belles, 
elles offrent à sec un parfum emprunt de torréfaction 
que l'on ne retrouvera presque pas dès que l'eau sera de la partie. 
En effet, dès le rinçage flash, ce sont plutôt les fleurs qui dominent, 
ainsi que des accents fruités très gourmands.


Très difficile de décrire cette liqueur à la texture ronde et généreuse, 
sa gamme de parfums est trop étendue, ça part vraiment dans tous les sens. 
J'aime beaucoup le soupçon d'amertume minérale qui se cache 
sous les opulentes notes de fleurs. 


D'après Imen, ce Zhu Ye est reconnu comme étant le roi des 
Zhi Lan Xiang (les Dan Cong de Fenghuang Shan au parfum d'orchidées). 
Ce thé serait issu de plants de + de 200 ans, situés à 950m d'altitude.


Je ne sais pas si c'est de l'orchidée, 
et encore moins de l'orchidée du genre Cattleya que j'ai en bouche, 
mais ce qui est certain c'est que ce thé est très harmonieux, 
qu'il prend petit à petit possession du palais 
et que sa dégustation est très plaisante.


J'enchaîne les infusions sans trop me poser de questions, 
en allongeant petit à petit leurs durées et sans trop chercher à 
disséquer ce thé qui me plaît bien dans son intégralité, 
je suis de toute façon très mauvais en mode analytique.


Voilà bien longtemps que je n'avais pas bu autant de wulong. 
Presque un par jour ces derniers temps, 
ça fait plusieurs années que cela ne m'était pas arrivé ! 

Je dois bien concéder que la dégustation de ces petites 
friandises liquides n'est pas pour me déplaire, mes retrouvailles 
avec les puerh et les sencha en sont d'autant plus savoureuses.


Je serais bien embêté d'avoir à comparer ce Zhu Ye 
avec son prédécesseur le Yu Lan Xian
Ils sont certainement très différents, mais pour quelqu'un comme moi 
qui n'a pas l'habitude de ce type de thés, 
ils ont bien davantage de point communs que de différences.


Ce que je retiens de ces deux premiers Dan Cong de chez TeaHabitat
c'est une bouche sucrée, des notes florales magnifiques, 
des textures souples et onctueuses, un bouquet complexe mais harmonieux, 
des longueurs en bouche très satisfaisantes, une bonne endurance,
 et pas mal d'autres qualités qui font que cette opération Dan Cong 
est pour moi un succès. Il est même possible qu'à l'issue de 
mes dégustations je cherche à me procurer un petit stock de Dan Cong 
pour les rares occasions où j'ai envie de boire de type de thés, mais des bons. 


19 févr. 2015

Blue Himalaya


Dégustation d'un thé reçu en cadeau (merci Tata), mais alors là attention, c'est pas n'importe quel thé, c'est un thé "cultivé sous un ciel cristallin caressant l'Éverest". Effectivement, question verbiage marketing, on atteint des sommets. Rendez-vous compte, c'est le fameux "thé secret du Népal", "la magie du terroir" quoi.

Je passe rapidement sur l'emballage, c'est très joli, je félicite le département design de Mariage Frères, mais on en fait quoi des feuilles de thé une fois que le sachet est ouvert ? Un sachet refermable opaque, avec un zip, ça fait trop mainstream ? Bon, on se console en révisant ses kana ... ブル- ヒマラヤ ... au dos du carton, parce qu'évidemment c'est écrit en français et en japonais, ne surtout pas négliger la clientèle asiatique en goguette à Paris pour leur refourguer un thé rouge standard à 34€/100g.


Bon, de toute façon ça commençait mal avec ce thé de Mariage Frères. Car figurez-vous, Ô amateurs de thé, que ce Blue Himalaya est un "Thé Bleu™". Je ne sais même pas si j'ai le droit de l'écrire ici sans risquer des poursuites car visiblement Mariage Frères a déposé l'appellation. La question n'est pas tant de débattre de la légitimité d'une marque à s'approprier une couleur (comme d'autres firmes s'approprient le vivant à grands coups de brevets et d'avocats spécialisés), mais plutôt de savoir ce qu'est exactement un thé bleu. Pardon, un "Thé Bleu™". Je n'ai pas la prétention de me positionner en expert du thé, mais je crois quand même connaître les principales familles de thé. Thé vert, thé blanc, thé rouge, thé sombre, thé bleu-vert ou oolong, tout ça je maîtrise. Mais "Thé Bleu™", je sèche. Avant d'ouvrir le sachet, je pensais que chez Mariage Frères, les oolongs s'appellaient "Thé Bleu™", mais non, un coup d'oeil rapide sur les feuilles de ce Blue Himalaya m'a vite détrompé. Un "Thé Bleu™", c'est forcément autre chose puisque ce Blue Himalaya est un thé rouge.


Un "Thé Bleu™", selon le site web de Mariage Frères, c'est ceci
"COLLECTION « MILKY » - Thé Bleu™ envoûtant au riche parfum lacté. Certains grands crus de Thé Bleu™ développent à la dégustation une note lactée magique et délicieuse. Ce parfum naturel résulte d'une subtile alchimie entre le terroir, le théier, et le savoir-faire du planteur dans le travail de la feuille et l'élaboration du thé."
On est donc dans la désinformation la plus totale, on mélange tout, comment voulez-vous qu'une culture du thé se développe en France si les "prestigieuses Maisons de Thé Françaises" écrivent n'importe quoi ? Bref, c'est donc un thé rouge, et par conséquent il y a fort à parier qu'il n'aura pas cette "note lactée magique et délicieuse" pourtant caractéristique des "Thés Bleus™" de Mariage Frères.


Il a plutôt une bonne tête d'ailleurs ce thé rouge, de beaux bourgeons, un parfum épicé et boisé avec quelques accents typés darjeeling, c'est tout à fait conforme à ce que l'on peut s'attendre à retrouver dans un thé rouge du Népal. Je ne vais pas suivre les conseils d'infusion - qui diffèrent d'ailleurs très nettement entre le site web et l'emballage - parce que je suis connoisseur moi, et j'infuse comme je veux.


Alors il donne quoi ce thé bleu rouge ? Eh bien il n'est pas mauvais du tout : pas de gros défauts, d'amertume déplacée, de parfums louches ou de liqueur trouble et suspecte : c'est un thé rouge très honorable, dans le malté, le boisé, les épices, ça se boit plutôt pas mal. La liqueur n'est pas "jaune d'or" comme promis sur le carton (décidément, les couleurs chez Mariage Frères, c'est pas ça du tout), mais c'est un bon thé rouge. Je me garderai bien d'en dire beaucoup plus car je ne suis pas un gros consommateur de thé rouge, mais c'est en tout cas bien meilleur que nombre de thés rouges basiques qu'on peut trouver dans ce genre de boutiques au rayon "pas trop cher silvouplé".


J'en ai tiré 3 bonnes infusions, en essayant de me convaincre que finalement, l'essentiel était de se faire plaisir en dégustant une bonne tasse de thé, mais je n'ai pas totalement réussi à me départir de ce sentiment de tristesse mêlée de colère. Cher Mariage Frère, je ne te félicite pas. Je comprends bien que tu dois vendre, mais vu que tu es dans le business du thé depuis 1854, je pensais qu'au moins tu porterais un minimum d'intérêt au produit et que tu éviterais d'écrire n'importe sur le thé. "Le Thé, une Passion, un Métier, une Tradition", c'est toi qui l'as dit !


Bon alors je te souhaite de continuer à vendre plein de thé de ton côté, tout et n'importe quoi, finalement pour toi ce n'est pas vraiment ça l'important. Du mien, je continuerai à consciencieusement éviter de me fournir chez toi et j'espère que tu ne m'en voudras pas.


Un dernier coup d'oeil sur ces petites feuilles et ensuite je vais aller fouiller dans mes tiroirs pour dénicher une boîte vide afin de palier à ton packaging totalement inadapté, et je finirai ces 50 grammes de thé rouge en pensant à ma chère Tata qui a voulu me faire plaisir en passant la porte de ta boutique. Je me dépêche de mettre ton beau carton bleu dans le bac recyclage, comme ça la prochaine fois, je boirai un bon petit thé rouge népalais offert par ma tante au lieu d'un "Thé Bleu™" , je pense que cette fois-ci il sera davantage à mon goût.

18 févr. 2015

Yu Lan Xian


Yu Lan Xian, un Dan Cong 2014 de chez TeaHabitat
sous-titré "Magnolia Flower Fragrance".

Il s'agit de l'un des nombreux Dan Cong obtenus par le biais d'une 
opération du Forum des Amateurs de Thé (merci Étienne), 
organisée avec Imen de TeaHabitat qui nous a concocté 
différents packs destinés à nous faire découvrir cette famille de thés.


Ces très belles feuilles joliment torsadées offrent un pafum très fruité, 
les fruits exotiques se mélangent harmonieusement avec un 
bouquet floral complexe et très fin, c'est vraiment engageant.. 


Paramètres : 5g de feuilles pour environ 80ml d'eau, 
eau quasiment bouillante (bouillie et à peine refroidie). 
Infusions courtes au début (une dizaine de secondes), 
puis augmentation des durées au fur et à mesure de la 
dizaine d'infusions réalisées avec ce thé.


Liqueurs très parfumées, à fond dans la fleur 
(sans doute du Magnolia j'imagine, je ne suis pas spécialiste ), 
avec une très belle rondeur, texture soyeuse et fraîche, 
c'est vraiment très très agréable à boire, un petit côté miellé, 
sucré, et fruité vient vient encore enrober le tout pour former une 
bouche très homogène, sans aucun défaut et bien sympathique.

Belle sensation de fraîcheur, de verdure. 
Pas d'opulence fleurie envahissante, je trouve que tout est à sa place, 
justement dosé, c'est très équilibré.


En poussant un peu les infusions, on obtient un resserrement de la liqueur, 
l'amertume obtenue est très fine et bien à sa place, on n'obtient pas d'acidité 
ni de minéralité excessive, d'ailleurs je m'attendais à trouver un pôle minéral 
beaucoup plus marqué dans ce thé, je ne sais pas pourquoi finalement...


Un bien beau thé que ce Yu Lan Xian, j'imagine que dans la famille Dan Cong 
il existe au moins 2 ou 3 crans supérieurs dans la catégorie wulong top qualité, 
mais ce thé fait vraiment bien le job et je dois dire que je suis plutôt conquis 
par ce premier exemplaire de l'opération Dan Cong du forum.


Ce n'est clairement pas le type de thé que je pourrais boire tous les jours, 
mais je reconnais bien volontier que c'est très bon et je comprends parfaitement 
que certains ne jurent que par ces petites gourmandises délicates. 

La suite au prochain épisode.

10 févr. 2015

Gyokuro chinois


Deux ou trois petits mots d'un petit échantillon de thé vert chinois, 
il s'agit d'un thé 2014 de chez Thés de Chine (Paris), 
qui se fait appeler "Gyokuro chinois".


Je l'ai infusé un peu comme un gyokuro, 
avec peu d'eau, très peu chaude. 
Tout du moins pour la première infusion.


Je ne sais pas s'il s'agit d'une culture ombrée, 
comme on procède au Japon pour le "vrai" Gyokuro, 
mais ce thé vert présente bien ce caractère doucereux (umami)

Il m'évoque aussi les thés verts coréens, 
les sencha peu étuvés, et les thés verts chinois. 
C'est un mélange curieux mais plutôt réussi, 
difficile d'en dire beaucoup plus à la lumière
d'une seule dégustation, en tout cas je remercie
David de m'avoir fait découvrir ce thé insolite.


2 févr. 2015

Tamakawa sencha


Sencha de Hon.yama, Tamakawa, cultivar Yamakai,
produit par Tsukiji Katsumi, 
proposé par le site thes-du -japon.com


C'est un sublime futsumushi sencha, 
incroyable de pureté, de douceur et de complexité.
Absolument pas ostentatoire, sa superbe réside plutôt 
dans la discretion dont il fait preuve dans la délivrance
de ses arômes puissants, mais contenus dans une liqueur 
aussi difficile à cerner que jouissive à déguster.


La première liqueur en particulier possède une texture d'une richesse inouïe : 
à la foie grasse et huileuse mais également apte à instiller 
les notes les plus fines et les plus précises pour 
le plus grand plaisir du dégustateur.


Cette première liqueur est vraiment bluffante. 
Énorme présence en bouche, mais sans aucune rudesse, 
pas d'amertume ni d'astringence, pas de tonitruance dans les parfums, 
tout est dans la texture, dans l'enveloppement, 
c'est un véritable baume pour le palais, 
et un onguent pour l'esprit.

Difficile d'avaler les premières gorgées,
on voudrait les prolonger indéfiniment ...
Cette puissance contenue est saisissante, 
bouleversante, renversante. 
Waou.


La suite est évidemment à la hauteur de ce premier contact,
mais le thé s'exprime tout à faire différemment. 

Ce sencha fait, au cours des infusions suivantes,
la démonstration de sa puissance. 
Puissance héritée de ses origines montagneuses, 
et reflet de la façon dont les théiers ont été cultivés, 
de ce qu'a voulu en faire Tsukiji Katsumi.


Et en l'occurrence, Tsukiji Katsumi a voulu respecter 
au maximum l'intégrité des feuilles de ses théiers,
afin d'offrir un sencha qui soit au plus près de ce que 
les feuilles sont dans le champ.


Si la première infusion était l'évocation de la beauté lyrique et 
de la magnificence poétique d'un paysage de montagne, 
la suivante laisse plutôt deviner la rudesse du milieu : 
la texture se resserre, se durcit un peu, 
la minéralisation et l'amertume offrent alors
une impression de nature généreuse mais inhospitalière.

Les sublimes accents fruités et les touches fleuries se méritent,
ce sont les contreparties accordées à une vie dans un environnement 
riche, entier, généreux mais sans concession.


Le voyage continue dans le même sens avec la troisième infusion,
 qui gagne encore en vigueur, l'amertume prolongeant d'autant 
la longueur de ce sencha qui délivre alors une multitude 
de parfums et de sensations, le tout dans une hormonie délectable.

Puissance, authenticité, beauté.


Magie du thé, feuilles merveilleuses, j'ai bu la montagne.


Merci Florent, merci Tsukiji Katsumi.