20 juil. 2012

Du Shu #0


Un des nombreux maocha reçus dernièrement, un puerh d'abre unique. C'est la première fois que j'entendais parler de ça, je voulais absolument goûter ce thé puerh issu d'un seul arbre. Si vous avez lu le dernier article d'Olivier qui traite de Luo Hou You, un producteur un peu fou et spécialiste forcené de 2 montagnes en particulier (Wuliang Shan et Ailao Shan, montagnes de la région de Pu'Er), vous en savez autant que moi au sujet de ce thé. Si ce n'est pas le cas, vous savez ce qui vous reste à faire :)


Si j'ai bien tout compris, ce Du Shu (arbre sauvage) "zéro", produit en 2011 par Luo Hou You à Jio Jia dans la montagne Ailao Shan, provient exactement de cet arbre-ci :

(Photo Olivier Schneider)
Il y a effectivement quelque chose d'un peu fou et de magique de s'apprêter à déguster un puerh en sachant que celui-ci provient d'un seul arbre, et d'avoir la photo de l'arbre en question sous les yeux !


Les parfums des feuilles sèches sont très fins, évocateurs et particulièrement distingués dans le boisé. Dans le zhong préchauffé c'est également prometteur, à la fois doux et épicé, dense mais pas envahissant. Rinçages, infusions.


Comme escompté, ce thé est très bon et les liqueurs allient finesse des arômes et belle présence en bouche. C'est vivant, plein de relief et de caractère, et ça se boit tout seul.


Les liqueurs, d'une superbe couleur et d'une éclatante pureté, s'enchaînent rapidement, avec quand même quelques instants entre chaque tasse mis à profit pour jouir des parfums résiduels, ceux qui ne sont détectables que par le nez directement dans la tasse, et que je ne m'explique toujours pas.


Au fil des infusions on fait plus ample connaissance avec cet arbre, et on se prend à s'imaginer se prélassant sous son ombre, et profitant de l'atmosphère de la montagne Ailao, que j'imagine apaisante et propice à une décontraction totale et contemplative.


Le fort caractère de ce thé et son côté enivrant me font un peu déjanter, mais c'est là l'apanage des grands thés, et en l'occurrence ces petites feuilles à priori inoffensives sont bel et bien celles d'un magnifique puerh. Doté d'une grande force d'où découle sa puissante présence en bouche et sa longueur que l'on ressent avec tout le corps, il est également capable d'exprimer une belle complexité que l'on se surprend à essayer de détailler pendant de longs moments avant de sombrer à nouveau dans une sorte de béatitude puerhistique.


Bref, une superbe surprise, un thé unique, d'un arbre unique, produit par un fou furieux comme je les aime, et qui parvient jusqu'à nous par l'intermédiaire d'un autre fou passionné de thé, que je remercie encore une fois pour tous ces maocha qui n'en finissent pas de m'enchanter (et je vous préviens, j'en ai encore plein en réserve !).

3 commentaires:

David a dit…

J'ai découvert il y a peu seulement ce genre de puerh Single Tree. Je connaissais ça pour les wulong (c'est d'ailleurs la définition de Dan Cong me semble-t-il), mais bêtement je ne m'étais jamais imaginé que c'était également pratiqué pour les puerh...

Le mien était un Dong Ban Shan (Mengku, Lincang) d'un arbre de 800 ans, l'un des meilleurs puerh que j'ai pu boire à ce jour, malheureusement un échantillon...

Single tree, ça fait autant rêver que Single Malt ou Single Cask ;-)

Charlotte Billabongk a dit…

C'est effectivement très intéressant. Ce thé à l'air magnifique. Je n'en ai jamais goûté dans ce style...

En revanche, je crois comprendre la "béatitude" que tu décris. Serait-ce "l'ivresse du thé", comme on dit en Chine? Il m'arrive aussi de la ressentir, mais il est difficile de décrire cet état.

Très belles photos, comme toujours.

Anonyme a dit…

Merci beaucoup Sébastien pour l'échantillon de ce Pu Er Dan Cong. Je le trouve vraiment excellent. Belles pureté et rondeur. Arômes francs. J'ai été très agréablement séduit.