1 juin 2010

Pu erh cru de la région de Menghai, 1990

C'est avec une certaine fébrilité que je m'apprête à goûter ce carré de puerh cru "Fang Cha" de 1990 ; ça va être - et de loin - le plus vieux sheng que j'aie jamais bu : un thé pressé il y a 20 ans !

Sans emballage particulier, il est juste glissé dans une enveloppe. Déballons.



Le carré est assez épais, plus épais qu'une galette. Le thé est très peu compressé et il est très facile d'en extraire quelques feuilles.



On voit des feuilles "à plat" presque entières à la surface du carré, qu'on peut détacher très facilement. A côté de ça, il y a des feuilles beaucoup plus petites, qui elles sont travaillées (flétries et/ou roulées)... c'est peut-être un mélange de différents grades.

Le carré dégage une odeur de vieux bois, mais un vieux bois sec. Une vieille branche, des feuilles mortes bien sèches ou un bout de bois qui aurait passé des années dans un endroit à l'abandon, mais exempt de toute moisissure ou de toute humidité.

Le bloc de feuilles que je vais infuser :

















Dans la théière chaude, l'odeur des feuilles me fait penser à un vieux grenier jamais aéré, ou à une cave bien sèche. Contrairement aux shu que j'ai goûtés jusqu'à présent, et même si on est bel et bien dans le même registre au niveau des odeurs, il y a cette nette différence : c'est très sec.





Je rince le thé une seule fois, et à cette occasion ma théière me gratifie d'une splendide bulle, très éphémère, mais c'est la première fois que j'observe ce phénomène par moi-même, que j'avais déjà vu en photos sur d'autres blogs. Un bon présage ?
 
Le thé, une fois infusé, offre une très belle liqueur, absolument pas troublée par les 20 années passées à attendre sagement qu'on veuille bien s'occuper un peu de lui.



Au niveau du goût et des arômes développés, on est clairement dans les registres du shu, mais avec tout de même une différence de taille : j'ai une fraicheur en bouche très déconcertante !

Ca me fait vraiment penser à un pu erh cuit mais avec des arômes plus vifs, plus de relief. Et surtout, ce serait un shu qui serait resté "frais". Cependant, ces notes sont moins puissantes et moins persistantes que dans un pu erh cuit.

Une infusion plus poussée accentue encore cette impression : des arômes boisés et d'humus, de terre humide, (bref, typés shu), plus puissants que lors de la première infusion. Le tout est cependant plus vif, et la fraicheur est toujours là, encore davantage qu'à la première infusion. Ce n'est pas une fraîcheur "verte" comme j'ai pu en trouver dans des thés plus jeunes, c'est juste une sensation vivifiante, résolument absente dans les pu erh cuits. Cette différence notable avec les shu provient peut-être du fait que ce thé n'a pas subi de fermentation artificielle, qui aurait "tué" l'énergie du thé.

Absolument aucune amertume ni astreigence, un petit côté presque sucré, des bois très riches et un fond qui reste frais, définitivement ce thé est excellent.

C'est peut-être ça que je recherchais jusqu'à dans les pu erh shu : j'avais toujours l'impression qu'il y manquait quelque chose. J'en appréciais les notes de bois vieilli, mais le thé semblait "éteint".
Je viens de trouver le chaînon manquant : les vieux pu erh sheng !


Bon, ce n'est pas non plus la fougue des jeunes pu erh crus, mais je retrouve quand même ici une bonne persistance de cette fraîcheur, cette vitalité que j'apprécie dans les sheng.
Cela donne un vrai relief à ce thé qui développe à côté des arômes très typiques des pu erh cuits.

Très belle découverte !

J'ai fait une petite dizaine d'infusions, j'ai même eu droit à une deuxième bulle en cours de dégustation.
Passée la 5 ou 6ème infusion, il a fallu vraiment allonger les temps, et réchauffer plusieurs fois la théière pour conserver une certaine qualité de liqueur.
La prochaine fois, je finirai par une infusion de plusieurs heures, histoire de voir ce que ça peut donner.

1 commentaire:

Unknown a dit…

j'ai aussi une brique de cette manufacture, un vrai plaisir également et surtout, très peu compressée également (a mon avis une caractéristique de la manufacture).